dimanche 8 janvier 2017

Deuxième rencard avec Hector

Mardi, j'ai revu Hector.
Il m’a invité à manger chez lui. On avait envisagé ça assez vite après le premier rencard – et puis il y a eu mes vacances, donc ça a repoussé.

J’avoue que j’étais flippée à l’idée d’y aller. Je n’étais pas sûre d’avoir envie. On avait convenu que j’y allais en sortant de la salle de sport. Ma prof était en arrêt maladie – Veronikédavina, sa future ex-femme. A sa place, un grand barbu un peu hipster, qui parle anglais comme ma grand-mère. J’étais soulagée de ne pas la voir – et j’ai trouvé ça bête, je culpabilisais.
Le-mec-de-la-salle-de-sport n’était pas là non plus. J’étais soulagée aussi - et en même temps un peu frustrée.
Je me dis qu’il faudrait que je change de salle. Ça devient de plus en plus pénible et de plus en plus compliqué.


Mon GPS m’a fait emprunter la même direction que pour aller chez le mec-de-la-salle-de-sport, ce qui m’a fait furieusement grincer des dents. J’ai roulé tellement doucement, pour retarder le moment d’arriver, que les 18 min que m’indiquait mon GPS sont devenues 45 min. J’y allais vraiment à reculons.

Il neige à gros flocons. Je traverse la forêt, et de grandes prairies immaculées. Je regrette qu’il ne fasse pas jour : le paysage serait à couper le souffle. En attendant, j’ai une impression de conte de fées : la neige dans le halo de mes phares, sous un ciel mauve foncé, pendant que des chevreuils gambadent sur le bas-côté.
Bon sang, ce mec habite vraiment nulle part. En cas d’invasion nazis/zombies/extraterrestres, personne ne viendra jusque là.

Quand j’arrive, il me fait entrer dans son garage, pour que je n’ai pas à gratter la voiture en repartant.
Sa maison est gigantesque. Et très vide. Ma voix résonne et se répercute contre les murs. Je suis surprise, et je baisse d’un ton ; je chuchote presque.
Les murs sont gris, rouges, violets. Les lumières sont design. Il y a des tableaux, des stickers avec des fleurs. Dans l’ensemble, je trouve ça décoré avec goût. Je me dis qu’une main féminine est passée par là. Est-ce que c’est elle ?
Sur le mur de la cuisine, des photos : la naissance de neveux ou nièces. Des photos où il pose avec elle et un bébé.
Malaise.
Mon regard est continuellement attiré par cette photo. C’est terrible, je la connais, et je suis en train d’entrer dans son intimité sans y être invitée.
Je me demande ce qu’il se serait passé si la conversation n’était pas tombée là-dessus lors de notre premier rencard. Si jamais j’étais arrivée ici sans savoir, et que j’étais tombée sur cette photo, comment j’aurais réagis ? Le choc ! Là au moins j’ai pu me faire à l’idée – et j’ai déjà du mal. 

Au final j’apprends qu’il a acheté la maison seul. Fait les travaux seul. Fait la déco seul.
Elle s’est installée avec lui quand ils se sont mariés. Une petite histoire : 4 ans, et 2 ans de mariage. C’est quoi dans une vie ? Elle a voulu racheter une partie de la maison, et puis maintenant ils divorcent, fin de l’histoire, il reprend tout à son nom.
J’ai l’impression qu’elle n’a finalement fait que passer.
Je trouve ça triste. Alors qu’elle est super drôle, jolie, avenante… J’aurais voulu qu’elle s’épanouisse dans sa vie amoureuse. Un mariage qui dure 2 ans, c’est dur à avaler. Mon histoire avec mon ex a duré 4 ans aussi - mais Dieu merci, on ne s’est pas marié.

Hector me sert du vin. Un très bon blanc moelleux.
Il cuisine. Il me fait un plat végétarien, fait des pates maison, un velouté de légumes. Il s’est donné du mal. Je le regarde, et je repense au mec-de-la-salle-de-sport, qui s’était déchiré aussi pour moi, la première fois : des lasagnes de légumes à tomber. Et je le regardais, perchée sur un tabouret de bar, comme ce soir chez Hector.
Sauf qu’Hector ne me fait pas du tout le même effet. C’est un mec posé, extrêmement intelligent, sympa. Je l’apprécie. Mais pas du tout comme le-mec-de-la-salle-de-sport. Pas le même coup au cœur, pas ce petit vertige en le regardant. Hector, c’est le genre de mec entier que tu choisis pour stabiliser ta vie, sans surprises : un roc. Un mec qui, arrivé à 36 ans, est plutôt là pour se poser. Je me demande sincèrement si un jour ou l’autre dans une vie, il faut faire ce choix : opter pour la stabilité, de l’affection simple, sans passion, faire le deuil du désir d’être fou amoureux – ou continuer à attendre et espérer trouver les deux : passion et couple.
Finalement, Hector me fait penser à mon ex – physiquement, il y a d’ailleurs un petit air de ressemblance, qui est encore plus flagrant sur les photos : Mon ex, je l’aimais d’un amour tranquille, apaisé. Une affection sincère, un attachement, mais pas des sentiments étourdissants, pas un amour qui te gonfle la poitrine au point que tu te demandes si elle ne va pas éclater – l’absence de sexe dans notre relation y était peut-être pour quelque chose. Je pense que jamais je ne serais transcendé par Hector. Mais est-ce que je ne devrais pas chercher finalement un truc simple comme ça ? Et m’épargner de souffrir à cause d’un trop plein d’émotions ? Pourtant j’adore ce que je ressens pour le-mec-de-la-salle-de-sport. Si seulement il pouvait y avoir réciprocité - avec lui, ou quelqu'un d'autre !

Néanmoins, son physique me plait. Toujours pas comme le-mec-de-la-salle-de-sport. Mais au fur et à mesure que le vin me monte à la tête, je le mate franchement. Je suis même un peu excitée.

Et il fait des allusions. Je n’arrive pas bien à saisir où s’arrête la plaisanterie, d’autant plus qu’outre ses blagues, il n’a aucune attitude ambigüe, il ne tente rien. Lorsqu’il me montre sa salle de bain – et sa baignoire XL idéale à deux, il me propose de prendre un bain avec lui. Je ne sais pas trop quoi penser. Je suis tentée, évidement – déjà parce que je surkiffe les bains, et puis parce que j’ai peut-être envie que la soirée dérape.
Mais bon, j’ai mes règles, et c’est toujours woodstock au niveau de mes poils. Je dis donc spontanément « Ah ben là j'peux pas. Mais dans quelques jours pourquoi pas ». Avant de réaliser que, bon, c’est un peu tendancieux ce que je dis.
Il fait d’autres remarques « Quoi ? Tu repars ?? Mais qui va me tenir chaud ce soir ? »
Vu qu’il ne tente rien, qu’on ne s’effleure même pas, je me demande bien à quel point il plaisante. Je ne sais pas quoi penser – et je ne sais pas trop quoi dire. Mais ce qui est sûre, c’est que je ne serais vraiment pas contre.

J’aime quand même assez cette tension. Et puis je sais que tant je n’aurais pas cédée, je peux en profiter : il continuera à m’écrire, à m’inviter, à me faire à manger des plats végétariens ou même des pièces montées si je lui demande. C’est le moment béni où tu  maitrise tout, où tu tiens le mec dans le creux de ta main.
Mais bon, je ne suis pas une dresseuse de fauve. Et j’ai une résistance très limitée à la tentation. Et puis quitte à ce qu’il coupe les ponts une fois qu’on aura couché ensemble, autant que je ne m’attache pas trop à lui.

Je suis repartie à 2h du matin. Le réveil a été dur. Il m’a envoyé un message dans la matinée : pour lui aussi, le réveil a été laborieux. J’ai dit que la prochaine fois, je partirai plus tôt.
Il a répondu qu’il y avait d’autres alternatives.
Depuis, on se cherche par textos. On hésite à aborder le sujet de front, mais on tourne autour. Moi je ne peux définitivement plus continuer à jouer à l’ingénue, je ne peux plus faire semblant, c’est plus crédible – et ça devient ridicule. J’ai fini par lui dire qu’il lance des remarques, mais qu’il ne les assume pas. Et puis j’ai dit qu’on pourrait se voir jeudi. « Dans le bain » demande-t-il ? Il propose que je vienne, qu’il me fasse couler un bain, que je le prenne pendant qu’il me fait un plat végétarien à la cuisine, à côté. Je trouve ça bizarre. 3e rendez-vous, je prends un bain chez lui, en tout bien tout honneur ? Je sais qu’il n’y a pas de normes, mais là c’est quand même déplacé.
Je ne sais pas quoi en penser.
Il me dit que, puisque j’attends des initiatives de sa part, pas le choix : je viens chez lui. Point.

A voir où ça nous mènera, tout ça.
Dans son lit ?
Dans son bain ?
Sur le magnifique billard qu'il y a dans son salon ?

A suivre.

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