Après 2 mois de confinement absolument idylliques, où plus que jamais, je me sentais en phase avec lui, sereine et heureuse - si incroyablement heureuse - , où nous parlions quasi tous les jours en visio pendant des heures, explorions nos fantasmes, puis avons bravés les interdits certains weekend pour des moments de perfection absolue, le 11 mai est arrivée.
Je sentais que la fin du confinement marquerait la fin de notre histoire - comment pouvait-il en être autrement ? Victoria, l'héroïne soignante, se tue à la tache pendant 2 mois. Isaac ne peut pas la quitter - déjà qu'il ne pouvait pas auparavant ; Il peut juste continuer à l’idolâtrer.
J'ai pourtant cru que ces deux mois de complicité changeraient tout.
Que j'aurais su toucher son cœur.
Que nous étions à l'abri d'une explosion.
Que tout pouvait changer.
Je travaillais sur des toiles, et autres travaux graphiques très personnels, que je souhaitais lui offrir.
J'espérais, là encore, toucher son cœur, par la simplicité et le naturel de mes sentiments.
De toute façon, je ne sais parler qu'avec mon cœur. Je pensais, un peu naïvement, que je pouvais juste Être, et Exprimer ; et que ça suffirait.
Il me dit qu'il va passer le weekend chez sa mère. En me disant cela, il arbore un rictus bizarre. Je me dis qu'il y a anguille sous roche.
Lorsque je le vois "en vrai", la veille, il est fébrile, surexcité. Il parle beaucoup, sans laisser de place aux dialogues, puis m'assomme de vidéos. Je suis déçue de cette dernière soirée, où j'espérais profiter de lui, de nous, discuter, puis passer des moments tendres.
Lorsqu'on éteint, il est déjà très tard, et je n'ai pas envie de lui - cela dit, quelques caresses suffiront à me réveiller, et je lui ferai l'amour sauvagement, utilisant même mon vibro, comme jamais je n'ai entrepris un homme.
Moment d'excitation intense, et orgasmes volcaniques.
Nous savons désormais tout deux comment nous faire jouir, et chaque fois semble plus intense que la précédente. Je ne m'en lasse pas.
Le weekend se passe en silence, et je lui demande de me donner ses disponibilités pour la semaine suivante, car ce sera mon anniversaire.
Silence toujours.
Il répondra tard dans la nuit du dimanche, me disant qu'il n'a « pas été en mesure de me répondre avant », dans une réponse assez formelle.
Je tique.
« M'as tu menti sur le lieu où tu passais ton weekend ? »
« Non, mais je n'ai pas jugé utile de te dire qu'on le passais à trois avec Victoria ».
Je lis, interloquée de cette nonchalance. Il n'a "pas jugé utile de"... de quoi ? D'être honnête ? De ne pas me mentir alors que la seule chose que je demande, mon obsession personnelle, c'est la sincérité et la vérité ?!
Je ne répond pas.
Je laisse passer un jour.
Un deuxième.
J'espère que ça me permettra de me calmer - au contraire, ma colère grandi. Je me dis qu'on est au stade des demi-vérité - à quand les mensonges assumés ?! Pourrais-je désormais lui faire confiance ? S'il ment sur de si petites choses, comment croire le reste ? Puis je pardonner ça - mais surtout puis-je pardonner le fait que ça lui semble visiblement anodin ?
Je tourne en boucle.
Il ne m'a pas contacté pendant tout ce temps.
J'aurais dû comprendre, peut-être...
J'ai envoyé un message où j'explique mon ressenti. Le fait que je suis blessée - vraiment très blessée. Que je lui en veux, et que je suis dépassé par cette colère.
Aucune réponse.
Fébrilement, je termine mes toiles - il ne restait plus grand chose, je crois que je suis resté longtemps à quelques coups de pinceaux de la fin, prédisant malgré moi que lorsque ces travaux seraient fini, tout serait fini.
Toutefois, difficile de faire des toiles chargées de l'amour que l'on a pour quelqu'un et de continuer à lui en vouloir.
Je l'appelle, pour lui dire que j'ai terminé ses toiles. Nous avons un accord très personnel, je lui dois 3 toiles, je lui en ai déjà donné une il y a quelques semaines et voici les deux dernières.
Il est froid au téléphone.
- On ne peut pas continuer comme ça.
Nous sommes le 20 mai.
Je viens de finir mes toiles, autant dire que je sors de transe, surtout que j'ai enchaîné avec de la méditation (et que j'en ai conclu que je n'attendais juste de sa part qu'une explication, une envie de me retenir, et que j'avais envie de le voir, et de fêter mon anniversaire avec lui, car oui, j'allais avoir 33 ans dans 4 jours).
- Quand j'ai vu ton message, je me suis juste dit "Chouette, elle a enfin une bonne raison de m'en vouloir". Sauf qu'en réalité, ce n'est qu'un détail. C'est insignifiant.
Je tente de lui expliquer, à nouveau, l'importance que j'accorde à l’honnêteté. Il le sait, pourtant. Pire, je sais qu'il est conscient qu'il a transgressé mes limites, puisque je me remémore son visage lorsqu'il m'a dit aller chez sa mère, et cette très mauvaise soirée passée en sa compagnie la veille.
En réalité, le problème est ailleurs.
- De toute façon c'est ma vie privée, et tu n'as rien à en connaitre. Tout ça est pesant. Je n'en peux plus. Je dois cacher ton existence à Victoria, et désormais tu ne veux plus entendre parler d'elle. C'est schizophrénique pour moi.
- Eh bien sors du mensonge. Dis lui.
- Pourquoi je ferai ça ?
- Parce que c'est compliqué pour toi. Parce que ça nous mettrait réellement sur un même pied d'égalité. Parce que ce serait bien plus honnête et respectueux envers elle, envers moi, et surtout envers toi même, qui, selon tes propres termes, recherche la vérité plus que tout.
Court silence.
- C'est un point de vue. Mais non. Je refuse.
Ça ne m'étonne pas. Plus que jamais, je sais qu'il choisira la sécurité du connu, le rassurant de l'inertie.
- Il faut qu'on arrête.
- Très bien, je prépare mes toiles, je viens te déposer ça, et on en parle plus.
En d'autres termes, on ne se parle plus.
- Je peux passer, sinon. Je comptais rentrer...
La conversation continue, mais en réalité il s'applique à enrober ses mots de verre pilé, et de me les enfoncer dans le cœur.
- J'ai passé le weekend avec Victoria, et c'était juste parfait. J'ai réalisé qu'elle était le ciment de mon existence. Que c'était elle, la femme de ma vie, et que je veux passer ma vie avec elle.
Je récupère mes toiles, et les jette dans ma voiture.
- Qu'est ce que tu fais ?
- Je viens te déposer tes toiles. Et qu'on en finisse.
- Tu es en état de prendre le volant ?
- Tais toi. Tais toi. Ça ne te regarde pas.
Au volant de la voiture, la rage m'étouffe. Mes yeux débordent. Je serre les dents à m'en faire péter les mâchoires. Parfois l'air me manque, et j'halète à la recherche d'oxygène - mais je sais que ce n'est qu'une illusion, et je m'engueule mentalement « Plus jamais de crises de panique pour qui que ce soit, Charles-Henri était le dernier, plus jamais tu ne vis un truc pareil ». Je m’abîme les phalanges à cogner mon volant, mais ça fonctionne ; j'endigue partiellement le phénomène.
J'arrive devant chez Isaac, j'ai oublié de prendre en photo ma toile, c'est dommage car c'est sans doute l'une de mes plus jolie réalisation. Je déballe le truc, l'appui contre la voiture d'Isaac et prend quelques photos - assez peu réussies d'ailleurs, car je tremble trop.
Je le rappelle, il m'ouvre, je monte. J'arrive, il est beau, je ne veux pas y penser, il a l'air triste, je dois surement avoir l'air pire.
Je dépose les deux toiles, et le cadeau que je devais lui offrir deux semaines avant.
Je m'apprête à partir.
- J'ouvre tes toiles … ?
- Je ne suis pas sûre de vouloir être là quand tu les ouvres.
- Assied toi
- Pourquoi faire ?
Je ne sais plus ce qu'il dit, je répond juste "Ok, ok, je m'assois".
Il s'assoit aussi.
Silence.
Très gênant, ce silence.
Je crois que je pleure, je n'en sais plus rien.
- Bon, tu n'ouvres pas ?
- Tu as dit ne pas vouloir que j'ouvre en ta présence.
- Très bien, alors je m'en vais !
Je me lève.
- Attends. Tu n'as rien à dire ?
- A dire ?! Mais que veux tu que j'ajoute ?! Tu as pris ta décision ! Je n'ai rien à ajouter !
Je pense au fait que je l'ai retenu, la précédente discussion que nous avons eu à ce sujet, la précédente rupture. Il me l'a reproché plusieurs fois. Je ne le retiendrai pas une seconde fois.
Et pourtant, j'en crève d'envie. J'ai envie qu'on se prenne dans nos bras, qu'on pleure, qu'on oublie tout.
Mais cette fois, impossible. Il a été clair, il est sûr de lui : elle est Tout. Je ne suis rien.
Il me le redit. Me dit qu'il se sent coupable, non pas vis à vis d'elle, mais vis à vis de moi. Que la situation est merdique. Qu'il n'en peut plus de me voir comme ça, dévorée d'angoisse chaque fois qu'il parle d'elle. Que la situation...
- Ouvre la grande toile, et lit la lettre qui est derrière.
Je l'ai coupé car ce qu'il dit, je le sais déjà. Ça m'est insupportable de l'entendre. Et tout est écrit dans cette lettre.
Cette toile doit illustrer le titre que j'ai trouvé à son morceau. Et la lettre qui l'accompagne dissèque le travail préparatoire, les différents niveaux de lectures, jusqu'aux plus profonds. J'observe les expressions de son visage au fur et à mesure qu'il lit, son regard qui vérifie sur la toile ce que j'explique dans ma lettre. Parfois une ombre de sourire. Puis il aborde le dernier paragraphe. Où je réalise que le titre que j'ai trouvé à la toile et à son morceau me collait à la peau, que par un étrange mélange de conscient et d'inconscient, je raconte notre histoire avec un mot, un peu de peinture et sa musique. Je lui explique que je ne suis qu'un ver luisant, condamné à ne briller que dans l'obscurité. Exclue du monde, exclue de la lumière, exclue de toute forme d'expositions.
Il repose la lettre - elle tombe pile sur la représentation de lui. Il a les larmes aux yeux. S’essuie après la manche de son tee-shirt. Je crois que je suis dans une rage froide, à observer sa tristesse avec un air de revanche.
Il repose la lettre - elle tombe pile sur la représentation de lui. Il a les larmes aux yeux. S’essuie après la manche de son tee-shirt. Je crois que je suis dans une rage froide, à observer sa tristesse avec un air de revanche.
- Il n'y a rien a ajouter à cela, dit-il.
- Je sais.
Silence.
Il évite mon regard.
- Est-ce que ça fait honneur à ton morceau ?
- Tu plaisantes ? C'est magnifique.
- Ok
- C'est magnifique.
- D'accord, d'accord.
- Et ça sera son titre.
Nous parlons encore, je ne sais plus de quoi. De toute façon les dés sont jetés.
Il dira encore :
- Une des raisons pour lesquelles je ne peux pas te choisir, c'est parce que je ne pourrais jamais aimer ta mère.
- Ma mère ?! Qu'est ce qu'elle vient foutre là dedans ?
Plus que tout le reste, cette phrase me blessera. Comment peut-il juger une personne à qui il n'a jamais parlé ?!
Il désigne le second paquet :
Il dira encore :
- Une des raisons pour lesquelles je ne peux pas te choisir, c'est parce que je ne pourrais jamais aimer ta mère.
- Ma mère ?! Qu'est ce qu'elle vient foutre là dedans ?
Plus que tout le reste, cette phrase me blessera. Comment peut-il juger une personne à qui il n'a jamais parlé ?!
Il désigne le second paquet :
- J'ouvre la seconde ?
- Au point où on en est...
Il ouvre.
C'est un travail de collage, autour d'un dessin au crayon - j'ai repris le dessin pour lui faire plaisir, m'apercevant au passage que s'il y a 15 ans, j'adorais passer 4,5,6h à dessiner, aujourd'hui ça me fait chier. Mais j'ai aimé faire ça pour lui. Le tout illustre nos 53 jours de confinement.
- Tout y est, dit-il
- Je sais. Tout.
Il pleure.
- Je suis un monstre.
- Je n'ai rien dit.
- Je suis un monstre.
- J'ai pas dit ça.
- Je suis un montre.
- ….
Il me dit que ce n'est pas moi. Que s'il reste avec Victoria...
- Je peux t'exposer ma théorie ?
- Vas y
- Je pense que sous tes airs bravaches, tu es en réalité quelqu'un qui a besoin de sécurité. Tu as fait des choix de confort dans ta vie professionnelle, choisissant la sécurité plutôt que l'incertitude, et tu fais la même chose avec Victoria ; tu choisis la femme qui t'offre la sécurité, l’absence de changement, et l'absence de risque. Vous vivez une histoire d'amour platonique, une belle amitié sans doute, et ainsi vous ne prenez pas de risques.
J'envisage d'aborder également la question de ses différents engagements, qui sont exempts de risques également, mais je ne peux aller plus loin.
- Tu as parfaitement raison.
- Je sais.
- Elle me sécurise, sais gérer mes angoisses… Toutefois, notre vie n'a pas été dénué de passion...
Dois-je dire qu'il a toujours dit le contraire ? Lui rappeler qu'il m'a dit qu'avec moi, il se sentait vivant comme jamais ?
Je ne dirai rien.
En réalité, je suis déjà résigné.
- Que puis-je faire ?
- Rien. Il n'y a rien à faire.
- Je sais que tu ne supporte plus la situation.
- Ne parle pas pour moi, s'il te plait. Dis des choses qui n'engage que toi.
- Mais c'est vrai. Tu n'en peux plus. Rien que l'évocation de son nom te fait du mal. Tu ne peux pas continuer comme ça. Et moi non plus.
- La raison est là. Tu ne peux plus. Ne parles pas pour moi.
- Mais je peux te proposer qu'on continue ! A condition que tu acceptes sa présence, qu'on se voit quand je veux, que tu ne m'emmerde pas à son sujet, que tu acceptes qu'on travaille sur un projet ensemble… Tu l'accepterais ?!
J'ai trop mal pour répondre. Elle a donc su répondre à ce point aux attentes d'Isaac ?
Appelez moi Joséphine Ange Gardien, je sauve les couples en déroute.
Dommage que derrière, c'est moi qui morfle.
- J'espère que tu ne l'accepterai pas, parce que ce serait malsain au possible !
J'ai pourtant envie d'accepter.
Tout, plutôt que de ne plus le voir, que de ne plus le prendre dans mes bras. Ne plus l'embrasser. Ne plus le regarder sourire. Ne plus le faire rire. Ne plus sentir son odeur.
- Tu n'imagines pas comme j'ai mal...
- Non, je ne l'imagine pas. Je suis trop occupée à gérer ma douleur. Et je sais, je SAIS que lorsque j'aurais quitté ta vie, tu seras en réalité soulagé. Tu retrouveras ta tranquillité, ton confort, ton temps, et ta vie parfaite, où je n'ai aucune place. Aucune. Je suis de trop.
- Tu as une place dans mon cœur.
- Ça me fait une belle jambe.
- N'empêche, tu as une place dans mon cœur.
- Je m'en fous ! Qu'est ce que ça change ?! Tu repars vers ta vie….
Je m'embrouille dans ce que je veux dire, je commence à manquer d'air (et je me hurle intérieurement « Tu ne FAIS PAS ça »), je bégaie… J'essaie de dire qu'au final, il a juste fait une crise de la quarantaine, et que j'ai été la victime, jeune et naïve, qui a cru qu'il serait vraiment capable de changer de vie.
- Tu es une personne magnifique...
- Oh merde, je ne veux pas entendre ça.
- Je t'aime
- C'est faux
- Je t'aime
- Je ne te crois pas
- Je t'aime.
Je sais qu'il n'a jamais dit ça à personne. Parce qu'il n'y croit pas, parce que ces mots n'ont aucuns sens pour lui. Puis-je être touchée par quelque chose auquel il ne croit pas ?
Je le suis pourtant.
Et ça me fait mal.
Qu'y a t il de plus pathétique que deux personnes qui s'aiment et qui se quittent ?
- Tu pourras toujours compter sur moi.
- Non. Lorsque ce sera fini, tout sera fini. Et on ne se parlera plus. Je ne te contacterai plus.
- Mais tu pourras compter sur moi si tu as besoin.
- Je ne le ferai pas.
- Maintenant j'ai peur de toi
- Tu crois que je vais ruiner ta vie ? Appeler Victoria et, quoi, lui parler de nous ?!
- Non, je crains ce que tu peux te faire à toi même.
- Ça ne te regarde plus. Tu as fait tes choix, maintenant tu n'as plus à te soucier de moi.
Je suis folle de rage devant cette remarque que je juge insultante au dernier degrés. Peut-on arrêter de me traiter comme une bombe prête à exploser ?! Comme une fille continuellement prête à se jeter par une fenêtre ?
- J'accepte ton cadeau si tu acceptes les cadeaux d'anniversaire que j'ai pour toi
- C'est non négociable.
Je suis presque indignée.
- Tu réalises que si je refuse, c'est par survie ?! Pourquoi crois-tu que je t'apporte tout ça ?! Lorsque je passerai cette porte, on ne se verra plus, on ne se parlera plus. Je ne veux rien qui me fasse penser à toi. Et surement pas des cadeaux, alors qu'on était censé passer mon anniversaire ensemble. D'ailleurs au passage, merci de me quitter 4 jours avant, c'est magnifique.
Il n'insiste pas.
Il ouvre le cadeau. Un livre que j'ai adoré, qui m'a émue aux larmes, qui parle à toutes les personnes tatoués ou qui s'intéressent un peu à la chose. J'avais dédicacé la première page - lorsqu'il y avait encore des mots d'amour.
Il pleure.
Je suis distraite un instant de la tristesse abyssale qui s'est ouverte dans mon cœur en le regardant essuyer son nez avec sa manche ; je me dis que c'est tout de même un peu dégueulasse.
- Comment je vais faire, avec tout ça ?
Je hausse les épaules
- Tu peux te débarrasser de tout
- Tu rigoles ?! Tu réalises la valeur que ça a ?!
Moi, oui, j'ai fait tout ça avec mon cœur, mon âme, avec des morceaux de moi.
Et toi, réalises tu que tu as les plus belles choses que j'ai faite dans ma vie ?!
Et toi, réalises tu que tu as les plus belles choses que j'ai faite dans ma vie ?!
Mais ça ne m'appartient plus.
- Fais comme tu veux.
- Qu'est ce que je peux faire ? Dis moi ce que je peux faire pour changer tout ? Revenir en arrière ?
- Remonte le temps ? Change le monde ? Fais d'autres choix ? Change tout ?
Je me sens très très lasse.
Je me lève.
Il est temps que je parte.
Tout a été dit.
J'ai mal.
J'ai laissé mon frère seul à ma maison, sans le prévenir que je sortais. Je me sens coupable. Il y a deux semaines, Isaac se présentait à lui comme étant "mon petit ami". Je l'avais regardé, interloquée. Pourquoi avoir dit un truc pareil ? J'aurais préféré qu'il dise "un ami". J'ai bêtement cru que ça voulait dire quelque chose.
- Qu'est ce que je peux faire ?!
J'ai mis mes chaussures et je n'en ai aucun souvenir.
Je me retourne une dernière fois, et désigne le dessin.
- Ce travail, ne le regarde pas juste en surface. Suis les signes. Il y a beaucoup à découvrir.
Il bondit pour m'ouvrir la porte, je fais un écart de peur qu'il me touche.
J'ai tellement envie de le prendre dans mes bras.
Je sors.
Je pars.
J'espère qu'il va me retenir.
Me rejoindre.
Me serrer dans ses bras.
Mais non, c'est fini.
C'est surement mieux.
C'est surement mieux.
Comment je rentre chez moi ? Aucune idée.
A un moment, j'appelle Copine#1.
« Au moins tu n'es plus dans l'angoisse de la fin, puisque la fin est arrivée ».
C'est vrai.
« Au moins tu n'es plus dans l'angoisse de la fin, puisque la fin est arrivée ».
C'est vrai.
Quand je rentre, mon frère m'attend dans le salon plongé dans le noir, et il est mort d'inquiétude. Moi je suis en larmes. Je m'excuse des milliers de fois. Je me sens minable.
Je vais me coucher.
J'ai une migraine atroce.
Je pleure.
Je m'endors vers minuit.
Je me réveille vers 4h du matin. Je me repasse en boucle le dialogue, réalise que tout ce que j'ai fait, tout ce que j'ai donné, toute ma sincérité, tout ça ne sert à rien. Je ne suis personne. Je sanglote pendant une bonne heure - j'espère ne pas réveiller mon frère.
Je me rendors vers 5h30.
Je crois que je rêve d'Isaac.
Je m'empresse d'oublier mes rêves au réveil.
Je m'imagine qu'il ne me reste plus qu'à gérer mon deuil désormais.
C'était sans compter sur l'inconstance d'Isaac : le calvaire était loin d'être fini.
Je m'imagine qu'il ne me reste plus qu'à gérer mon deuil désormais.
C'était sans compter sur l'inconstance d'Isaac : le calvaire était loin d'être fini.
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