A la suite de notre premier rendez-vous, j’étais plutôt refroidie :
outre ses qualités, je n’avais pas spécialement envie de sortir avec le futur
ex-mari de ma prof de sport.
Certes, je ne lui dois rien, à cette fille (bon, si :
un corps plus mince, plus ferme, plus musclé). Mais pour moi, ça rentre dans la
même catégorie que « Tu ne touches pas aux ex des copines ».
Sauf qu’Hector, il ne voit pas les choses comme ça ;
la situation ne semble pas le gêner. Et puis j’ai l’impression que plus il me
voit hésiter, plus il court.
Il m’a réécrit dès le lendemain du rencard.
Et puis les jours suivants.
Il est un peu insistant, Hector.
Et il se projette beaucoup, aussi. Genre il se projette
tellement loin qu’il a déjà fait 3 fois le tour de la planète : il m’a
quand même sorti « Toi qui est végétarienne, si on habite ensemble, ça te gênerait
qu’il y ai de la viande dans le frigo chez nous ? ».
Oulah choupinou, on a été boire UN VERRE, va falloir se
calmer un peu !!!
Pendant le voyage, j’avais éteint mon portable. Donc 10
jours sans lui donner de nouvelles. Je lui avais dit « Je t’écrirai au
retour ».
Sauf qu’au retour, j’étais déphasée, j’avais encore la tête
en Afrique, et j’enchainais avec les fêtes. Je me suis dit que ça pourrait bien
attendre quelques jours.
Mais lui ne m’avais pas oublié : il m’a envoyé un message le jour même.
Parfois il fait des allusions. Pas très fines, les
allusions (comme pour le coup du frigo) : Hector n’est pas spécialement
subtil. Entre ses lignes, je vois bien qu’il est frustré parce qu’il ne sait pas
ce que je pense. Lui il court, et moi je ne dis rien, je n’encourage rien. Et
du coup il court encore plus.
Mon Dieu que la séduction nous rend con. Je déteste ces
jeux là.
Moi je reste froide pour la simple et bonne raison que je
ne sais pas quoi penser et que je ne sais pas ce que je veux avec lui. Et encore
moins à long terme.
Hector a proposé, avec sa délicatesse de bucheron, et une
naïveté qui pourrait être touchante si on ne frôlait pas l’apocalypse :
« Je pourrais reprendre le sport. Ca me ferait du bien, et on se verrait à
la salle ».
Je vois ça d’ici :
Hector à ma droite, qui fait le beau.
Le-mec-de-la-salle-de-sport à ma gauche, qui fait la
gueule.
La prof de sport en face, qui veut ma mort.
Situation qui promet d’être intéressante, où je pourrais
expérimenter toutes les nuances des mots « malaise » et
« situation de merde ».
Pour l’instant, voilà ce que je peux dire :
Pendant tout mon voyage, c’est au
Mec-de-la-salle-de-sport auquel j’ai pensé. « Qu’est-ce que ça ferait si
on était là tout les deux ? » « Est-ce que ça se serait mieux
passé si j’étais partie avec lui ? » « Comment est-il quand il
est en couple ? Quand il est amoureux ? » « J’aimerai
tellement faire l’amour dans ce lit, dans cette chambre magnifique, avec lui,
toute la nuit, tous le voyage, tous les jours ». « J’ai envie de le
revoir ».
STOP.
J’ai envie de penser à quelqu’un d’autre que lui. J’ai
envie de revoir Hector pour me distraire avant tout. J’ai envie de transférer mes
sentiments, de diviser mes attentions, de répartir mes pensées : Que
le-mec-de-la-salle-de-sport, pour qui je ne suis personne, ne soit plus la
seule personne que j’ai en tête. Je ne veux plus péter les plombs comme je l’ai
fait la dernière fois que je l’ai vu - plus
jamais une détresse fébrile comme ça. Surtout pour un mec qui n’est pas mon
mec.
J’ai peut-être envie d’Hector. Pas comme j’ai envie du
Mec-de-la-salle-de-sport. Mais un peu parce que son corps me semblait bien
rassurant. Un peu parce que je me demande comment réagirait mon corps avec
quelqu’un d’autre. Un peu parce que je veux réaliser que d’autres mecs peuvent
aussi me faire du bien. Bref, un mélange d’Hector, et de tentative pour me
défaire de l’emprise du mec-de-la-salle-de-sport. Emprise qui est de mon seul
et unique fait, j’en suis consciente.
Le reste, je ne sais pas.
Le manque de subtilité d’Hector (et son insistance)
m’embête un peu. M’effraie.
D’un autre coté, je n’ai pas envie de le perdre : il
est sympa, il s’intéresse à moi. Et puis, sans lui, je n’ai plus personne à qui
penser pour ne plus penser au mec-de-la-salle-de-sport.
Devant le silence du Mec-de-la-salle-de-sport (à qui j’ai
envoyé des messages pour noël, et qui a été froid, puis jovial, puis
silencieux), j’ai proposé à Hector qu’on se voit. Je déteste cette façon de
faire : mes rdv seront finalement dictés par les actions d’un autre mec.
Ca ne m’étonnerai même pas qu’en sortant de chez Hector, je
me précipite chez le-mec-de-la-salle-de-sport, comme pour me racheter, comme si
j’étais coupable, comme si je le trompais.
Parfois, je m’exaspère moi-même. Mais c’est plus fort que
moi.
Tout ça pour dire : Ce soir je vais manger chez
Hector.
A suivre, donc.
Quand je te lis, je me retrouve au début de ma relation avec M. Avec cette impression que, ce qui me plaît surtout chez lui, c'est l'image de moi qu'il me renvoie. Comme si j'étais la 8ème merveille du monde à ses yeux. Et forcément, quand on a un ego bancal comme le mien, on ne peut pas rester indifférente à ce genre de regards ...
RépondreSupprimerSinon, j'espère que le dîner était bon. ^^
Des bisous et hâte de lire la suite (comme d'hab) ! :)