Le premier jour après la fin a été le pire. Je voulais faire bonne figure devant mon frangin, mais dès que je m'arrêtais vingt secondes, je commençais à pleurer. Alors je nous ai concocté un planning éreintant : nous avons changé mes pneus, vérifié la pression, creusé le jardin, planté des piquets, nettoyé la maison, peint les plafonds,...
Il est parti se coucher à 20h, mort de fatigue.
Le lendemain, j'avais une visio avec ma mère. Je l'avais prévenu par texto.
- Comment tu vas ? me demande-t-elle
- Ça va.
- Ça va.
Je fonds en larmes.
- Ah…. oui, je vois ça. Mais qu'est-ce qui lui a pris, à ton gus ?
- Il a choisi.
- Ah.
Je vois bien à son regard qu'elle pense que c'est une connerie sans nom. Que sa fille ne devrait pas être quitté. Nous n'en reparlerons plus.
Je décide de poncer mon escalier.
La première rupture, j'ai refait le salon. J'ai besoin de mettre ma rage quelque part, et gratter 17 marches me semble un excellente exutoire.
Je repense à ma cuisine, que j'avais entièrement démontée seule après l'affaire Charles-Henri.
Et à quel point ça m'avait fait du bien.
Cette maison est rénovée avec mes tripes, non ?
J'appelle mes amis au secours. Mister Perfect est impeccable - et je me souviens soudain qu'il est excellent à cet exercice. Il me dit qu'il m'admire, que je suis resté entière et droite dans mes bottes depuis le début. Que c'est admirable. Que je suis restée fidèle à moi même et à mes valeurs, et que c'est ce qui est important.
« J'ai presque plus de peine pour lui que pour toi. Il retourne à sa vie, à ce qu'il trouvait insuffisant lorsqu'il t'a rencontré. Toi, tu vas continué à vivre intensément, comme toujours, et à vivre passionnément. Je ne m'inquiète pas pour toi. Tu continueras à être celle que tu es, généreuse, adorable et sincère. C'est tellement plus important ! Et puis regarde tout ce que tu as vécu ! Et imagines tout ce que tu vivras encore ! Tu t'es construit une vie magnifique, et tu vis à 200% ».
« Putain, j'avais oublié à quel point tu es doué Mister Perfect ! »
Il me dit aussi qu'il pense qu'Isaac reviendra vers moi. Il lui laisse une semaine. Et ajoute : « Et si tu craques, et que tu veux le revoir, parce que c'est trop frais, parce que tu l'aimes, parce que tu n'es pas encore assez forte, je te comprendrais ».
Je lui dis qu'il ne reviendra pas.
Il me dit à nouveau que je suis formidable, et que je saurais trouver quelqu'un pour qui je serais l'Unique. Que je le mérite. Il me parle de sa copine, aujourd'hui 37 ans, enceinte, en couple avec lui ; ils sont heureux, complices, ils ont une sexualité hyper épanouie, ça va faire 4 ans. « A 33 ans, à ton âge, elle était en couple avec un type super mauvais pour elle, qui la tirait vers le bas. Regarde où on en est ! »
Étrangement, lorsque Mister Perfect affirme les choses, je le crois.
Je lui dis qu'en attendant, je ponce mon escalier.
- Tu pourras verser 10% de la plus-value de ta maison à Isaac si ça continue ! A chaque crise tu refais un truc !
Bien sur, je découvre rapidement que "gratter l'escalier" ce n'est pas aussi simple que "gratter l'escalier" : il y a deux couches de peinture sur les marches, et 4, 5 ou 6 (selon les endroits) sur les plinthes, qui semblent avoir été au préalable cirées. Une aberration.
Je commence en ponçant.
Je passe une journée sur un bout de plinthe.
Je tente en utilisant un diluant surpuissant.
Ça marche déjà mieux.
Le lendemain, je reçois un mail d'Isaac. Il porte le nom de cette chanson que j'adore, et dont le titre signifie "douleur". Un autre mot en yiddish y est accolé. Je fais quelques recherches, et découvre qu'il signifie "amour".
Interloquée, je découvre une somptueuse lettre d'amour. Où il me dit ne pas pouvoir se résoudre à notre rupture. Il me renouvelle son amour. Loue le travail que j'ai accompli sur mes toiles. M'annonce qu'il souhaite me créditer pour le titre de son morceau.
Je prends toutes ses informations de plein fouet. Je lis son mail. Et le relis. Et le relis encore. Je suis touchée comme rarement j'ai pu l'être - non, je crois que jamais je n'ai été aussi touchée par l'amour de quelqu'un.
Mon pot de 750ml me fait environ 3 marches.
Je me dis que je n'ai pas le budget pour faire tout l'escalier.
Comment faire ?
Je découvre la décapeuse thermique : une sorte de sèche-cheveux qui chauffe à 300°C, et fait cloquer la peinture.
Je répond à Isaac quelques jours plus tard. Contre l'avis de l'ensemble de mon entourage : Copine #3 s'est mise en colère comme jamais je ne l'ai vu (elle est plutôt tranquille comme fille) : « Non mais il DECONNE ?! Ca va aller, l'ascenseur émotionnel !! Putain j'ai envie de le... ».
Elle connait sa cousine (foutu monde trop petit), et je me demande à quel point elle a envie "de le…".
Copine #2 essaie d'être objective, mais Copine #1 m'avouera plus tard qu'elle est venu sauter à pieds joints de rage dans son bureau.
Copine#1, quant à elle, bien sûr, le hait plus que jamais.
Copine#1, quant à elle, bien sûr, le hait plus que jamais.
Morgueil me dit « Cours ! ». Puis « ... Pas vers lui, hein ?! Fuis ! ».
Sauf que j'en suis incapable.
Mister Perfect avait raison : Isaac est revenu. Et moi je ne suis pas assez forte pour refermer la porte. Comment pourrais-je être celle qui se fait quitter, et celle qui rejette l'autre en même temps ? Cette situation est injuste, et au delà de mes capacités.
Je lui exprime mon amour.
Ma tristesse.
Mes espoirs.
J'ouvre mon cœur comme jamais je ne l'ai fait.
Je lui donne tout.
Tout en disant que j'attendais un geste de lui, qui n'est jamais venu.
J'enlève la première couche de peinture.
Car bien sûr, ça ne part pas d'un coup. Ça serait trop beau !
Je découvre sous le gris sale une peinture jaune pastel.
Jaune pastel !!
Je croyais que le orange pastel du rez-de-chaussée était mon pire cauchemar - finalement, je revois ma copie : Non seulement la couleur est atroce, mais en plus la texture est dégueulasse, et part en filament caoutchouteux - du moins lorsqu'elle veut bien partir.
Il me répondra quelques jours plus tard. Un long mail intitulé "Révélation". A nouveau enflammé, passionné. Où il m'apprend qu'il a tout révélé à Victoria. Qu'il lui a parlé de moi - moi, Mademoiselle B. De nous. De ce qu'on a vécu. Qu'il ne parvient plus à avoir de desir pour elle, ni lui faire l'amour - il pense que ça n'arrivera plus jamais. Il me sort de l'ombre. Il me dit qu'il ne veut plus vivre sans moi - mais pas sans elle non plus. Toutefois, il souhaite qu'on se revoit - mais en pleine lumière, de façon assumée, car c'est ce que je mérite.
Là encore, je suis touchée. Sidérée. Remplie d'amour. Les choses bougent. J'y vois une preuve d'amour, un acte de courage. Une main tendue dans ma direction. Une main à laquelle je ne croyais plus. Une main que je souhaite prendre.
J'accepte.
J'accepte à nouveau de le revoir, de tenter cela. A condition qu'on tente d'équilibrer un peu nos relations. Qu'il assume de me revoir - puisqu'il le propose. Je veux lui faire confiance. Je veux tenter ce dernier essai. Je suis prête à me mettre en danger une dernière fois, par amour pour lui.
Lorsqu'il ne reste plus qu'une fine couche de jaune, je repasse du diluant. Nouvelle technique : je dilue, et je gratte à la paille de fer. Autant dire que ma peau part autant en lambeaux que ma peinture.
Ensuite je ponce. Ponceuse électrique, puis papier de verre, à la main.
Quelques coups de brosse en fer.
Je découvre que sous toutes ces couches, l'escalier est en chêne. Un magnifique escalier en bois de chêne.
4 jours plus tard, je reçois un mail intitulé "Assumer ou se consumer". Où, comme le titre ne l'annonce pas, il me dit qu'il choisi Victoria. Qu'il ne peut pas la laisser tomber. Ni l'obliger à faire face à ma présence dans sa vie à lui. Qu'il veut vieillir avec elle - même s'il m'accorde qu'en réalité, leur relation n'est finalement que fraternelle, amicale.
Le mail est glacial. Odieux. Il me dit que s'il devait "équilibrer notre relation polyamoureuse, il faudrait une monnaie d'échange. Et ce serait me faire un enfant. Ce qu'il trouverait suicidaire". Il en a parlé avec sa mère, et ils sont d'accord là dessus. Je lis ce paragraphe en me demandant d'où sort cette énormité. Un enfant, une monnaie d'échange ?! Mais ils ont complètement craqués, sa mère et lui ! D'ailleurs comment une femme qui a eu un enfant peut-elle dire un truc pareil ?!
Il évoque vaguement la possibilité que l'on se revoit, mais en fermant aussitôt "Non, tu ne voudras pas".
Il n'y a plus aucune trace de la passion de ses deux derniers mails. Juste de la froideur. Il termine sur un "je t'embrasse très tendrement", mettant les initiales (!) du surnom affectueux qu'il me donnait. Comme s'il ne pouvait pas assumer de l'écrire en entier. Le mail est bourré de fautes, de coquilles. Comme écrit à l'arrache. Le ton est tellement en rupture avec les précédents mails, que j'en viens à me demander si c'est la même personne qui l'a écrit.
Je lui répond aussitôt. Il est minuit, j'y passe 1h30, ou 2h, je ne sais plus. Je sais qu'il ne faut pas répondre à chaud - mais si je ne répond pas, je ne dormirai pas.
Je me sens trahie comme jamais. Perdue, également. Qui est cette personne qui m'écrit ?! Que s'est-il passé ?! Blessée. Épuisée. Son message me provoque une violente nausée.
Je me sens exsangue : j'ai tout donné, je me suis dévoilée comme jamais, j'ai tout accepté, j'ai accepté de retenter... Et il me claque la porte au nez. Il s'était justifié dans un précédent mail de ses changements de cap, m'expliquant ses dilemmes moraux, affirmant toutefois que rien ne pouvait changer à mon sujet. Et pourtant, à nouveau, il me chasse. Il me renvoie dans l'ombre, encore plus violemment qu'avant. Il m'affirme avoir parlé à Victoria pour la "descendre de son piédestal" ; en réalité il l'y remet aussi sec. A quoi tout ça a servi ? A part à me blesser plus encore ? Et la blesser elle au passage, comme pour la punir, comme pour n'avoir pas à assumer lui même ses propres fautes ?
J'ai l'impression d'être vidée de ma substance.
Je m'endors vers 2h30 du matin.
Je me réveille vers 5h.
Je somnole jusqu'à 6h30.
Mon chat se couche dans mon cou et ronronne - nous nous câlinons jusqu'à 7h15. J'ai toujours soupçonné mon chat d'attaquer les personnes qui me feront du mal. Qui ont, plus ou moins consciemment, de mauvaises intentions à mon égard. J'aurais dû me méfier quand elle a commencé à haïr Isaac et à le feuler.
Je me lève vers 7h30.
Je suis d'une pâleur effrayante, mes lèvres sont blanches, j'ai faim mais j'ai la gorge nouée, et n'arrive pas à manger - et pourtant, je me force, rageusement. Hors de question de revivre ce que j'avais vécu avec Charles-Henri, même s'il a un niveau équivalent, je ne revivrai pas cette détresse, plus jamais, je refuse.
Et là, j'ai une illumination.
Et là, j'ai une illumination.
Je décide, froidement, avec mes 2h30 de sommeil sous les yeux, d'aller lui rendre ses dernières affaires en mains propres. De le regarder dans les yeux, pour voir ce que j'y trouve.
Je mets mon slip Jack, celui des grandes occasions et des moments où j'ai besoin de tout mon courage. Il est 8h20, si je veux le voir avant qu'il parte au boulot, je dois me grouiller. J'embarque la tartine que je n'arrive pas à avaler et la jette sur mon tableau de bord, je charge ma caisse, prends mes affaires, les siennes, m'explose un ongle au passage, mais je ne sens plus rien.
Je décolle.
Je décolle.
Sa voiture est toujours là, il n'est pas parti. Il est 8h40. J'ai peut-être juste le temps de tout mettre dans l’enveloppe... Et d'y inscrire l'adresse, au cas où je me dégonfle et décide de la glisser dans la boite aux lettres. Je scotche le tout.
J'y arrive tant bien que mal, je tremble, l'adresse est illisible, et j'ai dû regarder mon gps car je ne parviens plus à me souvenir du nom de la rue.
Je suis dans une colère glaciale.
Je suis dans une colère glaciale.
Il sort 10 minutes plus tard. Comme une automate, je sors de ma voiture, et me dirige vers lui. Je serre les dents, mes jambes me portent à peine, mais hors de question de faire preuve d'une quelconque faiblesse.
Il me voit, s'arrête, commence à sourire, me rend le regard noir que je lui lance, comme par jeu. Il me regarde plus attentivement et recommence à sourire, et là je me dis qu'il est en train de réaliser que j'ai une coupe de cheveux 80's, et que dans pas longtemps il va éclater de rire. Je maudis mon coiffeur et ses idées de merde (j'aurais dû me méfier quand il m'a dit, très sérieusement, qu'en 2020 c'était le retour de la coupe mulet et que c'était une excellente nouvelle), et me demande comment avoir l'air digne, lorsque l'on a la tête d'une personne qui chante "trois nuits par semaine".
Je tends l'enveloppe à Isaac, tourne les talons et retourne dans ma voiture.
Il dit je ne sais quoi. S'exclame. Un "ooooh", agacé. Puis me suit. Se plante à côté de ma voiture. J'hésite à ouvrir ma fenêtre. Finalement je le fais.
Il est agacé. Clairement, la scène le gonfle.
- C'est quoi, ça ? Pourquoi tu fais ça ?
- C'est quoi, ça ? Pourquoi tu fais ça ?
- Je te rend tes affaires.
- Tu as besoin de faire ça comme ça ? C'est quoi le problème ? C'est le mail que je t'ai envoyé ? Je ne vois pas où est le mal.
Je reste sans voix.
- Tu ne vois pas où est le mal ?!
- Nos échanges étaient plutôt bons ces derniers temps, non ?
Je suis sciée par sa nonchalance. Son détachement.
- Ton mail était si froid, si dénué de sentiments, que je me suis demandé si c'était toi qui l'avait écrit. Mais du coup tu me le confirmes. Tu as tout refermé. A nouveau. Tu m'as éjecté de ta vie.
Il dit d'autres choses. Je ne sais pas quoi. Mes jambes tremblent, et je ne parviens plus à tenir mon pied sur la pédale d'embrayage. J'ai beau me dire "Hors de question ! Ça suffit !", je regarde mes mains trembler elles aussi.
Il lève les yeux au ciel, je l'observe me regarder froidement, assez épatée de voir cette absence totale de sympathie dans ses yeux. A nouveau, il a tout balayé. Je n'existe plus. Ses sentiments pour moi n'existent plus.
Il disait que "l'amour n'est pas un jeu à somme nulle" ; pourtant lorsqu'il se tourne vers Victoria, il n'a ensuite plus que mépris pour moi.
Il disait qu'il n'y avait pas d'amour, que des preuves d'amour. C'est sans doute vrai : il ne m'en a donné aucune. Je n'ai plus qu'à en tirer les conclusions qui s'imposent.
Il disait que "l'amour n'est pas un jeu à somme nulle" ; pourtant lorsqu'il se tourne vers Victoria, il n'a ensuite plus que mépris pour moi.
Il disait qu'il n'y avait pas d'amour, que des preuves d'amour. C'est sans doute vrai : il ne m'en a donné aucune. Je n'ai plus qu'à en tirer les conclusions qui s'imposent.
Je démarre. Il me lance un "bonne journée". Je serre les dents pour ne pas lui souhaiter autre chose.
Je suis blessée. Le ventre en vrac. Je ne parviens pas à garder ce que je mange - même si je me hurle « Hors de question ! Tu ne revivras pas ce que tu as vécu ! ». Cette scène m'a fait du mal - mais je suis satisfaite de ce geste, d'avoir eu le cran de me confronter à lui, d'avoir été regarder dans ses yeux, même si c'était pour y lire agacement et mépris. Je l'ai fait. Et je lui ai rendu, en mains propres et en face, les derniers éléments qui me rattachaient à lui. Une serviette de toilette. La brosse à dent qu’il utilisait chez moi, et le sac de notre après-midi aux thermes. Désormais, je n'ai plus rien qui me rappellera sa présence.
Reste à gérer les souvenirs.
Et les "Et si".
Reste à gérer les souvenirs.
Et les "Et si".
Je passe plusieurs heures sur une seule marche. Les étapes sont fastidieuses. Mais faire apparaître le bois, le nettoyer, le poncer, le polir, toucher sa texture, est un cadeau à chaque marche.
Cet escalier est superbe. Le chêne est un bois sublime. Qui a eu l'idée stupide de le peindre ??
Le soir, je recevrai une locataire - les affaires reprennent, et je suis obligée de faire bonne figure. J'y parviens. Comme j'y suis parvenue au boulot.
J'ai déboulé chez mon coiffeur, en lui disant que, vraiment, cette coupe à la con, ça ne va pas du tout. Penaud, il dit « Je pensais que ça se mettrait différemment... ».
Il égalise.
Il passe les Spice Girls dans son salon. C'est "Goodbye my friend".
J'ai le sentiment que j'ai passé le premier jour, et que celui-ci est le plus difficile.
Je craint toutefois le moment où ma colère retombera, et où je décompresserai.
Les Copines ont été là toute la journée, par de petites attentions, ou des messages. J'écrirai aussi à ma cousine, qui sera d'un très grand soutien. Je lui dis que les anglais disent "Fool me once, shame on you. Fool me twice, shame on me". Moi qui suis tombé dans le panneau des avis changeants d'Isaac si souvent, j'en suis où ???
Elle me répond que c'est une question de chiffres pairs et impairs. Et on décide que ça fait un chiffre impair, et shame on him.
Quelques jours plus tard, Isaac m'écrira, "le dernier mail", mais disant qu'il croit qu'il serait utile que l'on arrive à se parler au moins une fois, "ne serait-ce que pour balayer cette scène pathétique devant chez moi".
Scène pathétique ?
Je crois qu'Isaac ne supporte juste pas de ne pas avoir le dernier mot, ou de ne pas apparaitre à son avantage.
Il dira aussi que j'ai mal interprété ses précédents mails. Non, il ne voulait pas vraiment dire que ça pourrait être encore possible. Oui, il me disait qu'il m'aimait oui, mais... non. C'est moi qui ne comprend rien. Il dira qu'il est "peut-être ambiguë", et qu'il attendait de moi de la colère, et non pas de l'amour.
Je hurlerai de rage, et jetterai ce mail sans envisager de répondre.
Tout n'est pas parfait : certaines marches sont abîmées, ou ont été coupées (?). Clairement, tout n'a pas été entretenu - alors que le bois doit être traité avec amour, un minimum d'entretien, pour qu'il soit protégé et se révèle dans toute sa beauté brute.
Je ponce, en espérant récupérer la belle couleur naturelle du chêne - ou réduire au maximum les traces de négligence des précédents habitants.
Je dormirai très profondément cette nuit là.
Le lendemain, j'aurai Morgueil au téléphone. Je lui parlerai de ce mail qui m'a horrifié. De ce passage où il me dit que s'il devait vivre une relation polyamoureuse avec moi, il faudrait une "monnaie d'échange", et qu'il devrait me faire un enfant. Ça m'a plongé dans une rage indescriptible. C'est quoi le projet ? Pouvoir dire « Je pars en vacances avec ma meuf, mais te plains pas, tu pourras t'occuper avec ton môme » ?!
- Comment peut-on me manquer à ce point de respect ?!
Silence.
- ... Tu réalises ce que tu viens de dire ?
- ... Qu'est ce que j'ai dit, encore ?
- Tu viens de dire, en étant absolument convaincue, que tu mérites le respect.
- ...
- Je crois que c'est la première fois que tu dis une chose pareille.
- ....
- Tu réalises à quel point c'est énorme ?
- .... Non. Enfin.... Si. Mais.... J'en suis vraiment convaincue.
- Tu as franchi quelque chose aujourd'hui. Vraiment. Tu t'es enfin choisi TOI. Et décidé que tu étais une personne entière, méritante. Tu as arrêté de culpabiliser et d'accepter tout.
Je réalise ensuite qu'au premier, caché sous 5 (!) couches (un lino, un parquet flottant, un lino, un parquet brut, un lino), le parquet en chêne continue. Je pense que tout mon premier étage est en chêne - mais pourquoi a-t-il été dissimulé sous toutes ces épaisseurs ? Je rêve déjà à le poncer, et à le vitrifier. Un plancher en chêne, mon rêve !
Mais l'escalier est loin d'être terminé.
Cet escalier est superbe. Le chêne est un bois sublime. Qui a eu l'idée stupide de le peindre ??
Le soir, je recevrai une locataire - les affaires reprennent, et je suis obligée de faire bonne figure. J'y parviens. Comme j'y suis parvenue au boulot.
J'ai déboulé chez mon coiffeur, en lui disant que, vraiment, cette coupe à la con, ça ne va pas du tout. Penaud, il dit « Je pensais que ça se mettrait différemment... ».
Il égalise.
Il passe les Spice Girls dans son salon. C'est "Goodbye my friend".
J'ai le sentiment que j'ai passé le premier jour, et que celui-ci est le plus difficile.
Je craint toutefois le moment où ma colère retombera, et où je décompresserai.
Les Copines ont été là toute la journée, par de petites attentions, ou des messages. J'écrirai aussi à ma cousine, qui sera d'un très grand soutien. Je lui dis que les anglais disent "Fool me once, shame on you. Fool me twice, shame on me". Moi qui suis tombé dans le panneau des avis changeants d'Isaac si souvent, j'en suis où ???
Elle me répond que c'est une question de chiffres pairs et impairs. Et on décide que ça fait un chiffre impair, et shame on him.
Quelques jours plus tard, Isaac m'écrira, "le dernier mail", mais disant qu'il croit qu'il serait utile que l'on arrive à se parler au moins une fois, "ne serait-ce que pour balayer cette scène pathétique devant chez moi".
Scène pathétique ?
Je crois qu'Isaac ne supporte juste pas de ne pas avoir le dernier mot, ou de ne pas apparaitre à son avantage.
Il dira aussi que j'ai mal interprété ses précédents mails. Non, il ne voulait pas vraiment dire que ça pourrait être encore possible. Oui, il me disait qu'il m'aimait oui, mais... non. C'est moi qui ne comprend rien. Il dira qu'il est "peut-être ambiguë", et qu'il attendait de moi de la colère, et non pas de l'amour.
Je hurlerai de rage, et jetterai ce mail sans envisager de répondre.
Tout n'est pas parfait : certaines marches sont abîmées, ou ont été coupées (?). Clairement, tout n'a pas été entretenu - alors que le bois doit être traité avec amour, un minimum d'entretien, pour qu'il soit protégé et se révèle dans toute sa beauté brute.
Je ponce, en espérant récupérer la belle couleur naturelle du chêne - ou réduire au maximum les traces de négligence des précédents habitants.
Je dormirai très profondément cette nuit là.
Le lendemain, j'aurai Morgueil au téléphone. Je lui parlerai de ce mail qui m'a horrifié. De ce passage où il me dit que s'il devait vivre une relation polyamoureuse avec moi, il faudrait une "monnaie d'échange", et qu'il devrait me faire un enfant. Ça m'a plongé dans une rage indescriptible. C'est quoi le projet ? Pouvoir dire « Je pars en vacances avec ma meuf, mais te plains pas, tu pourras t'occuper avec ton môme » ?!
- Comment peut-on me manquer à ce point de respect ?!
Silence.
- ... Tu réalises ce que tu viens de dire ?
- ... Qu'est ce que j'ai dit, encore ?
- Tu viens de dire, en étant absolument convaincue, que tu mérites le respect.
- ...
- Je crois que c'est la première fois que tu dis une chose pareille.
- ....
- Tu réalises à quel point c'est énorme ?
- .... Non. Enfin.... Si. Mais.... J'en suis vraiment convaincue.
- Tu as franchi quelque chose aujourd'hui. Vraiment. Tu t'es enfin choisi TOI. Et décidé que tu étais une personne entière, méritante. Tu as arrêté de culpabiliser et d'accepter tout.
Je réalise ensuite qu'au premier, caché sous 5 (!) couches (un lino, un parquet flottant, un lino, un parquet brut, un lino), le parquet en chêne continue. Je pense que tout mon premier étage est en chêne - mais pourquoi a-t-il été dissimulé sous toutes ces épaisseurs ? Je rêve déjà à le poncer, et à le vitrifier. Un plancher en chêne, mon rêve !
Mais l'escalier est loin d'être terminé.
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