vendredi 17 novembre 2017

Week-end à Charlenriville


Je devenais folle quelques jours auparavant, à imaginer le pire et à m’enfoncer moi-même dans mes propres craintes, rageant sur ces temps trop courts que nous passons ensembles, Charles-Henri et moi.
Et puis comme s’il lisait mes pensées (Je ne préfère ne pas soupçonner la possibilité qu’il lise le blog, on avait dit non), il a proposé que nous passions le week-end ensemble. Bon, c’était moins facile que prévu car je travaillais le dimanche et j’avais des tonnes de rendez-vous et de trucs de prévus le lundi, mais on a goupillé un emploi du temps pas dégueulasse : je le rejoignais à Charlhenriville le dimanche en sortant du boulot, on passait la soirée et la nuit ensemble, lundi matin c’était matinée câline, lundi aprem je bouclais mes rendez-vous et  je voyais Mister Perfect qui revenait d’un Trek au Népal (avant de répartir pour un trek en Amérique du Sud), et Charles-Henri nous rejoignait en fin de journée (parce que Mister Perfect lui avait ramené des cymbales de méditation, et que c’était l’occasion de lui faire un bisou). Et de là, Charles-Henri et moi rentrions dans sa colloc pour une deuxième nuit ensemble, et j’avais posé mon mardi matin pour qu’on puisse glaner quelques heures en plus.
C’était un super programme.


Dimanche soir, je sors du boulot complètement vannée (peut-être aussi que mes 2h à la salle de sport le matin m’avaient achevées). Je prends la route, et à mi-chemin, Charles-Henri me téléphone :
- On mange ensemble ce soir ?
- Oui. Enfin j’espère, parce que je n’ai rien prévu d’autre !
- Pas de soucis ! C’était juste pour être sûr ! Bon ben toute la colloc est là, et on t’attend  tous pour le repas !
Panique : Ah ça y est, je vais rencontrer tout le monde genre TOUT LE MONDE ?! Et on va passer la soirée ensemble ?! Et il ne me laisse que 30 min pour me préparer psychologiquement ???
Je suis donc arrivé là-bas comme un petit moineau apeuré.
A peine franchissais-je la porte que Charles-Henri déboulait avec un verre de vin – il commence à me connaitre, ce brave homme. Et puis il m’a aidé à poser mes affaires, et j’ai été à la rencontre d’un tas d’humain empilés en pyjama sur le canapé : le frangin, que j’avais déjà rencontré. Sa copine, que j’avais croisée. Le 3e colloc, ou « my own private dilemna » : un gay qui a brisé le cœur de mon ami Q. et que je suis sensé détester, par pure fidélité amicale – mais pas de bol, c’est un mec très drôle et très sympathique, alors c’est difficile de ne pas l’aimer.
Le vin était extraordinaire (Merci les frangins, de partager le vin – surement très cher – de votre paternel !), et l’alcool m’a aidé à me sentir à l’aise.
Et j’ai passé une super soirée.
Moi qui suis une grosse sauvage asociale, je me suis sentie super bien, enroulée sur mon petit fauteuil, au milieu de la colloc, l’ambiance était détendue, on a parlé, on a rigolé, mais c’était surtout un moment de bien-être et de convivialité : juste être tous ensembles, sous un plaid.
Je pensais que la vie en communauté, c’était pas ma tasse de thé.
Je pensais que des collocs, surtout après une semaine épuisante, c’était l’enfer.
Eh bien pas du tout !

Il m'avouera plus tard sur le ton de la conversation : « Tu n'es vraiment pas facile à décrire. Lorsque j'ai voulu parler de toi à mon frère et à mon colloc, j'ai dit "Alors Mademoiselle B. est.... Heuuu.... Végétarienne.... Et elle adore la Junk Food. Elle aime beaucoup lire.... Et regarder du catch.... Pfffffff..... Deal with it !" ».

Ensuite ils ont proposés qu’on regarde un film ensemble, et j’ai préférée être honnête : moi l’extraterrestre, je ne suis pas du tout TV. Et en plus j’ai pas mal de trucs à lire pour le taf. Et en plus mon livre est bien et je veux savoir la suite. 
Ça embêtait Charles Henri qu’on « cloisonne ».
Finalement, je pense avoir trouvé la bonne solution : j’ai ramené mon livre, et je me suis installée avec eux, lisant pendant qu’ils regardaient « Le Hobbit ». 
Mais au bout d’une demi-heure, Le Frangin, qui sortait d’une garde épuisante, est allé se coucher avec sa copine, et Le Colloc l’a suivi peu de temps après. Charles-Henri et moi avons eu le canapé pour nous tout seul, et on s’est empilé tous les deux, moi lisant, et lui regardant d’un œil distrait le film. Et quelques dizaines de minutes plus tard, nous sommes nous aussi parti nous coucher.
Et finalement, j’ai trouvé ça agréable de savoir qu’on était si nombreux dans l’appartement : on se sent en sécurité… Même si, forcément, il faut être nettement plus discret
Nous avons fait l’amour silencieusement, un petit « coup pour l’échauffement », car comme nous ne nous étions pas vu depuis longtemps, ça a été très court.
J’ai assez mal dormi ensuite, et la valse des 3 collocs à 7h du mat’ dans la salle de bain m’a réveillée 
« C’est la copine de ton frangin qui se sèche les cheveux ultra longtemps comme ça ? Elle a pourtant pas les cheveux si longs ! » 
« Non c’est mon colloc gay, pourquoi ? »

Je me suis rendormie, et, plus tard, nous avons refait l’amour avant de nous lever (c’était encore maladroit, mais ça allait mieux), et de prendre une douche. Nous avons petit déjeuner tranquillement, puis nous nous sommes vautrés sur le canapé, moi lisant mon livre, lui lisant des revues médicales, et lâchant parfois des remarques du genre « Un philosophe qui parle de médecine, pffff, n’importe quoi !! ».
Jusqu’à ce que, prise d’une autre envie que celle de la lecture, je commence à caresser Charles-Henri de manière très explicite. Nous avons fini dans la chambre, et cette fois nous avons vraiment fait l’amour. Et comme j’étais très excitée, je lui ai demandé de me toucher un peu, et il m’a à peine effleuré que je me répandais dans un orgasme bruyant et bienheureux.
J’ai rejoint Copine#1 dans un état de béatitude extatique, et nous sommes allés nous promener ensemble.
J’ai enchainés mes rdv, pour ensuite retrouver Mister Perfect qui faisait plaisir à voir, équilibré et heureux, et qui a réussi à synchroniser ses sentiments avec sa copine actuelle (ce qui n’était pas gagné, mais visiblement, il fallait qu’il parte au bout du monde pour ça)
Charles-Henri nous a rejoints quelques heures plus tard, et nous avons passés un super bon moment. Lorsque Mister Perfect est parti, Charles-Henri et moi sommes rentrés tranquillement, main dans la main, en échangeant sur nos goûts musicaux, entre autres.
Dans la discussion, nous avons réalisé que nous avions été, lorsque nous étions petits, au même club de gym. Si nous nous sommes croisés, nous n'en avons pas le souvenir (nous devions avoir 6 ou 7 ans l'un et l'autre). Mais nous étions assez sidérés de cette découverte.
Je me suis dit que si un jour nous allons vraiment plus loin ensemble, peut-être que nos parents se connaîtront déjà, d'avoir discuté dans un vestiaire de club de sport il y a vingt-cinq ans. Ça serait assez drôle.

Arrivés chez lui, nous avons préparés le repas en sirotant une bouteille de vin – mon Dieu, la cave des Charles-Henri, c’est le paradis ! C'est plus ou moins à ce moment-là que Colloc Gay est rentré, particulièrement démoralisé : il revenait d'un rencard avec un ex toujours amoureux de lui, à ne pas savoir quoi penser et ce qu'il veut. Nous lui avons servi un verre et avons mangés ensembles, en tentant du mieux possible de lui remonter le moral. Ambiance paisible et agréable.
Cette vie en colloc a un côté vraiment très sympa, très humain et bienveillant.

Puis Charles-Henri et moi avons été nous allonger dans sa chambre, au son d'un vinyle de Gainsbourg. J’ai noté scrupuleusement ce que j’avais échangé avec ma psy lors du rendez-vous de l’après-midi (mon petit exercice chaque fois que j’en sors, afin de m’aider à intégrer ce qu’on s’est dit), avant de somnoler, mon visage contre sa chaleur, mon nez contre sa peau, dans cette ambiance si sereine et tellement différente de ce que j'ai l'habitude. Je me sentais incroyablement bien (Peut-être aussi un peu grâce au très bon vin rouge des Charles-Henri,  qui tapait assez fort mine de rien).
Et puis le disque s'est fini. Charles-Henri est parti se brosser les dents et je l'ai suivi en titubant. De retour dans la chambre, je me suis déshabillé, sous son regard attentif :
« C'est agréable aussi, de te regarder te déshabiller… Ça m'émeut ».
Nous avons fait l'amour, cette fois sans mettre de capotes - ce qui était un poil présomptueux de notre part, puisque j'avais reçu mes résultats d'analyses, mais que je ne les avais pas ouverts. Charles-Henri a passé un bon moment, moi je suis resté en carafe (comme trop souvent), et au bout de 5min où il a bien senti que je faisais la gueule, il a voulu se rattraper. Mais je l'ai rembarré avec mauvaise humeur : « Non mais là c’est trop tard, c’est mort ».

Malgré tout, j’ai passé une super nuit, et j’ai dormi comme un loir. A tel point qu’à mon réveil, Charles-Henri de m’embrasser et de chuchoter : « Meuf… T’as ronflé »
« Quoi ?! Mais non ! Mais enfin c’est pas possible ! C’était pas moi ! »
Il rigole. Et m’explique avec moults détails que j’ai produit un son tout à fait étrange et presque sourd, à tel point qu’il s’est demandé d’où ça venait : si c’était genre une canalisation qui lâchait ou un bruit qui venait de chez les voisins. Il a fini par poser sa main sur mon ventre, ce qui lui a permis de déterminer que ça venait effectivement de moi. Et de conclure « Ce n’était pas vraiment un ronflement, plutôt une sorte de ronronnement ininterrompu. Oui, c’est ça, tu ronronnes en dormant ! ».
*Grommelle Grommelle*
Puis nous avons refait l’amour, et il m’a fait la même que la veille au soir. Il a tout de même dit « La prochaine fois, faudra vraiment que je m'occupe de toi ! ».
« Ah ben oui, je suis d'accord ! ».
Hum, il va vraiment falloir que je l'éduque...

J'ai également pris mon courage à deux mains pour lui confier ce qui me tracasse le plus à propos de nous :
- Tu sais, une fois tu m'as dit que tu avais passé deux ans et demi avec ton ex, tout en sachant que tu ne voulais pas d'avenir avec elle… ? S’il te plait, ne me fais jamais ça : Si tu ne te vois pas d'avenir avec moi, ne me le dis pas dans un an
- Mais on a le temps, non ?
- C'est pas ce que je veux dire. Ce que je veux dire c'est que je ne veux pas que tu restes avec-moi si tu ne vois pas d'avenir. J'ai été vraiment effrayé par ce que tu m'as dit de ta précédente relation
- Nous avions de l'attachement l’un pour l’autre, tout de même…
- Je n'en doute pas ! ... Et j'espère pour vous. Mais c'est surtout que... Voilà, ne me balance pas dans un an ou plus qu'en fait, tu n'as jamais rien voulu avec moi.
Il a eu un petit silence songeur, puis m'a dit « Ok, j'ai compris ! »

Copine#1 a bondit lorsque je lui ai raconté : « Il a compris quoi, au juste ? Il a reformulé ?! Comment on est sûre qu'il a compris ce qu'on voulait qu'il comprenne ?! Tu aurais dû lui faire reformuler ! »
Moui, bon…
En tout cas, je suis soulagée de lui avoir dit, je me sens plus légère. Je réalise que c’est vraiment mon mode de fonctionnement : j’ai besoin d’exprimer à l’autre ce qui me tracasse, comme si je lui donnais la responsabilité de porter ce souci à ma place.

Puis le matin nous avons profité des quelques heures avant de nous séparer, répétant régulièrement l'un et l'autre « C'était vraiment super de passer autant de temps ensemble ! ».
On a petit déjeuné, puis on s’est posé sur le canapé, l’un contre l’autre. Un quart d'heure avant que je parte, il dit : « Ok, allez, on a 15 min. Je veux refaire l'amour avec toi ».
J’ai trouvé ça très drôle et pas du tout, mais alors pas du tout sexy. Mais qu’importe, parce que finalement j’ai toujours envie de lui.
Alors nous nous sommes déshabillés rapidement, dans une attitude complètement fonctionnelle, et nous avons refait l’amour une dernière fois.
Avant que je reparte, son odeur sur moi, et la chaleur de ses mains encore dans mes cheveux...

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