Hector, l'éternel (désespérant) retour

Je n'ai pas beaucoup d'estime pour les suites. On pourrait parler de ces films qui ont pléthore de suites (au hasard : 8), où le scénario tient à presque rien, et où le projet est surtout masturbatoire (filles, bagnoles, biceps, flingues). (J'ai besoin d'ajouter un titre ou c'est bon, tout le monde voit ?)

Et donc Hector, on pensait ne plus en attendre parler, à tout jamais.

C'était du moins mon intention.

Parce que ça fait deux ans, tout de même. 

Sauf qu'en deux ans, il n'a jamais jeté l'éponge. Il m'a réécrit, plusieurs fois. Alors ça ressemblait à des suites merdiques, et je n'ai jamais pris la peine d'en reparler, ni même de vraiment faire attention à tout ça.

Sauf qu'après Julien, la moindre intrusion dans ma vie devient insupportable.

Et que lorsque j'ai reçu : 

J'ai juste pété une pile.

Ça fait 2 ans que j'ai bloqué son numéro, et il le sait (je pense qu'il essai tout de même, de temps en temps). J'ai arrêté de répondre aux mails qu'il m'envoyait régulièrement (je dirais un par mois, depuis deux ans), puisque de toute façon, il ne veut rien entendre : j'ai essayé gentiment de lui dire d'arrêter de me contacter, puis avec colère, avec menace, avec politesse, peu importe : ça ne marche pas. 
Alors je ne répond plus.

J'ai refusé sa demande d'amis sur FB, mais il a tout de même envoyé un message sur Messenger - que j'ai supprimé.

Et donc là il revient par mail avec ce message un peu guindé - clairement le gars, je le sors par la porte, il rentre par la fenêtre.

Et il ne pige rien.

On dirait...

On dirait Julien, en fait.

Et là je réalise qu'il y a vachement de similitudes. Et ça me fout un peu les jetons. Et puis ça me fout en colère, surtout. Ils ne peuvent pas me laisser tranquilles, ces deux cons ?! Non, c'est non, c'est quoi le problème ?!

J'ai longuement réfléchi à ma réponse, et j'ai choisi le plus simple, le plus direct, le plus poli et ce qui ne laissait aucune accroche possible. (Du moins l'espérais-je) 

Mais en fait je ne sais pas ce que veut Hector. Revenir ? Ou se fritter avec moi ? Je me demande s'il bande de chercher la bagarre avec quelqu'un, ou s'il passe le temps.

Parce qu'évidement, il n'a pas tenu compte de ma demande, et a enchaîné :

« Pourquoi es tu comme ca? qu'est ce que je t'ais fais? je sais que j'ai été vache, mais je voudrais t'expliquer »

J'aurais dû m'arrêter là, et ne pas ouvrir le dialogue.

Mais je pensais encore lui faire entendre raison, et que les choses se passent proprement. 

Alors je suis entré dans le dialogue, imbécile que je suis.

« Tes explications ne m'intéressent pas, ça fait deux ans, tout ça est passé depuis longtemps. Je n'ai rien à te dire, et je ne souhaite pas te revoir. J'ai refait ma vie et tu n'en fais plus parti. Ce qu'on a partagé, quoi que c'était, est terminé, et je n'ai aucune nostalgie à ce sujet. 

Je suis "comme ça" parce que j'ai tourné la page, et que j'aimerai que tu respectes le fait que je ne souhaite plus communiquer avec toi.  

Sauf que j'ai beau te dire non, te bloquer, arrêter de te répondre, tu t'obstines ; métaphoriquement, j'ai le sentiment que si je te sors par la porte, tu rentres par la fenêtre. Je te suggère de te demander pourquoi tu continue à harceler une personne qui te dit non. C'est anxiogène, désespérant et insupportable. »

« L exaggeration. J'ai de très bonnes raisons mais tu t'en moques. 

Au final ça aura depuis le début été là même chose. tu m'as dis des le début que tu ne voulais pas de relation. Désolé d'avoir eu des sentiments »

Je suis ulcéré qu'il ose se moquer de mes ressentis ; c'est comme s'il niait ce qu'il provoque en moi, et ça me fiche en rage.

De plus, il me semble qu'un type qui insiste alors qu'une fille dit non (... depuis 2 ans), c'est effectivement une bonne définition du harcèlement.

On le retrouve également avec brio dans ce rôle de drama queen qu'il affectionne tant dès que les choses ne vont pas dans son sens (et que je décide d'ignorer, même si ça me fait lever les yeux au ciel)

« Oui, je m'en moque : Ça fait 2 ans. C'est très loin, il s'est passé des millions de choses depuis dans ma vie, et je ne vois pas l’intérêt de déterrer tout ça.

Et en effet, je t'ai dit les choses dès le début. Et je continue de les dire. Pour toi c'est exagéré, mais je te dis les choses comme je les vis, et je vis ça comme du harcèlement.

Je ne te reproches pas d'avoir eu des sentiments, là n'est pas la question, je ne te juge pas. En revanche je te reproche de ne pas savoir tourner la page. Ce qui s'est passé il y a deux ans est passé, point barre. C'est fini, terminé, et il n'y aura plus jamais rien entre nous. C'est tout. »

Peut-être que j'aurais dû répondre « Je t'emmerde », plutôt que de continuer le dialogue ?

Il enchaîne :

« J'ai pas dis que je voulais revivre qlq chose avec toi que je sache »

Je saute sur l'occasion : 

« Bon ben très bien, fin de la conversation alors, je ne vois pas où est le problème dans ce cas. »

« Personne n'a parlé de problème a part toi. Je t'ai juste demandé si on pouvait parler »

 « D'accord, donc non, je ne souhaite pas parler avec toi. »

« Ça j'avais cru comprendre au vu de ton agréable attitude »

Là aussi, j'aurais juste dû m'arrêter sur un "Je t'emmerde", ou "Va te faire foutre". Mais non, je crois encore que je suis à deux doigts de le convaincre de me laisser tranquille pour toujours, grâce à la force de la rhétorique !

« Alors laisse moi tranquille. Arrête d'insister, d'évoquer tes sentiments passé ou que sais je. Je veux juste que tu arrêtes de me contacter et que tu me laisse en paix. »

(Je suis une grande naïve)

« J'ai parlé du passé a cause de ce que t'as écris. Mon premier mail était clair. Il suffisait juste que tu répondes simplement »

C'en est presque drôle. J'ai le sentiment de basculer dans une situation burlesque - et je me demande vraiment s'il est sérieux, tellement c'est absurde.

« J'ai répondu à ton premier mail :

Non.

S'il te plait, arrête d'essayer de me contacter.

J'ai répondu clairement et simplement, il me semble. »

« sans souci madame j'ai compris. 

je ne mets pas de forme de politesse, a quoi bon vu le ton.

je suis resté poli, soft, mais bon, a quoi bon discuter ou surtout chercher a comprendre... 

ne t'en fais pas, j'ai compris, désolé d'avoir pu croire un instant que l'on pourrait discuter »

Là, c'est LA, pile ICI que j'aurais dû arrêter de répondre.

Mais je craignais qu'il ne me réécrive plus tard, encore, en mode "la dernière fois tu étais énervé...". 

« Un refus n'est pas une impolitesse. Je ne souhaite pas discuter avec toi et je te le fais savoir, rien de plus. Je ne t'ai pas insulté, il me semble.

Tu ne comprends pas, et moi je ne comprends pas ce que tu ne comprends pas : on s'est quitté en mauvais termes, on ne partageait pas spécialement de points communs, on n'était pas sur la même longueur d'ondes, et on n'a plus rien à se dire. »

« oui c'etait si affreux d'etre avec moi que ca a durée 6 mois... 

enfin t'etais clair, c'etait que le cul, les sentiments de ton coté... bref

ton ton agacé se lit dans tes mails, je ne parle pas d'impolitesse mais de politesse... entre le noir et le blanc il y a des grades, donc je disais juste que je ne mettrais pas de politesse ca ne veut pas dire que je serai impoli pour autant... tout n'est pas binaire

je te laisse me repondre une derniere fois que tu ais le dernier mot qu'il te tient a coeur d'avoir. »

J'ai failli répondre "Mais on est resté ensemble 9 mois, abruti !"... Avant de réaliser que c'est lui qui a raison : Mais oui, on est resté ensemble moins que ça.

Ça alors !

...

Ça m'avait paru plus long.

Je me dis que ce qu'il manque, peut-être, c'est le coup sous la ceinture, pour le vexer pour de bon :

 « Tout est clair depuis le début, en fait. Et tu le sais. Arrête de te faire du mal à retourner au charbon, pour te faire entendre dire les mêmes choses.

Le cul était sympa, baiser comme des sauvages était sympa pendant un temps. Maintenant c'est fini. C'est tout ce que nous partagions.

Tu as ton fin mot.

Maintenant tu peux me laisser tranquille et passer à autre chose. »

« quand je dis que tu veux le dernier mot

qui te dis que j'suis pas passé a autre chose.

je ne me fais pas de mal... oui comme tu dis c'etait sympa et y avait rien d'autre, ca c'est evident, vu que toute facon rien etait envisageable vu que fallait pas te presenter du monde, perturber tes habitudes et autres... bref, j'pique un peu vu que tu me cherches alors que moi je dis rien

quand je t'ai demandé si on pouvait parler, qui t'as dis (a part toi), que c'etait pour parler d'un nous, de nous ou autre

j'avais peut etre envie de conseil sur qlq chose ou un service a te demander, ou ... plein d'autres choses, je liste volontairement pas tout ca sert a rien

donc tu t'es fais tes films, c'est bien, pas de souci, je te demanderais rien, ni ne t'informerais de chose qui aurait pu te concerner/t'intéresser/t'avertir...  »

Cette fois j'ai lâché l'affaire. 

Je me suis dit que je pouvais ajouter, comme pour enfoncer le clou : « Je ne veux aucun de tes conseils ou de tes informations, je ne veux rien qui vienne de toi ».

Mais en réalité, il aurait rebondi à nouveau. 

J'aurais pu aussi décider d'être méchante, et dire « Tu es pathétique ». Parce que c'est tout ce que son dernier message m'a donné comme impression.

Mais c'est inutile.

Je crois que je ne parviendrais jamais à enfoncer le clou. Du moins tant qu'il n'aura pas lui même décidé de tourner la page, et de me laisser tranquille. Tant qu'il n'aura pas trouvé quelqu'un d'autre, peut-être.

J'ai envisagé de porter plainte. Pas tant pour aller au bout d'une procédure que pour lui montrer que je veux vraiment qu'il me laisse tranquille. Une sorte de "rappel des parents" pour calmer l'enfant qui va trop loin et qui ne s'en rend même pas compte.

Ce qui m'embête, c'est que, dans ce contexte de féminicides et de post #Metoo où tout le monde se saute à la gorge à propos de violences physiques, moi j'arriverai au poste pour dire « Mon ex m'envoie des mails depuis deux ans ».

J'avoue, il y a de quoi me rire au nez.

Hector n'est jamais venu faire un scandale à mon travail, il ne sait pas où j'habite désormais, il n'essaie pas d'être violent. Il essaie juste de me parler, et de me convaincre de... je ne sais pas, d'ailleurs.

Ma plainte n'est pas légitime, du moins pas dans la société où nous vivons.

Et, certes, ma soudaine peur panique est surtout dû à la similitude (en moins pire) de ce dialogue de sourds avec ce que j'ai vécu avec Julien.

Mais dans l'ensemble, je crois aussi que je dois m'attendre à craindre un "Julien" à chaque rencontres : je garderais toujours cette peur du mec qui vrille, cette terreur que le mec finira par flanquer sa bagnole n'importe où et aille marcher sur l'autoroute. 

Bref.

J'ai voulu relire et compter les fois où Hector a tenté de revenir - très mauvaise idée ! J'avais oublié tout ce qui s'était passé, tout les dialogues et pseudo-négociations qu'il y a eu pendant et après notre relation. A quel point toute cette histoire était idiote et malsaine. Je suis retombé sur un mail que je lui avais envoyé parce que la veille, il avait voulu me démontrer qu'il pouvait sexuellement me forcer. Je lui explique que c'est idiot, malsain, et dangereux, et que j'ai pas du tout apprécié. Je ne me souviens même pas de ça - c'est d'ailleurs sûrement mieux comme ça !

Je crois qu'il faut que je m'y fasse : Hector est une sorte de mal nécessaire, un jour, peut-être, il passera à autre chose, mais en attendant, je dois faire avec.

... Ou changer d'adresse mail.