Samedi, il pleuvait à torrent, et nous
avons fait un dernier tour en ville.
Le dernier, car notre avion décollait
dimanche matin.
Dans le tram, où nous sommes arrivés trempé, un vieux Monsieur a dit à mon binôme « Vous pourriez donner un parapluie à la charmante jeune fille, ne la laissez pas être trempée comme ça ! »
Mon binôme a répondu : « Pffff, elle n'est pas charmante du tout »
Le vieux Monsieur a été très choqué. Il lui a demandé comment il pouvait dire une chose pareille, et a été encore plus indigné de voir que mon binôme riait grassement.
Moi, comme souvent, j'avais honte de lui, et je répétais « Non mais ce n'est pas grave, ça va très bien »
Sauf que le vieux Monsieur s'étouffait d'indignation. A tel point qu'il m'a donné son parapluie, me disant : « Tenez. Restez au sec. Et promettez moi que vous ne le laisserez pas s'abriter dessous. Vous ne devriez pas rester avec un homme comme ça ».
Et, méprisant, il lance à mon binôme : « Un parapluie ne coûte que cinq dollars, pour l'amour de Dieu ! »
J'ai tenu ma promesse : je me suis abrité sous le parapluie, laissant mon binôme sous la pluie.
"Have you seen the horizon lately ?" |
Evidemment, je n’avais aucune idée du
nom de cette statue, ni de l’endroit où je l’avais vue.
Et je suis donc repartie bredouille.
Grâce à la magie d'internet, j'ai pu retrouver cette statue. |
Même si je sentais que la fin du voyage
arrivait, et que je voyais toutes les personnes que j’avais rencontrées à l’auberge
partir une à une.
Comme il me restait quelques dollars, je
me suis offert une demi-heure de massage des pieds dans l’un des multiples
salons Thaï qui alpaguait le chaland un peu partout en ville.
C’était divin.
Même si ces petits malins commençaient à
masser, et au bout de 5 min (quand tu commences à être vraiment bien et à ne
plus réfléchir), te disent « On fait 1h, finalement ? ».
(Fallait bien qu’il y ait une tentative
d’entourloupe)
Le dimanche, le départ fut déchirant
pour moi : Sentiment de m'éloigner encore de Miguel, refus violent de
retourner à "la vraie vie", peur de mettre un océan entre lui, moi…
et tous mes bons souvenirs. Pas envie de quitter un endroit où je me sentais si
à l'aise et épanouie - pourrais-je toujours être cette personne sociable,
souriante et épanouie à mon retour ? Je peux vraiment revenir à ma vie ? Est-ce
que ces expériences m'ont révélées à moi-même ? Ou était-ce juste l’effet
vacances ?
Car oui, depuis la veille, nous nous
écrivons sans cesse, me donnant l’impression que le rêve se poursuit.
Sauf que ce n’est pas un rêve.
Arrivés à l’aéroport, après un trajet en
taxi où mon binôme soutenait à un chauffeur dubitatif que Trump est admirable
parce qu’il s’est tapé une actrice de porno (*sic*), nous apprenons que notre
avion est annulé. « Il y aurait des grèves en France, ça vous dit quelque
chose ? »
Gros soupir. Ouais, ouais, ça sonne
comme quelque chose de familier.
Du coup notre trajet est assuré jusqu’à
Atlanta, et ensuite il nous faut attendre.
Si on a de la chance, quelqu’un loupera
son avion et on pourra partir dimanche soir.
Sinon, ce sera le lendemain après-midi.
Il est onze heure du matin, et on sent
que l’attente va être interminable.
Étonnamment, mon binôme est soudainement
devenu incroyablement bavard.
Je ne le comprends vraiment pas.
Je ne le comprends vraiment pas.
D’un autre côté, ces centres d’intérêts étant
très limités (il ne lit pas, ne joue pas, n’a pas de console ou tablette, etc),
il n’a absolument rien à faire pour occuper cette longue attente
Rester coincée un peu plus longtemps que
prévu aux USA me convient – je suis d’ailleurs à deux doigts de dire « Allez
tous vous faire foutre, je prends un avion pour Miami et je rejoins Miguel ».
Je ne le fais pas.
Mais si j’avais été seule…
Et puis finalement, vers minuit, la
chance nous sourit, et on peut embarquer avec un autre avion.
Le retour est cauchemardesque par bien
des aspects :
- Nous quittons donc les USA, nous nous éloignons de Miguel
- Toute la nuit, l’avion est secoué de toutes parts par des perturbations.
- Je passe donc quasiment la nuit à pleurer, de tristesse et de trouille.
- J’ai mes règles depuis quelques heures. Bonne nouvelle : je ne suis pas enceinte de Miguel. Mauvaise nouvelle : … J’ai mes règles à plusieurs milliers de pieds de la civilisation. Je bidouille une protection dans les toilettes de l’avion, je mets ma cup sans la stériliser, et je me nettoie tant bien que mal… Bref, une succession de mauvaises idées, puisque deux jours plus tard, je devrais foncer chez un médecin à cause d’une monstrueuse mycose, qui mettra quasi trois semaines à guérir, avant de se transformer en cystite. A.k.a le combo gagnant.
- Nous quittons donc les USA, nous nous éloignons de
- Toute la nuit, l’avion est secoué de toutes parts par des perturbations.
- Je passe donc quasiment la nuit à pleurer, de tristesse et de trouille.
- J’ai mes règles depuis quelques heures. Bonne nouvelle : je ne suis pas enceinte de Miguel. Mauvaise nouvelle : … J’ai mes règles à plusieurs milliers de pieds de la civilisation. Je bidouille une protection dans les toilettes de l’avion, je mets ma cup sans la stériliser, et je me nettoie tant bien que mal… Bref, une succession de mauvaises idées, puisque deux jours plus tard, je devrais foncer chez un médecin à cause d’une monstrueuse mycose, qui mettra quasi trois semaines à guérir, avant de se transformer en cystite. A.k.a le combo gagnant.
Lorsque nous atterrissons à Paris, le
lendemain, je n’ai pas dormi depuis des heures (une vingtaine ? Plus ?),
je prends de plein fouet le décalage horaire, je me sens sale, je suis de
mauvaise humeur, j’ai mal au ventre, je commence à avoir des démangeaisons intimes,
et je suis triste.
Mais notre périple n’est pas fini !
Parce qu’il y a *aussi* les grèves de
train, plus le fait que, notre avion n’ayant pas décollé, nous avons loupé le
train que nous devions initialement prendre.
Le comptoir sncf nous renvoie vers le
comptoir Air France.
Le comptoir Air France nous renvoie vers
le comptoir sncf : « on ne comprend pas pourquoi ils vous ont dit de
venir vers nous ».
Je leur jette mon regard le plus fatigué
et le plus menaçant : « Ecoutez… On est parti de la Nouvelle Orléans hier
à 9h du matin. On a passé des heures à attendre dans l’aéroport d’Atlanta. Je n’ai
pas dormi une seule minute. Aujourd’hui on est lundi, 14h en France, mais entre-temps
il y a 7h de décalage horaire, alors je vous laisse faire le calcul. Je suis
épuisée, j’en ai marre, et je me fiche de savoir qui a raison. Je veux juste
rentrer chez moi et prendre une douche ».
La fille hésite : « Hum…
Peut-être qu’on va aller nous-même voir pourquoi le comptoir sncf vous a
renvoyé vers nous… »
« Très bonne idée, merci ».
On a fini par avoir un train 2h plus
tard, et « Allez, on ne vous fait pas payer les 15€ pour le changement de
billet ! »
Ahahah. Je ne comptais pas les payer, rassurez-vous.
Au final, ma mère est venue nous
chercher à la gare. Mon binôme s’est mis à tchatcher boulot avec elle, et j’ai cru
que ça ne finirait jamais. J’avais juste envie qu’il s’en aille, ça faisait
beaucoup trop longtemps qu’on était ensemble.
D’ailleurs pour la petite histoire, il a
raconté à ses collègues (devant ma mère) que j’étais la nouvelle Arlette
Laguiller, que j’étais écolo, que c’était n’importe quoi parce que tout le monde sait que l'écologie ne sert à rien, et que ce n’était pas
étonnant que je sois célibataire en étant végétarienne et féministe.
Autant dire que nous ne repartirons plus
jamais en voyage ensemble.
Concernant Miguel, et contrairement à
mes craintes, mon retour à la « vraie vie » n’a pas marqué la fin de
notre correspondance.
Si ses vacances ont été plus longues que
les miennes, son retour à sa vraie vie au Brésil n’a pas non plus marqué la fin
de notre correspondance.
Bref, c’est une histoire belle et folle.
Belle comme une nuit magique à NOLA, et folle comme mon cœur qui accélère
lorsque j’y repense.
Une histoire à suivre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire