lundi 16 avril 2018

Mon premier cours de Boxe Thaï / My Best Saint Valentin Ever

J’en parlais le 14 février : J’ai voulu tenter un cours de Boxe Thaï.


Comment m’est venue cette idée ?
Comme beaucoup de mes idées grandioses… je ne sais pas trop. C’est un peu un mix de plusieurs choses : la lecture d’un article sur le Krav Maga, qui m’a fait me rappeler que, depuis très longtemps, je voulais prendre des cours de Self-Défense. J’ai été regarder ce qui existait dans ma ville, j’ai vu des cours de Krav Maga spécialement conçu pour les femmes, j’ai trouvé ça trop génial, mais les horaires (et les tarifs) ne m’arrangeaient pas du tout. 
Je me suis ensuite souvenu qu’à côté de ma salle de sport, il y avait une salle de quelque chose, un endroit avec un ring, des sacs de frappe, un mannequin à taper, et des mecs qui criaient. 
« Banco, me dis-je, ça ressemble à ce que je veux essayer ! »
J’ai mené mon enquête, et j’ai donc découvert que c’était une salle de Boxe Thaï. Je me suis dit, surexcitée « Génial ! Maintenant que j’ai fait une initiation de Pole Dance et que ça n'a rien à voir avec la choucroute, je vais faire une initiation de Boxe Thaï !! C’est une SUPER idée ! ».
(Une partie de moi se disait tout de même « Je risque très fort de regretter cette idée. Je vais mourir »).

J’en ai donc parlé à Copine#1, en la prévenant par avance que j’avais encore eu une de mes légendaires lubies, et qu’elle allait détester l’idée.
Elle m’a juste jeté un regard par en dessous, clairement désapprobateur mais étonnamment dénué de surprise.
Et…. Pourquoi ?
Je lui sors mon baratin, et lui dit que c’est juste pour essayer, et j’ajoute « J’aimerai sortir de ma zone de confort ! ».
Elle répond posément :
Tu sais que tu n’es pas obligé de te faire tabasser pour  « sortir de ta zone de confort »,  n’est-ce pas ?

Evidemment, je n’ai pas démordu de mon idée, et je l’ai même amélioré, en prévoyant de faire cette initiation le 14 février : aller taper en toute légitimité sur des mecs pour la Saint Valentin, sérieux, c’est pas une idée de génie ça ?!

Eh bien c’en était une !!! C’était une putain d’idée de génie !!

Je me suis arrangée avec une des coach du Club, appelons-là Jakeline [parfois j'aimerais tellement vous expliquer comment je trouve les surnoms des gens que je rencontre, c'est tellement drôle à faire, et parfois si facile] , que j’ai croisé un jour en allant au sport. Elle m’a regardé de haut en bas, et m’a dit « Ok, tu me préviens le jour où tu y vas, comme ça je viendrais avec toi ».
J’ai supposé qu’elle ne voulait pas me laisser seule avec plein de bonhommes et qu’elle essayait de sauver ma vie de meuf de 50 kilos et demi.
Finalement, le 14/02, elle n’a pas pu venir, mais m’a laissé un message « Je te laisse aux bons soins de Laëtitia, c’est la pro du Club, elle prendra soin de toi ».
Traduction :
« Les bons soins » : elle va te maraver en te disant « je ne tape pas fort »
« La pro » : elle est genre championne Nationale de Boxe Thaï, ou un truc du genre. C’est la Badass du Club quoi.
Mais je ne le savais pas encore lorsqu’elle m’a rejoint aux vestiaires, souriante et agréable, pas beaucoup plus grande que moi. Je me suis dit « Hé, elle a l'air chou ! »
Quand elle a enlevé ses fringues (Laetitia n’est pas pudique, je connais toute son intimité et c’était la première fois que je la voyais), j’ai commencé à comprendre : j’ai vu la taille de ses épaules, le développement ahurissant de ses trapèzes, et la circonférence de ses biceps.
Wow.
Okay.
Une fille comme je les aime.
Qui est d’ailleurs Plombière/Chauffagiste.
#FéminismePowa.
J’ai grave kiffé Laetitia.

Je suis arrivée dans la salle, qui sentait la sueur et le mec. On était 6 ou 7, le coach m’a prise à part pour me montrer comment donner les coups principaux : directs, crochets, uppercut, puis les coups de pieds, et les coups de genoux.
Et puis il m’a dit « Vas-y, frappe moi »
Oh ? Okay.
Il a corrigé mes positions, il m’a dit « Ah ouais, tu as de la force quand même ! », et il m’a montré d’autres mouvements.

Ensuite le coach a été se tataner avec d’autres mecs, et m’a mis face à un mannequin. Très précisément celui-ci :


Il m’a dit : « Vas-y, entraine toi, et tape lui dessus ».
J’ai donc regardé la tête de ce bonhomme très méchamment, et je lui ai tapé dessus pendant… Je ne sais pas… 20 min je pense.
Pendant ce temps, les autres mecs étaient en train de bourrer dans le sac de frappe, deux autres en train de se taper dessus, pendant que deux dans le ring étaient en train de gueuler, l’un avec des paos « Vas-yyyyyyyyyy, donne tout ce que t’as !! », et l’autre qui lui rentrait dedans en hurlant => il donnait grave tout ce qu’il avait.
Eh ben rien que ça, ça m’a fait un bien fou : J’ai clairement senti qu’on canalisait tous ensemble. Comme une grande communion spirituelle.. Mais en beuglant et en se tapant dessus.
Le type qui avait tout donné est ressorti du ring rouge et dégoulinant de sueur, et d’une voix douce et posée, il m’a dit « Ils sont beaux, tes coups de pieds »
(Il avait canalisé)

Alors je ne nierai pas qu’être entouré de mecs baraqués, barbus, tatoués et à moitié nus, ruisselant de sueur et poussant des cris de bêtes, c’était pas un peu sexy quand même.
Sauf que, comme je suis toujours en mode « Les mecs sont tous des putains de salauds », il suffisait que je me dise qu’ils étaient un peu sexy, pour avoir une flambée de rage « Mais c’est des sales mecs ». Et je cognais le mannequin, qu’avec un peu d’imagination et sans mes lunettes, j’imaginais être mon ex.
Comme dirait ma mère « Allez les mecs, c'est cadeau pour l'ensemble de votre oeuvre ! » 

D’ailleurs, un incident est venu me convaincre que je devais persévérer : un type est venu se poster à la porte de la salle. Une allure cradingue, un regard tellement malsain que, rien que lorsqu’il pose les yeux sur toi, tu te sens sale [que la fille qui n’a jamais rencontré ce genre de regard lève la main]. Un des types est venu lui parler, et le mec, en me fixant et en suçant ses doigts, a dit « Héhé, là, je n’en peux plus ».
J’étais très énervée. Je me sentais sali, et surtout, je me suis dit « Putain, c’est pour ça que je dois apprendre à me défendre. Pour être capable de foutre une branlée à tous ces prédateurs en puissance, et ne plus jamais avoir peur des mecs, ne plus avoir peur de me promener seule, ne plus craindre d’être dehors la nuit. Ne plus être vue comme cette petite fille fragile, si gentille comme disait Charles-Henri, maudit soit-il. Non, que sous les apparences de sensibilité se cache une lionne ! ».
[Mais un jour, je réaliserai sans doute que savoir rendre les coups n'empêche pas d'être blessée...]

Quand j’ai eu fini de tabasser le mannequin (les mecs ont dû venir le remettre en place deux fois parce que je lui avais tellement tapé dessus qu’il s’était déplacé de deux bons mètres), le coach était plutôt content. Du coup il m’a proposé de faire un « Sparing » avec un mec (a.k.a une espèce d’échanges de coups sans protections). Le type a voulu faire le malin : « Vas-y, ne retiens pas tes coups, ça va aller ! »
Oh ? Okay.
Je lui ai donc tapé dessus.
C’était plutôt drôle parce que le mec n’osait trop rien dire (vu qu’il m’avait dit de ne pas retenir mes coups), mais régulièrement il grimaçait et disait « Oh, il était beau celui-là ! ». Jusqu’à ce qu’il tourne la tête « Hé, coach, on a une vraie future boxeuse là ! », et j’ai gueulé « T’as baissé ta garde ! » en lui flanquant un beau direct. Il a reculé de trois pas, un peu sonné, et, j’avoue, j’ai kiffé.

Ensuite j’ai fait la même avec Laetitia, qui n’a pas fait la maline, qui m’a appris des trucs, et qui ne m’a pas laissé taper pour taper.
Et qui m’a fait mal.
Parce que même quand elle « tape pas fort »… Elle tape fort.
(C'est grave mon héroïne cette fille)

Le cours s’est terminé, j’étais totalement claquée, et je me sentais hyper détendue. On s’est étiré, la moitié des mecs était déjà repartis, il restait Laetitia, Le coach, le mec que j’avais à moitié assommé, et moi. Et là, en fait, c’était le moment « Cosy-Confort-Confidences » : de façon totalement inattendu le type s’est mis à raconter qu’il venait de quitter sa copine, et les deux autres de s’enflammer : « Haaaan, mais enfin ! Depuis le temps qu’on te dit qu’elle te fait du mal !!! Encore la semaine dernière, vu ce qu’elle t’a fait…». 
Ah ouais. Ok, d’accord, donc on se tape dessus, on cri, on sue… Et ensuite on se raconte nos vies parce qu’on est des mecs sensibles ?!
Attends, je kiffe !
Je suis retournée au vestiaire, Laetitia s’est foutu totalement à poil devant moi pour aller prendre sa douche en laissant la porte ouverte tranquillou, et je suis repartie.

Je me sentais à la fois euphorique, et crevée, et détendue. Je me sentais putain de bien.
Pendant tout le trajet en voiture, je réfléchissais : il y a un mot pour ce que je ressens, il y a un mot qui définit exactement mon état d’esprit… Attends…. Attends…. C’est un mot en G….. Attends…..
J’ai passé le seuil de ma maison, après avoir croisé ma gentille voisine d’à côté (à 22h, normal, mais c’était cool), et ça m’est revenu façon pop-up :
Putain… Je me sens GALVANISÉE.

Best Saint Valentin Ever.
Je l’avais dit.
Fatalement, le lendemain matin...

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