Le lendemain de ma nuit avec Chris, mon binôme a été petit déjeuner seul.
Du coup
lorsque je me suis levée, j’ai été, à mon tour, petit déjeuner seule.
Mais ça
allait : j’ai embarqué un livre, je me suis fait un porridge avec des
fruits frais et une infusion d’hibiscus, et j’étais au top.
Chris m’a
rejoint. On a discuté. Je ne savais pas comment agir avec lui. Est-ce que je
peux avoir des gestes d’affection ? Est-ce que c’était une histoire d’une
nuit ?
De retour
dans la chambre, je me suis sentie obligée de proposer à mon binôme de sortir :
il n’avait ni cartes, ni rien, aucunes envies, bref, il comptait sur moi, et ça
me culpabilisait de lui dire que ça me pesait de prendre toutes les décisions.
On est
retourné au centre ville, on s’est baladé. On a été manger des beignets au Café
du monde, un des symboles de NOLA.
Et ils
étaient SUPER bons.
Mieux :
Ils faisaient des jus d’orange pressés. Avec des vrais fruits (et pas des
pseudos jus de fruits avec 100% de sucre ajoutés). J’étais aux anges.
Nous sommes
rentrés assez tard, et avons eu la surprise de voir que c’était soirée
fajitas-veggie.
J’étais
enchantée – souvent, mon bonheur tiens à un bon repas – et j’ai proposée à mon binôme
de s’installer à table, dehors, avec les autres. Il a ronchonné, mais je l’ai
coupé en lui disant « Attends, je te présente ». Il y avait Chris,
Eric, et Mitsy. Et puis sont arrivés Glenn, un américain d’une cinquantaine d’année,
et Miguel, un sublime brésilien. On a discuté tous ensemble, et on a passé
un bon moment. Finalement, mon binôme a fini par sortir de sa carapace, et à
discuter un peu. Bon, j’avais parfois franchement honte de lui (la blague « Ah
tu es brésilien… Tu étais brésilienne et tu t’es fait opérer ? », j’avoue
que j’ai eu envie de le gifler).
Glenn parlait
très posément, en articulant bien, et c’était un plaisir de discuter avec lui. En
plus il était adorable, et nous a même lancé dans la soirée : « What’s
"Love" for you ? ».
On s’est
donc lancé dans un débat philosophique de ouf, à dire ce que c’était pour nous.
Moi, caricature de nunuche, de dire que c’est les papillons dans le ventre.
Chris, qui a dit penser que ça n’existait pas, pendant que je réprimais une
grimace. Glenn a rigolé « Toi, tu dois passer ton temps à enchainer les
filles ! 2, 3 par jour, non ? ».
Regard embarrassé
de Chris, qui a balbutié « Oh…. Je n’ai pas à me plaindre… »… Pendant
que j’étouffais un fou rire en regardant la porte de la laverie, à quelques
mètres de là.
Miguel,
qui parlait moins que les autres, a dit que pour lui, c’est ne voir que l’autre,
et personne d’autre.
Ensuite, je
ne sais comment, la conversation a dérivé sur la tromperie. Evidemment, moi j’étais
déjà prête à m’enflammer sur le sujet. Glenn nous a raconté que l’un de ses meilleurs
amis a trompé sa femme, et celle-ci l’a su. Sa réaction ? Elle l’a attendu
un soir, dîner aux chandelles et petit déshabillé transparent. A la fin du
repas, elle lui a dit « Ferme les yeux ». Elle s’est assise sur ses
genoux, puis lui a mis un gros couteau de boucher sous la gorge en lui disant d’ouvrir
les yeux : « La prochaine fois que tu me trompes, je t’égorge ».
(Cette femme
est mon héroïne. Je veux la rencontrer).
Epouvanté, l’homme
a quitté la maison. Il a appelé Glenn, lui a dit « Ma femme est folle,
elle m’a mis un couteau sous la gorge ! ». Glenn lui a demandé
pourquoi. Et lorsqu’il a su toute l’histoire, il lui a dit que sa femme avait
eu bien raison, que c’était un imbécile, et qu’il devait retourner chez lui s’excuser
à plate coutures.
(Glenn est
aussi devenu mon héros ce soir là)
Miguel a
dit qu’il ne comprenait pas la tromperie, que ce n’était pourtant pas si
compliqué d’être honnête. Que lui, il avait été trompé. Et aussi, chaque fois
qu’il rencontre des filles, elles sont mariés, ou en couple, mais elles lui
disent « C’est pas grave, passons du bon temps ! », et ça le révulse.
Il n’arrive pas à comprendre.
J’ai soupiré : « Il est beau et il dit des belles choses ».
Glenn, qui
est un mec super, lui a dit « Un jour tu trouveras, mec ! », en
le tenant par l’épaule. Et Miguel de soupirer « J’espère ! ».
C’était
beau, puissant, c’était de la bienveillance ordinaire. J’étais émue, et je me
sentais pleine d’amour moi aussi (oui, j'avais déjà un verre dans le nez).
Et puis les
groupes ont commencés à bouger : il est 22h, qui fait quoi, où allons
nous faire la fête ?!
Je ne sais
trop comment, j’ai parlé de vins avec Glenn, et il a trouvé sur internet un bar à vin, à
deux rues de là. A 400 mètres très exactement. Il a proposé à Chris de nous accompagner, mais celui-ci a dit qu’il
préférait partir avec un plus gros groupe. Glenn a coupé court : « Ok,
moi j’ai envie de boire du vin ! Allez, on y va ! ».
On est donc
parti tous les deux.
Là, Glenn de
me faire « J’appelle un taxi ».
Et moi :
« QUOI ? Mais c’est pas à 400 mètres ? »
Glenn :
« Si si »
Donc pour un
américain, tu prends un taxi pour faire 400 mètres.
NON MAIS CA
VA PAS LA TETE ??
J’ai dit
non, il a semblé surpris que j'accepte de marcher jusqu'au bar à vin, et nous sommes donc partis à la recherche de cet endroit.
Qui était donc effectivement à 5 min à pieds.
Super joli, une déco très industrielle, mais tout en étant hyper chaleureux. On a bu du vin américain, ce que je trouvais particulièrement drôle - quoique un poil décevant, même si je m'y attendais, car les vins que j'ai goûté étaient vraiment très fades en comparaison des vins français.
Evidemment, Glenn a tout payé.
On a beaucoup discuté tous les deux, et c'était vraiment très agréable. Je ne sais trop comment, il m'a fait parler de Charles-Henri, et raconter mon histoire en anglais, avec un coup dans le nez, ça m'a mise dans un état terrible. Glenn m'a pris la main, m'a dit que nous devrions arrêter de parler de ça, parce que clairement, je n'étais pas prête.
Alors on a parlé d'autres choses. Il était à l'écoute, et attentionné, et bienveillant. Je me suis laissé aller à lui parler de mes craintes, mes peurs, mes difficultés sentimentales.
Et puis il m'a dit « What you want ? What you really want ? »
C'était marrant comme question. Il était très très sérieux. J'ai réfléchit très sérieusement moi aussi. J'avais l'impression que cette question, c'était la question la plus importante du monde, et que je devais y répondre très soigneusement.
Alors je l'ai fait, comme on fait un vœu, comme si Glenn avait le pouvoir d'exaucer mes prières.
Il a acquiescé, et nous sommes rentrés à l'auberge. Il n'était pas très tard, minuit peut-être. On s'est salué avant de partir nous coucher.
Le lendemain, mon binôme était moyennement causant.
Le matin, je suis partie seule visiter un peu la ville. Le soleil était écrasant.
Puis j'ai été lire près de la piscine de l'auberge.
Avant de rejoindre mon binôme pour aller visiter le Musée d'Art de la ville.
Le chemin a été pesant jusque là bas. On ne s'est pas parlé pendant la visite, ni au retour. C'était pesant, pesant, pesant.
En plus il faisait un froid de canard dans ce musée, je crevais de froid, il devait faire 15°C (alors qu'il en faisait le double à l'extérieur). A cela s'ajoutais que les collections étaient très moyennes - ce qui m'a le plus intéressé était en dernier, mais j'étais déjà transie, à me dire que j'allais mourir d'une pneumonie, et je voulais finir le plus vite possible.
On est rentré tranquillou après ça, et j'ai mis un temps infini à me réchauffer. C'est seulement lorsqu'on est arrivé à l'auberge qu'on a papoté un peu, avec mon binôme.
Et là, on a croisé Chris et Miguel.
(à suivre)
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