lundi 9 décembre 2019

Femme fontaine


Je devais retrouver Isaac un lundi soir - mon jour de congé habituel, et le jour du début de sa semaine de travail. Je devais arriver à 18h30, et puis il y a eu mon entretien de chaudière qui a duré très longtemps, puis j'ai voulu peindre, puis j'ai voulu avancer dans ma lecture du livre d'Isaac. D'ailleurs entre nous, je me suis procuré son livre totalement en secret, fantasmant par avance le moment où je lui dirais « Ton livre ? Mais je l'ai lu mon amour, d'ailleurs tu veux me le dédicacer ? Quoi ? Comment je l'ai trouvé alors que tu as écrit sous pseudo et que tu ne m'as jamais donné le titre ? Allons ! Je suis juste excellente à dégoter des infos, c'est mon métier ! ». (Dialogue soumis à variation, mais qui se conclu invariablement par lui, fou de désir, qui me fait l'amour immédiatement)
Sauf que son livre est ultra compliqué, qu'il aborde les ressorts sociaux et économiques et historiques de la finance sociale, et qu'au bout de 30 pages, j'ai l'impression de n'avoir rien lu tant je n'y pige que pouic.
Je tairais donc sans doute le fait que j'ai acheté (et lu) son ouvrage, qui se veut un ouvrage de vulgarisation de l'économie sociale pour le grand public [sic].

Bref, j'ai donc levé le nez de ma page 30 avec des larmes dans les yeux après avoir lu 5 fois le même paragraphe (sans être sûre d'y capter grand chose), et j'ai réalisé qu'il était 18h38.

J'ai couru partout pour m'habiller, préparer mes affaires, nourrir et câliner le chat, je suis partie à 19h, et je suis arrivée chez lui à 19h15 en m'excusant platement. Quelqu'un m'avait ouvert en bas, j'ai donc sonné à sa porte directement, et il a ouvert sans y penser, me découvrant là avec la plus grande des surprises « Oh ! Ben tu es là ? ».
Nous nous sommes embrassés longuement, et puis avons mangé, car le repas était prêt « Je pensais que tu arriverais plus tôt », dit-il en s'excusant. 
Donc je m'excuse aussi.
Et il s'excuse à nouveau de sa présomption.
Et je me re-excuse de mon retard.
Finalement on s'attable, on discute. J'ai passé un weekend associatif à Paris d'où je suis revenu très perturbée, ayant côtoyé pendant trois jours des militants vegans aux propos très durs, qui m'ont choqués. Je me suis sentie assez peu à ma place, et j'ai mal vécu ce moment. J'ai beau être en phase avec l'idée du veganisme, je ne supporte pas les jugements à l'emporte pièce... Et malheureusement, j'ai croisé des personnes assez vénères. Je m'en suis ouverte à lui, qui m'a un peu rassuré en me disant que tout les mouvements associatifs, qui plus est lorsqu'il s'agit de rencontres annuels où seuls les plus motivés font le déplacement, ont leurs bénévoles enflammés, qui sont plus royalistes que le roi.

Après le repas, il a voulu me faire découvrir une plateforme de films documentaires qu'il affectionne, et m'a proposé de me parrainer pour un mois gratuit. Nous avons regardé une intervention d'une historienne qu'il aime beaucoup : 
« Ah, tiens, un docu sur les femmes et la guerre, ça devrait te plaire ! », savourant le plaisir de pouvoir nous tenir l'un contre l'autre quelques dizaines de minutes.

Nous discutons ensuite de nos avis sur la vidéo, avant de nous embrasser, comme si soudain il y avait une urgence vitale à faire l'amour tout de suite. Nous prenons tout de même le temps, comme toujours, de nous embrasser, de retirer nos vêtements, de nous caresser longuement, puis il me hisse sur ses hanches, et m'emporte jusqu'à la chambre. 
Nus, nous nous caressons longuement. Je le fais venir avec ma main, il me lèche longuement et me caresse. Je suis complètement perdue, je tremble et je tressaille, et puis, alors que je croyais que je n'arriverais pas au bout tant j'étais trop stimulée, j'explose en un orgasme bruyant. Il me rejoint et me serre contre lui, avant de me caresser à nouveau. Je suis dans un état assez fébrile, à la fois très excitée et absolument épuisée - mais l'excitation l'emporte, et je le caresse à mon tour, le suce, et puis n'y tenant plus, monte sur lui et le prend en moi. Je ne suis plus vraiment moi même, il bouge en moi, j'ai des décharges partout dans le corps, et puis quelque chose est stimulé, sensation étrange dans mon bas ventre...
Je l'entends dire "Mais....?", puis quelques secondes après il jouit, mais lorsqu'on s'effondre l'un sur l'autre, quelque chose s'est passé : nous sommes absolument trempés, le lit est une mare. Isaac est un peu déstabilisé, il rit : « Tu m'as surpris ! ». Moi je ne dis rien, et intérieurement, je panique : Que s'est-il passé ?!

J'ai des problèmes urinaires, j'ai des cystites quasi tous les mois, est-ce que ma vessie a lâché ?!

Nous restons un peu les bras ballant, ne sachant quoi dire. Il rit beaucoup, moi j'ai surtout envie de hurler, ou de pleurer, ou les deux.

Je vais aux toilettes, ma vessie est pleine, est-ce que c'était une fuite urinaire ? Mais non, normalement le corps est bien foutu pour ça. Tout de même, ma vessie est vraiment ultra pleine - d'où vient toute cette eau ?! J'ai bu un verre pendant le repas !

Lorsqu'Isaac va se brosser les dents, j'inspecte le lit, je colle mon nez sur les draps : pas d'odeur, pas de couleur, rien.

Je suis désemparée, je n'y comprends rien, et surtout, j'ai affreusement honte : le lit est inondé, impossible de pouvoir dormir dedans, et puis c'est le lit d'Isaac, pas mon lit à moi, j'ai bousillé sa literie, il n'a pas de machine à laver, il va devoir aller au lavomatique à cause de moi, parce qu'il ne va surement pas emmener sa couette chez Victoria pour la laver. 
Bref : je panique.

On n'en reparle pas, on se cale à l'autre bout du lit, dans un coin à peu près sec, et on s'endort. Je me dis que le lendemain, j'irais interroger le net pour tenter de comprendre ce qui m'est arrivé.

Je dors extrêmement mal.

Lorsque le réveil sonne, comme toujours nous nous câlinons avant de nous lever. J'évite d'aborder le sujet - mais lorsqu'il étale les draps pour faire sécher le lit, je me sens de nouveau affreusement honteuse.

Je prends une douche, il me sort une nouvelle serviette jaune soleil aux coins arrondis. Je le rejoins ensuite pour le petit déjeuner. Il est entièrement nu, assis à table, le regard dans le vague, et boit son café dans une tasse où il est écrit en énorme "CA BICHE ?". C'est absolument affreux - et irrésistiblement touchant.   

Nous essayons de déterminer quand nous pourrons nous revoir - car il a une semaine chargée, moi aussi, et puis vendredi soir, il repart chez Victoria. C'est la fin de la période d'introspection, c'est le 9 novembre, ils partent en weekend ensemble avec des amis ("hors de question d'annuler le weekend" a-t-elle dit), et je crois qu'une partie de moi se dit qu'il me quittera après leurs weekend, qu'ils vont se retrouver, et puis sans doute que c'est tant mieux pour eux. J'aimerais le revoir avant le weekend, le revoir avant la fin. 

"La parenthèse enchantée", comme il appelle notre histoire, et ce qu'on vit depuis que son couple est en stand-by.

Et juste avant tout ça, je découvre donc, pépouze, que je suis une femme fontaine - car il s'agira de la conclusion de mes recherches, effectués dans la journée.

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