samedi 12 mai 2018

La première soirée avec Charles Henri depuis la rupture

Il fallait bien qu'elle arrive cette "première fois où je le revois",  et j'ai choisi que ce que je considérais comme une véritable épreuve se fasse lors d'une animation (au milieu d'une centaine de personne), plutôt que pendant une réunion (à 7 autour d'une table ronde).



Il s'agissait d'un dîner-concert.
Évidemment, je ne me sentais pas prête.
Évidemment, j'ai passé une journée épouvantable, et après 9h de boulot, j'ai chaussé mes escarpins et j'ai filé à 70 km de chez moi pour rejoindre l'Asso. 
Évidemment, j'ai trouvé le moyen d'être en retard - mais une partie de moi se disait « Tant mieux, si je suis la dernière arrivée, je pourrais faire un bonjour général et éviter la gêne ».
Évidemment, juste avant de rentrer dans le restaurant ultra luxe où se passait l'animation, j'étais tétanisée.
Mais évidemment, je n'étais pas seule ; Copine#1 était avec moi, et me disait « Tu ES prête. Tu es géniale, tu as un mental en acier, des heu... abdos en béton, un.... pffff....heu.... corps en.... heu.... fer forgé.... Enfin bref, tu es au top et tu vas y arriver ! ».
Morgueil était au bout du texto, et m'envoyait des messages d'encouragement.
Je repensais à ce que m'avait dit a prof de sport la veille, et je me suis dit que ça allait le faire.
De toute façon, il était hors de question que je tourne les talons sans essayer.
J'avais une plaquette de médicaments dans mon sac. "Juste au cas où". J'espérais bien ne pas avoir besoin d'en prendre, mais savoir qu'elle était là me rassurait.
J'avais une robe superbe, ma silhouette était épatante, j'avais mis des fleurs dans mes cheveux et mes talons me faisaient des jambes sublimes. Je m'étais un peu maquillé, et je me sentais jolie - assez pour me tenir la tête haute, et me cacher derrière mon image sans montrer qu'à l'intérieur, j'avais envie de hurler.
Il n'était pas là.
Les autres membres de l'Asso ne savaient clairement pas comment me parler, et un silence gêné planait. J'ai évité de paniquer, j'ai pris congé sur un sourire (sourire, sourire, toujours sourire, et jeter des sourires à l'adversité), et j'ai été m'asseoir à une autre table.

J'ai analysé ce que je ressentais : j'étais entré, je m'étais assise, jusque là tout allait bien. Il n'était nulle part. J'ai été dire bonjour aux gens que je connaissais, les parents de président, Teddy et Sharon (qui faisait la gueule parce qu'elle ne voulait pas venir et qu'elle ne peut pas blairer président, même si (surtout que ?) c'est le meilleur ami de Teddy), (l'ex) de Président (qui semble n'être pas encore parti, donc).
Je me suis demandée si j'étais soulagée de son absence, frustrée d'avoir stressée pour rien, flippée de ne pas savoir où ni quand ni s'il viendrait.
C'était un peu des trois.
Lorsque nous sommes arrivées au plat principal, j'ai suivi des yeux une serveuse, et j'ai sursauté lorsque mon regard est tombé sur lui. Lui, assis en bout de table, à quelques mètres de là, qui me regardait avec un air de chien battu. 
« Mais.... Il est arrivée quand ?! »
Copine#1, affolée : « Mais..... Ça alors ! Il est arrivé quand ?! »
Son regard et son air malheureux m'ont fait mal - encore aujourd'hui ce regard est figé en moi. Ça m'a fait mal, et ça m'a mise en colère : Pourquoi me regarde-t-il comme ça ?! Comme si j'étais celle qui lui avait brisé le cœur, comme si j'étais celle qui avait menti, comme si j'étais celle qui l'avait bousillé. Alors que je suis celle qui lutte pour tenir debout, celle qui a encaissé, celle qui n'est pas à la table de l'Association parce qu'elle n'en est pas capable. J'avais envie de crier « Ne me regarde pas comme ça, tu es le seul responsable de ce qui est arrivé - d'absolument TOUT ce qui est arrivé »

Les seuls moments où j'ai croisé son reflet dans une vitre, j'avais l'impression de regarder un inconnu : ce visage d'ange n'a pas pu me faire ça. Je n'associe pas son physique avec ses actes - peut-être parce qu'il s'est efforcé d'être irréprochable en ma présence, et qu'il a agit comme un connard "de loin", seulement par sa voix ? Difficile à expliquer. Mais j'ai clairement dissocié les deux - et paradoxalement, je ne l'en hais que d'avantage.

Une partie de moi était contente de se confronter à cette situation. Il FALLAIT que ça arrive un jour.
L'autre partie de moi a perdu l'appétit, et s'est mise à trembler.
Copine#1, qui n'était pas dupe, m'a demandé « Qu'est-ce qu'il se passe en toi depuis que tu sais qu'il est là ? ».
J'ai attendu d'être sûre de me lever sans flancher, et j'ai été aux toilettes. Juste histoire de souffler un peu, et faire le point à l'abri des regards. J'ai été malade, j'étais loin d'être une warrior, j'avais le ventre en vrac, mais ça allait : Je n'avais pas envie de pleurer, pas envie de partir en courant, pas envie de mourir sur place. Ce qui était plutôt positif.
Je suis remontée en affichant un air tranquille, j'ai terminée mon repas au son d'un orchestre de jazz, et si, très honnêtement, je n'ai absolument pas profité de la soirée, j'ai tenu bon.

Je suis repartie en me disant "Ça, c'est fait", et j'ai considéré que c'était une petite victoire.

Copine#1 m'a avoué avoir surveillé ses faits et gestes, et avoir paniqué en le voyant venir dans ma direction lorsque je parlais avec Président. Mais il ne s'est pas approché de moi. Jamais.
Je pense qu'il a compris que lorsque je lui ai dit de ne pas s'approcher, me parler ou me regarder, j'étais sérieuse comme jamais.
Et que j'étais prête à le recevoir s'il tentait.

Toutefois, j'ai réalisé que je ne pourrais pas continuer comme ça. Je ne pourras pas être bénévole dans l'Asso en guettant chaque seconde sa présence, pour être certaine de l'éviter soigneusement ou de ne pas croiser son regard par inadvertance. Je ne pourrais pas endurer toute cette énergie, tout ce stress, toute cette attention à NE PAS le croiser, ou juste à NE PAS faire quoi que ce soit. Je ne peux pas, car je ne le VEUX pas.
Donc me voilà face à un problème.
Soit j'arrive à être réellement indifférente (ce qu'en plus d'1 an avec le mec-de-la-salle-de-sport, qui m'a fait à peu près la même que Charles-Henri, les fausses promesses en moins, je n'ai toujours pas réussi à faire)
Soit j'arrête tout.
Alors maintenant, concrètement, je fais quoi ?

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