dimanche 5 juillet 2020

Interlude (2)




Nous ne nous étions pas vu depuis plusieurs semaines. 

Il devait me rejoindre en fin de soirée. 
Tard. 
Je ne sais plus pourquoi.

J'ai déverrouillé la porte d'entrée, et je l'ai attendu dans ma chambre, au premier étage. J'ai choisi de me glisser dans mon lit complètement nue, et de le laisser me deviner à travers la transparence des draps.

Lorsqu'il entre, il s'assoit au bord du lit et m'embrasse. Il passe sa main sur ma peau, caresse mes bras, fais glisser le drap, me découvre toute entière. J'aime cette sensation d'être offerte dans toute ma nudité face à lui, qui est encore habillé. Il y a comme un déséquilibre très excitant, une vulnérabilité que j'ai souhaité.
Une exclamation de surprise lui échappe.

Lorsque je le prend en bouche, il éjacule presque immédiatement. Je ris. Et prend le temps de le déshabiller, et de le caresser. On a toute la nuit devant nous.

Nous nous redécouvrons fiévreusement. 
La lumière de ma lampe de chevet nous éclaire, et je m'abreuve de la vision de sa peau, de ses traits, de ses expressions - tout autant que je suis à l’affût de ses soupirs et de ses gémissements.

Lorsque je le chevauche, je sens un affolement, quelque chose de fébrile. Quelque chose en moi. Mais plutôt dans ma tête. Dans tout mon être. Quelque chose de puissant. Qui joue avec mes émotions.
Je ne comprend pas trop ce qu'il se passe.

Nous retournons la position. Il est derrière moi, il me caresse, il halète, il est au bord de l’abîme, il va sauter, et je saute avec lui, emportée par un orgasme fulgurant, que nous vivons en parfaite synchronisation. 
Et c'est en même temps un tsunami d'émotions qui m'emporte. Je commence à pleurer. Sanglots, qui viennent de je ne sais où, et que je cache dans l'oreiller. Sonné par sa propre jouissance, il ne voit rien. Tant mieux : c'est très, trop étrange. Je ne ressens pas de tristesse. Ni une émotion en particulier, que je peux nommer. Non. C'est juste... une réponse émotionnelle. Indéfinissable. Quelque chose de fort, d'indescriptible. Incontrôlable. Mais pas désagréable non plus. Juste... un tsunami d'émotions puissantes. C'est déstabilisant, comme un premier orgasme, où l'on décide de lâcher-prise, et où l'on est soufflé par la puissance du ressenti. Là, c'est pareil - sauf que mon corps et mon esprit ont explosés en un milliers de petits feux d'artifices.
On peut aussi avoir un court-circuit émotionnel pendant l'amour ?! 
Apparemment oui.
Wow.