mercredi 25 avril 2018

S'apercevoir qu'on a perdu une amitié

Lors de mon bilan de fin d'année, je parlais de mon ami Mathieu, pour qui j'avais beaucoup d'affection, d'amitié, et dont je déplorai l'éloignement.
Cet éloignement est bien réel depuis de nombreux mois, et je suis passée par différentes phases (colère, tristesse, mises au point avec lui,...). En essayant de ne pas être amère, je nous ai trouvé des excuses : il y a aussi des hauts et des bas en amitié, lorsqu'on se voit, c'est comme si on ne s'était jamais quittés, c'est juste une période. C'est d'ailleurs ce qu'il avancait lui aussi lorsqu'on en parlait.
Oui, sauf que...

Cette période commence à durer depuis longtemps, malgré mes tentatives de renouer les liens.
Oui, sauf que....
Lorsque j'ai eu besoin de mes amis en décembre et janvier, lorsque j'étais au plus mal, il était aux abonnés absents.
Oui, sauf que...
Lorsque j'ai été à son anniversaire, et que j'ai été incapable de me mêler aux gens, il ne m'a pas vraiment accueillit.... « La chambre d'ami n'est pas prête, tu ne peux pas rester ». Un ami te dit-il vraiment « Ecoute, tu t'es fait larguer il y a une semaine, je vois que tu es dévastée, en larmes et incapable de tenir debout, mais comme je n'ai pas envie de déplier le lit, je te suggère de reprendre ta voiture et de faire les 70 km jusqu'à chez toi » ?
Je me suis excusée, et il m'a juste dit « Je ne t'en veux pas ». C'était étrange ce « Je ne t'en veux pas ». Même dans mon état, ça m'a fait tiquer. 
Mais je me suis dit que c'était juste une formulation maladroite.
Vers noël, il m'a envoyé un message « J'ai du travail, mais je t'appelle après les fêtes ».
Nous sommes mi-mars, et je n'ai eu aucun appel. Certes, j'aurais pu appeler à mon tour ; mais j'étais dans cette phase où je me sentais tellement inutile et bourrée de tristesse que j'étais incapable de faire quoi que ce soit. Et puis appeler pour dire quoi ? Je me disais que j'allais rabâcher les mêmes choses, et embêter tout le monde avec mon cœur brisé.
J'ai juste eu un message Facebook courant janvier, une photo de ses vacances. Sans légende, rien. Des vacances où il m'avait dit « On a une place, la 4e personne qui devait partir avec nous ne viens plus, finalement ». Mais ils ont préféré partir à 3 plutôt qu'avec moi. (Pourquoi m'en avoir parlé, alors ?!)
Bref, je me suis sentie déçue, mais le genre de déception qui s'installe, qui continue ; le genre de déception amère « Oui bon ben voilà, on continue à s'éloigner ».

Et puis mi-mars, j'ai eu un appel de Mister Perfect, juste avant son départ de plusieurs mois au Canada. Dans la conversation, il m'a raconté qu'il avait vu Mathieu avant de partir, mais que clairement, c'était déception sur déception, que Mathieu semblait s'en foutre complètement de le voir ou non, et de son départ imminent. Il a eu le sentiment de perdre son temps, et il a regretté d'y être allé.
Et il ajoute, écœuré : « Et il m'a parlé de toi. Disant qu'il ne prenait pas de nouvelles, et ne voulait pas te voir, parce que tu vas mal, et qu'il n'a pas envie que tu viennes pleurer chez lui, ou que tu viennes lui miner l'ambiance ».

Ouch.

Ca fait mal.

Plusieurs pensées m'ont traversé l’esprit :
Une très grande peine, déjà « Alors c'est ça que mon ami pense de moi ? »
De l'amertume « Et dire que moi j'ai été là pour lui chaque fois qu'il en a eu besoin ».
Du soulagement « Heureusement que j'apprends ça maintenant ; si je l'avais su il y a deux mois, je me serais foutu en l'air ».
De vicieuses interrogations : « Est-ce que je suis une copine-boulet ? Est-ce que je suis un poids pour mes amis ? »
Et puis de la colère « Les amis ne sont pas censés penser ce genre de choses ! Les amis sont censés être là pour t'épauler quand ça ne va pas ! »

J'avais déjà eu ce léger sentiment que j'étais une copine acceptable seulement lorsque j'étais prête à sortir, boire et être la reine de la nuit. Mais je ne voulais pas y croire – « Non, lui c'est un ami, un vrai, je ne dois pas douter de lui ».
Finalement, mon impression était la bonne : être là pour faire bonne figure et rigoler, ou rester chez moi jusqu'à ce que ça aille mieux.
Ce n'est pas comme ça que j'envisage l'amitié.
Et ce n'est certes pas comme ça que je me suis attachée à agir avec lui - ou avec mes amis, quel qu'ils soient. Mais je n'ai pas voulu compter les points : oui, j'ai été là chaque fois qu'il s'est séparé, chaque fois que ça n'allait pas, et je ne regrette rien. Si je devais le refaire aujourd'hui, je le referai sans hésiter, même en sachant que ça n'a pas entériné une amitié pour autant.
Et ça me parait être le plus important.
Toutefois, je vais arrêter d'avoir des attentes à son propos.
Laisser s'installer cet éloignement contre lequel je me battais jusqu'à présent.
Et peut-être, lorsque je serai moins blessée, lui faire savoir que cette phrase était douloureuse (même si je n'étais pas censée l'apprendre - mais hé, dire ce genre de choses à l'un de mes meilleur ami, c'est tout de même se douter que ça pourrait fuiter non ?!)

Je suppose que les épreuves qu’on traverse nous permettent aussi de voir qui sont les gens sur qui on peut réellement compter.

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