A la suite de la nuit que j'ai passé avec Isaac, j'étais dans un état très étrange, à ne plus trop savoir où j'en étais, comme si je retrouvais soudain la lumière du jour, et que je clignais des yeux sans réussir à m'habituer.
Lorsque j'ai raconté l'histoire à Copine#1, et que ma conclusion s'est trouvé être « Est ce que cette nuit était un adieu ? Je ne sais pas, je n'ai pas su formuler ma question », elle a explosé : « Quoi ?! Mais tu ne peux pas me laisser comme ça ! Comment ça "tu ne sais pas" ??? Mais enfin... Tu dois lui demander ! »
Et puis elle a réfléchit, et s'est reprise : « Bon, enfin, non, bien sûr que non, tu fais ce qui est le mieux pour toi. Si tu veux laisser couler, tu le fais, bien sûr ». Et puis elle ajoute : « Pfiou, c'est incroyable, je ne suis pas une éponge d'habitude, mais alors là, cette histoire me met dans tous mes états ! »
Deux jours plus tard, nous faisions une soirée avec les filles, pour fêter mon admissibilité à l'oral, mais aussi l'admissibilité de Copine#2, qui passait le même concours que moi. Je baille ostensiblement pendant le repas.
Copine#3, suspicieuse : Tu as l'air épuisée. C'est quoi l'histoire ?
Moi : Eh bien c'est-à-dire que j'ai passé la nuit chez Isaac...
Copine#2 : Tu as un nouveau keum ???
Moi : No-oooon... C'est pas vraiment ça... Non et puis il est maqué depuis douze ans...
Copine#2 : Tu te lances aussi dans les mecs en couple toi, maintenant ? [Rapport à Copine#1, qui a eu énormément d'amants qui étaient en couple]
Moi : Non, c'est pas ça... C'est le BFF du mec de Copine#1...
Copine#1 : C'est pas vraiment son BFF...
Moi : Oui, bon enfin bref, ça fait des mois que Sylvain essaie de me caser avec Isaac, et voilà, on a monté un traquenard... Qui a étonnament bien marché d'ailleurs, alors que c'était très mal parti...
Copine#1 : Heureusement que j'étais là !
Moi : *je ricane* Attendez, je vous raconte !
***
Moi : Et ensuite, on s'est revu, et c'était assez incroyable, je le place vraiment tout juste en dessous du mec-de-la-salle-de-sport, qui est mon échelle de valeur...
Copine#2 : C'est pas Miguel, l'Absolu ?!
Moi : Non, Miguel est en deuxième position. Le-mec-de-la-salle, c'était vraiment super intense
Copine#3 : Alors du coup Isaac passe carrément avant Miguel ?!
Moi : ...... *Je réfléchis à l'implication de cette nouvelle, et ouvre de grands yeux*.... Bah en fait.... Oui. Truc de fou.
Les filles se regardent entre elles, l'air de dire « Ah ouais, c'est du lourd ». Et puis : « Allez raconte tout ! ! »
Je raconte donc notre nuit : Et j'ai vraiment eu ce sentiment qu'il se donnait, qu'il était dans le don de lui même, intensément
Copine#3 pouffe de rire : On dirait une phrase qu'on trouve sur les étiquettes Yogi Tea !
Les deux autres : Raaaah, chhhhht, laisse la finir !!
Moi : Non ben c'est bon, j'ai fini. Mais c'est une idée ça, je pourrais me lancer dans la vente de thés aphrodisiaques avec des phrases de ce genre sur l'étiquette !
Copine#3 : Tu parles Charles !
Copine#2 : Bon, et maintenant ?
Moi : Eh bien je ne sais pas. Je ne sais pas ce que c'était que cette nuit, on n'en a pas parlé, et je me demande si c'était un adieu
Copine#2 : Il en pense quoi lui ?
Moi : Aucune idée
Copine#2 : Et toi Copine#1, tu le connais un peu, c'est le pote de ton mec. Tu en penses quoi ?
Copine#1 : Aucune idée. C'est super difficile de savoir ce que ce mec pense, je ne sais pas du tout. Tout est possible. ... Ce qui est sûr, c'est qu'il ne quittera jamais sa nana, et la vraie question, c'est de savoir si Mademoiselle B. veut d'un amant occasionnel dans sa vie... Sans attentes et sans en souffrir
Copine#2 : Oui genre quand elle tombera amoureuse...
Moi : Je ne tomberai pas *forcément* amoureuse, hein, on peut aussi envisager cette possibilité ?!
Petit flottement, les filles se regardent, moue dubitative, elles semblent se dire « On lui dit, ou on lui dit pas ? », et puis Copine#2 renchaîne : « D'accord, bon, peu importe, la question reste : qu'est ce que tu veux avec lui ? »
Moi : Très honnêtement, pour l'instant je n'en sais rien. C'était il y a deux jours, j'ai fait deux nuit de 11h de sommeil depuis mais je suis toujours aussi crevée. Je ne sais pas ce qu'il a en tête, et en fait je ne sais même pas si j'ai envie de savoir. Là, tout de suite, je crois que ça me va, de me dire que c'était un adieu. Ya pire, comme adieux ! Je ne suis pas sûre d'avoir envie d'en parler avec lui. Je ne sais pas...
Copine#3 : Écoute, te mets pas la pression ! Juste... Va dormir. Voilà. Et tu verras plus tard.
Et puis 4 jours plus tard, j'étais en week-end, à faire des fiches de révisions chez moi, et Copine#1 de m'appeler.
Elle était surexcitée :
- J'ai eu Sylvain au téléphone hier ! Il a eu Isaac au téléphone ! Et figure toi qu'Isaac emploie exactement les mêmes mots que toi pour qualifier votre nuit : il dit qu'il n'a presque jamais ressenti un truc pareil dans sa vie, que c'était une nuit magique, d'une intensité incroyable, et que tu était dans le don de toi-même - "le don de soi", c'est exactement le terme que tu employais à son sujet, non ? La phrase très "Yogi Tea" ?! Vous en aviez parlé ???
- Dis-donc, tu es surexcitée parce que tu n'en pouvais plus de savoir ce qu'il en pensait ?!
- GRAVE ! Et donc ?
- Bon sang cette histoire de téléphone arabe est fascinante, très pratique, mais très moralement contestable. Non, nous n'avons absolument pas "débrieffé" la nuit, et c'est effectivement fou qu'il ai ressenti la même chose, et qu'il emploie les mêmes termes, exactement. C'est... Fou... Et vraiment très beau...
Je suis assez émue, à vrai dire, et je regarde cette sensation se déverser dans tout mon corps.
- Et donc il a dit à Sylvain qu'il était grave prêt à te revoir (mais il te laissera faire le premier pas), si toi tu veux arrêter le truc, ça le rendrait triste mais bien sûr il comprendrait. Et of course ça ne remet pas en cause son couple (n'hésites pas à lui redire, je crois qu'il a besoin d'être rassurée. Les hommes nous prennent vraiment pour des hystériques non ?!), Sylvain dit que de toute façon sa meuf est indéboulonnable (tu sais comment est Sylvain, et puis tellement méprisant des couples monogames, enfin bref), mais voilà.... [elle reprend son souffle]... Tu vas faire quoi ???
- ... Eh bien.... Au vu de toutes ces nouvelles.... Je ne sais toujours pas, en fait... Une partie de moi se mettait en tête que c'était un adieu, et ça devait me convenir parce que c'était une solution sage et prudente.... Mais là maintenant la balle est dans mon camps si je comprend bien...
- C'est ça. La vraie question que tu dois te poser, c'est QUAND tu tomberas amoureuse de lui (parce que tu me la fait pas à moi, hein, on a fait genre l'autre soir avec les filles, mais tu vas tomber amoureuse, on le sait toute les deux [je ne peux pas m'empêcher d'éclater de rire], c'est cousu de fil blanc : tu l'apprécies déjà beaucoup, sexuellement c'est magique, les hormones feront le reste), est-ce que tu pourras gérer ? Est-ce que tu sauras gérer la douleur ?
- Oui, c'est la vraie question
- Tomber amoureuse, ça veut dire en vouloir toujours plus. Tu voudras le voir plus souvent, tu voudras des week-end, tu auras envie de vacances avec lui... Et ce sera impossible. Tu sais qu'il est bien dans son couple, et il y restera
- Et je ne lui demande absolument pas de quitter sa copine. De toute façon même s'il le faisait, ça donnerait quel avenir ? Sa vie de couple, il ne la voit pas "en couple" justement, lui c'est un homme qui a besoin de son chez lui, et qui ne veut pas vivre avec la personne qu'il aime. Ce n'est pas ce que je veux dans ma vie, donc c'est réglé !
- Exact... Bref, la question, c'est finalement : Est-ce que tu es une fille prudente, ou est-ce que tu es une fille qui veut vivre, toi qui ressens les choses à 300%, tout le temps ?
- Elle est pas fair-play ta question... Il y a un an je suis partie au Brésil retrouver un mec avec qui j'avais passé une nuit à la Nouvelle Orléans... Je suis clairement une fille qui vit, et qui ne tolère aucun regret...
- Je crois aussi... Et je trouve ça très beau. A ta place moi je le ferais. Mais laisse toi le temps d'y penser. Choisi entre la prudence et la vie.
J'y ai repensé - sans me mettre la pression, en me laissant le temps.
La prudence ou la vie. La prudence ou vivre l'expérience, se brûler les ailes, vivre vivre vivre sans regrets. 32 ans, pas de mecs, pas de vie amoureuse, pas d'enfants, je suis libre, ma vie est bien remplie, mais sentimentalement aride.... Nous avons ressenti les mêmes choses, avons mis les même mots sur cette nuit, c'est incroyable de vivre la même chose, surtout à ce niveau délirant d'intensité....
Mais c'est vrai que l’atterrissage peut faire mal, le dead end est annoncé dès le départ, mais est-ce que pour autant je saurais le gérer ?
J'y réfléchis, et puis selon Copine#1, la balle est dans mon camps. Ce sera à moi de faire le prochain pas. Je me laisse donc le temps d'y penser.
Sauf que... Le lendemain, je reçois un message :
A moi de choisir.
Bonjour,
RépondreSupprimersi tu te lances dans cette histoire, tu auras donc un sex friends, amant incroyable certes, mais qui ne pourras pas combler totalement tes attentes.
Il faut donc que tu gardes ça l'esprit:si tu te lances dans cette histoire, tu dois continuer parallèlement à chercher l'homme de ta vie. T'en penses tu capable ?
En effet. Pas de vie de couple, pas d'avenir, pas d'espoirs.
SupprimerCela dit... L'homme de ma vie, c'est qui ? Les hommes qui sont passés dans ma vie n'ont-ils pas tous été un peu les hommes de ma vie ? (dans le sens où ça a contribué à ma construction - à ma destruction aussi, parfois... Mais toute destruction amène un renouveau). Je ne crois pas au prince charmant sur son cheval, je ne crois plus à l'amour unique et éternel. Je ne crois pas non plus qu'un homme (ou une femme), quel(le) qu'il(elle) soit, puisse combler toutes les attentes - et c'est sans doute mieux comme ça ! Ce qui n'empêche pas, je te l'accorde, ce retour au point numéro 1 : il n'y a pas d'avenir possible entre nous.
Finalement ma vie avec lui, avec un autre, ou sans personne devrait avoir surtout un seul objectif : celui d'être heureuse et épanouie par mes propres moyens. Les rencontres sont par nature imprévisibles - et j'ai arrêté de vouloir forcer le destin. Donc je ne "cherche" plus depuis longtemps... Mais je reste ouverte aux rencontres.
... Si ça peut répondre à la question :p
J'ai vécu une histoire plus ou moins similaire (18 mois), j'avais déjà eu un petit bon au coeur en lisant le récit de votre nuit. J'avais beau avoir été mise en garde, être consciente que c'était compliqué... je me suis quand même retrouvée le coeur en miettes. A ce stade de votre histoire je serais déjà foutue je pense. Mais j'aime les dernières lignes de ton commentaire ;) vis, tu as bien raison !
RépondreSupprimer18 mois ! C'est une belle histoire tout de même. Je suppose que c'était aussi un homme déjà pris... Qu'est-ce qui a provoqué la fin de l'histoire ?
SupprimerIl y a de toute façon des limites aux armures qu'on arrive à porter dans ce genre de cas (et même dans des histoires moins compliquées, d'ailleurs). Peut-être faut-il juste choisir l'expérience, et ce qu'on regrettera le moins ! ... Du moins c'est comme ça que je finis par penser !
Non, il était trop libre justement ;) au début ça m'allait, je sortais d'un divorce donc l'engagement ne me tentait plus... jusqu'au jour où j'ai appris (mais pas par lui) qu'il partait en voyage en Asie, avec une fille dont je n'avais jamais entendu parler... aux dernières nouvelles, ils sont toujours ensemble.
RépondreSupprimerOuch. C'est dur. Et ne pas l'apprendre par lui, ça n'a pas dû être facile. Ça me fait penser à mes précédentes histoires. Je compatis, j'espère que tu as réussi à te relever...et à essayer de voir les bons souvenirs et les bons cotés au détriment de la fin de l'histoire, qui n'a pas été folichonne.
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