jeudi 24 mai 2018

Voyage à La Nouvelle Orléans (2/8) : L'arrivée aux USA

Voyage à La Nouvelle Orléans (1/8) : Premières impressions

Le décalage horaire était tel que nous arrivions peu de temps après être partis – alors qu’en réalité, il s’était écoulé 16h.



Sur le papier, tout était prometteur : un train jusqu’à Paris, 2h de latence, un avion jusqu’à Atlanta, 2h de latence, puis un avion pour La Nouvelle Orléans. Bref, a priori suffisamment de temps pour gérer les enregistrements, contrôle de douanes, etc.
Sauf que.
Arrivés à Atlanta, où j’étais au bout de ma vie à cause des 8h d’avion (je déteste l’avion, et l’atterrissage me rend malade), j’ai dû partir aux toilettes en urgence. Tout en me disant « Ne montre pas que tu as le ventre en vrac, les douaniers vont penser que tu es une mule et que tu as de la cocaïne dans l’estomac ».
Conclusion : j’étais donc encore plus angoissée, et encore plus mal.
Je suis revenu faire la queue pour passer la douane d’entrée.
Ça allait, il y avait genre une cinquantaine de personnes devant nous. On avait 2h de correspondance, on était large.
Sauf que.
C’était
un
putain
de
purgatoire.

Il y avait 2 guichets, et chaque guichet mettait entre 2 et 10 minutes par personnes.
Parfois, après avoir passé un voyageur, ils ne prenaient personnes. Genre pour faire une pause.
D’autres avions atterrissaient, et d’autres voyageurs s’ajoutaient à la fille d’attente. On devait être 300 ou 400.
Et ça n’affolait personne.
Un type est arrivé. 
La foule frémit d'excitation : « Chouette, un 3e guichet ! ».
Le type est resté 45 min à triturer son ordinateur, monter son siège, grignoter un gâteau, jouer sur l’ordinateur. 
Il n’a pris personne. 
Per-so-nne.
Et il est reparti.
Nous étions à deux doigts de manger nos bagages.
Il y avait de toutes les nationalités dans la file d’attente. Et sans comprendre nos langues respectives, nous savions tous que nous disions à peu près la même chose. A savoir : « Putain de bordel de merde ».
Sur ce, un des deux types des guichets de se lever, de prendre son petit sandwich et de se tirer.
300 personnes ont tremblés d’effroi.
Oh, il a fini par être remplacé hein.
10 min plus tard.
Et bien sûr, comme c’est une sorte de police des frontières, tu ne dis rien, de peur de te faire refouler.
Au bout de 2h, il était évident que nous n’aurions pas notre avion. J’ai voulu aller demander à une employée, debout à attendre à côté d’un guichet, et qui faisait mine d'organiser la foule en deux files – et parfois elle allait tchatcher avec l’un ou l’autre douanier, ce qui retardait encore le passage des voyageurs et nous rendait un peu plus cinglé. Je lui explique que nous avons un avion, et que j’ai peur qu’on le loupe. Sa réponse : « Ce n’est pas mon problème, faites la queue ». Bon ok, lui dis-je, mais que fait-on si on le loupe ? « Je ne travaille pas pour eux. Vous verrez en sortant ».
Intérieurement, je pétais les plombs.
Extérieurement, j’ai été assez stupide pour la remercier poliment et lui souhaiter une bonne journée.

Après 2h45 d’attente à réfléchir à tous les péchés qu’on avait commis pour mériter ça, on a enfin pu sortir. Pendant qu’un nouvel avion atterrissait, et que 200 nouveaux voyageurs venaient se presser dans la file d’attente.
Pour ce que j’en sais, ils pourraient encore être là-bas en train d’attendre.
Après ça, il a fallu récupérer nos bagages et refaire l’enregistrement. Ces étapes ont finalement été rapides. Ils nous ont trouvés un vol assez rapidement également.
Les choses semblaient rentrer dans l’ordre.
Sauf que.
Arrivé à la Nouvelle Orléans, je décide de nous faire prendre le bus. En attendant qu’il arrive, on est frappé par le fait qu’il n’y a QUE des grosses voitures. Les ¾ des gens ont un pick-up ; le capot m’arrive au menton.
Lorsque le bus arrive, j’étais candide et enjouée. Je m’adresse au chauffeur, enchantée de parler anglais : « Pourriez-vous m’indiquer où se situe l’arrêt qui se situe entre la rue Machin, et la rue… »
Là, la chauffeur, une black d’une quarantaine d’année, de m’aboyer « C’est le terminus ! »
Ah heu bon, ok.
Je me mets ensuite à chercher mon argent pour payer nos deux tickets (4$). Tout se fait dans une machine. Je mets un billet de 5$ dedans. La machine me rend un ticket.
Je ne comprends pas.
La chauffeur à l’air d’être sur le point de m’égorger.
Elle me dit un truc que je ne comprends pas.
Je lui demande de répéter, en cherchant mes mots.
Excédée, elle se moque de moi en faisant mine de balbutier elle aussi, et me hurle que ma monnaie, c’est en fait ce ticket, et que je n’aurais qu’à l’utiliser au retour. Puis m’intime d’aller m’asseoir.
Je vais donc m’asseoir, hyper choquée.
Pour le coup, je ne suis pas au bout de mes peines : elle roule comme une folle, grille tous les feux orange en hurlant de rire.
Cette femme me terrifie.

Au Terminus, elle nous hurle de descendre.
Ce que l’on fait presque en courant.
Et juste au cas où, on reste loin des roues du bus.
On ne sait jamais.
Et donc à ce moment-là, on réalise qu’on n’est absolument pas au bon endroit ; ce n’est pas du tout le croisement des deux rues que je lui avais demandé. On est genre loin.
Vraiment loin.
On marche un peu, on cherche les noms des rues (et à ce moment-là, on n’a pas encore compris que les noms sont affichés perpendiculairement aux rues, et pas parallèlement comme en France – donc on ne comprend plus rien au plan). On finit par tomber sur une voiture de police, garée devant un Subway (de toute façon, gros cliché, devant chaque fast-food il y avait une bagnole de flics). Le type regarde le plan. Regarde l’adresse de notre auberge. Regarde où on est. Et nous dit qu’on est carrément trop loin. J’ai l’espoir qu’il nous dise « Allez, je vous emmène », j’aurais kiffé grave. Mais il ne fait que nous indiquer comment prendre le tramway – ce qui est déjà beaucoup.
On marche.
On trouve le Tramway.
On refait la même : « On doit aller à cette rue, pourriez-vous nous indiquer le bon arrêt ? ».
Le mec est grave sur les dents.
Il roule.
Longtemps.
Longtemps.
Régulièrement, il grommelle tout seul, ou même s’énerve carrément.
On se dit qu’il nous a oubliés.
Sauf qu’on n’a moyen envie d’aller lui parler, de peur qu’il nous bouffe un mollet.
Finalement, il nous dit « c’est ici à gauche ! ». On s’empresse de descendre, et de le remercier.
Miracle ! Nous trouvons notre Auberge !
Dès notre entrée, on se sent comme dans une gigantesque colloc : salle TV commune, une cuisine en commun, des frigos, une piscine, des tables à l’extérieur. Je suis enchantée. Il y a même un chat, qui s’appelle Taj-Mahal, et qui a son propre compte Insta. Il y a des affiches un peu partout, des mots écrits sur les murs par des voyageurs du monde entier… C’est roots, confort, et hyper chaleureux. La chambre est vaste et confortable, avec une salle de douche privative. Bref, je trouve ça trop bien.
Affiche juste au dessus de l'évier, afin d'inciter les gens à faire leur vaisselle.
 

En revanche mon partenaire de voyage est moyennement emballé – par à peu près tout.
Mais je réaliserai assez vite que la cohabitation serait compliquée.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire