jeudi 19 janvier 2017

Un jour blanc

C’est ahurissant comme je suis étrangement indécise à propos d’Hector. Je vais chez lui, où j’ai mes habitudes, où on joue au couple. J’y vais avec plaisir, et puis en cours de trajet, un violent élan de « J’ai pas envie, j’ai envie de faire demi-tour » me taraude. J’ai envie de lui, et puis subitement ça retombe. Je suis contre lui et j’adore ça, puis soudain je ne supporte plus son contact.


Je me dis, pétrifiée, que moi aussi j’ai des jumeaux en moi.
Je suis très excitée par lui, puis nos rapports font retomber mon excitation – certes, je suis encore en convalescence, et d’ailleurs si je pouvais me laisser le temps de guérir, ça serait bien plus raisonnable. Mais quand même : mon corps suis-t-il mes sentiments ? Je suis folle de désir, je lui saute dessus, je le laisse me caresser à en perdre la tête, et je pourrais me rouler par terre, le lécher, et faire la femme fatale tellement je suis excitée. Et puis ensuite mes orgasmes sont banals. J’ai l’impression de me faire l’amour à moi-même, impression de coucher avec lui de manière masturbatoire.
Qu’est-ce que j’aime entre nous ?
Qu’il ait une folle envie de moi.
Est-ce que c’est tout ?
Je ne sais pas.
Je ne sais pas.
Je ne sais pas.
Encore une nuit à caresser sa peau en imaginant celle du mec-de-la-salle-de-sport. A y croire si fort, que je cherchais la fine chaine d’argent qu’il porte autour du cou, et que je trouve tellement sexy. Et puis ma main rencontre le cou nu d’Hector, et je me souviens que je suis avec lui. Honte. Envie de pleurer. Envie d’être là pour tout oublier dans ses bras – et pourtant je n’oublie rien.
C’est rageant.
Envie d’aller toujours plus loin dans nos pratiques pour oublier, pour me perdre. Ça tombe bien : est-ce qu’il a mis sa ″barrière mentale″, est-ce qu’il est rassuré, est-ce qu’il a décidé de ne pas s’attacher, je ne sais pas, mais il est insatiable.
Parfois il a des paroles ambiguës, je sens qu’il voit loin. D’autres fois il dit que l’on est Sex Friends. Je ne sais pas quoi en penser. Et les deux parts de moi-même ne tombent pas d’accord.
Est-ce que c’est ce que ressent le mec-de-la-salle ? Est-ce que lui aussi se perd en moi, et parfois n’a juste pas envie de, ne serait-ce que, m’effleurer ? Est-ce qu’une part de lui est heureuse d’être là, et que parfois l’autre part n’est pas vraiment là ? Cette perspective me rend triste. Je garde en tête ce que disait ma collègue, et me dit que je cogite peut-être trop.

J’ai fait un check-up côté mst. Tout est nickel. Le-mec-de-la-salle a été réglo.
Et puis pourtant ce test me rend triste ; c’est comme si je concluais quelque chose. Je fais table rase : tout est bon, on redémarre sur des bases saines. Mes ″comportements à risques″ sont derrière moi. Du coup il est lui aussi derrière moi. Ca me serre le cœur.

J’avais un tee-shirt que je gardais dans un sac, chez moi. Un tee-shirt que j’avais porté chez lui, une nuit, et qui avait gardé son odeur. Je le gardais et j’y enfouissais mon visage parfois, pour y retrouver un peu de lui. Pas trop souvent. Juste de temps en temps, pour le plaisir.
Et ce qui devait arriver arriva : l’odeur  est doucement partie. J’ai découvert cette semaine qu’il ne subsiste plus aucune trace de lui sur mon tissu.

Ca y est, je crois qu’il ne reste plus rien de lui nulle part.

Encore un jour à me dire « Peut-être que je le croiserais ce soir au sport ».
Mais si c’est aujourd’hui, ça me fait peur : je suis dans un jour fragile.

Certains jours son absence et notre silence est supportable. Je me dis que j’y arrive – le manque est là, mais je peux le gérer. Je regarde le manque, je regarde l’image que j’ai de lui dans ma tête, et je me dis que ça va, je peux gérer. Que si ça reste une douleur subtilement diffuse comme ça, je saurais attendre que ça passe vraiment.
Et puis d’autres jours je dois lutter pour garder cette distance.

En attendant, j’écris à Hector. On s’échange des messages de plus en plus chauds. Et il me vient à l’esprit que, un jour ou l’autre, je devrais faire ma vie sans l’un ni l’autre, qu’aucun n’est fait pour moi, et que je m’étourdie juste pour éviter de penser.

It hurt until it doesn't.

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