vendredi 19 juin 2020

Interlude





Je suis à genoux sur son canapé. Je porte une jolie jupe blanche, et un débardeur. Il est derrière moi, à m'effeuiller.
Je regarde à ma droite, et réalise que la lumière agrandit nos ombres, sur le mur. J'observe, fascinée, l'ombre de mon visage, aux cheveux fous. L'arrondi de mon menton, la ligne de mon cou, qui se prolonge pour former la courbe de mes seins.
Je vois s'approcher de ma silhouette son profil en ombres chinoises. Son front, son nez, la forme de sa bouche, qui vient rejoindre l'ombre de mon épaule et s'y fond.
Frisson.
Je l'ai tant observé ces derniers mois, son visage, son corps, ses traits,  que même son ombre m'est familière - plus que la mienne, que je ne peux m'empêcher de dévorer des yeux. Les formes sont harmonieuses. L'ombre est belle.
Le suis-je aussi ?
L'ombre s'écarte, enlève sa chemise. Je regarde le mouvement des mains sur les boutons, le tissu qui glisse sur la peau, la silhouette qui s'extirpe du carcan de l'habillement. J'observe, émue, l'ombre du torse, qui s'approche à nouveau de l'ombre de mon corps. La forme arrondie de ses épaules, d'où se prolonge ses bras tant aimés.
Sa main vient saisir la rondeur du sein - leurs ombres se confondent, le sein disparaît. Puis la main descend, plus bas, passant sous la jupe étalée en corolle autour de mes jambes. Les contours du sein réapparaissent, changés : le téton est dressé, tendu.
Son ombre se fond totalement dans la mienne. Tout contre mon dos, je sens ses lèvres sur ma nuque et son souffle dans mes cheveux, pendant que nos contours, sur le mur, ne sont plus reconnaissables.

Nous ne sommes plus qu'Un.

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