vendredi 20 janvier 2017

Un jour blanc (2)

Un jour blanc (1)

J’ai été à mon cours de sport hier. Je reprends mes habitudes : je commence par un cours de danse, puis j’enchaine avec un cours de muscu. A la fin du cours de danse, je jette un œil dans le couloir : il n’est pas là. Je souffle de soulagement. Ça ne sera pas aujourd’hui que je devrais me mettre face à mes sentiments ; Ça tombe bien, je n’étais pas dans un bon jour pour ça. J’installe mon matériel vers le fond tout de même, pour partir plus vite ″au cas où″. Mais ça semble bon, tout le monde est entré et il n’est pas là. Je m’accroupis et prend une rasade d’eau en attendant le début du cours. Je commence à me détendre. 
Et je le vois entrer.

Grimace involontaire.
Je tourne la tête.
Et puis je commence à paniquer.
Je me précipite hors de la salle.
Je redescends.
Je vais m’enfermer aux toilettes.
Tu es ridicule, ça suffit, remonte.
Je vais faire pipi. Après tout j’ai une cystite, il faut beaucoup boire et beaucoup faire pipi.
Remonte maintenant.
- ... Je vais me laver les mains.
- Le cours va commencer.
- ... Je préfère attendre qu’il ait commencé.
C’est ridicule.
Oui, c’est ridicule.
Je bondis en entendant les premières notes de musique. Cette fois je suis vraiment en retard.
Je reviens en courant dans la salle, je manque glisser en entrant, et me rattrape tant bien que mal. Ridicule jusqu’au bout.

Il s'est installé quelques rangées derrière mois. Je ne supporte pas qu’il soit derrière, je ne peux pas le voir sans être vu, je ne peux pas savoir s'il me regarde, ce qu'il fait. Je remarque néanmoins que par jeux de miroirs, je peux le voir de loin. Son tee-shirt rouge. Sa belle gueule. Je ne vois pas ses traits, mais peu importe, je complète dans ma tête les détails que je ne distingue pas. Si je le vois, il peut me voir aussi, alors j'essaie de ne pas regarder. Mais je ne peux m’empêcher de jeter des coups d’œil. Mon cœur bat vite. Ce cours va être long.

Je range mon matériel au fur et à mesure, pour m’assurer de partir la première. Mais l’ignorer est stupide. « Ne soit pas stupide jusqu’au bout », me dis-je. Surtout que je me connais : je regretterais. Je me sens déjà tellement bête.
A un moment je passe près de lui pour prendre un poids plus lourd. Cœur qui s’emballe – ah, c’est encore possible. Envie de sentir son odeur. Mais son odeur est trop subtile pour ça, je le sais : il faut enfouir son visage sur sa peau, pour le respirer, se coller contre lui et fermer les yeux.
Ne pas penser à sa peau.
Ne pas penser à son odeur.

Il ne m’a plus écrit depuis dimanche. Il a arrêté de m’écrire après une mini-ouverture de ma part « Tu m’expliqueras la prochaine fois qu’on se verra ». Je me dis logiquement qu’il ne veut pas qu’il y ai une prochaine fois. Peut-être que lui aussi, il se désintoxique. Peut-être que l’effet « chimique » entre nous est réciproque ? Peut-être qu’il s’en fout ? Peut-être qu’il a rencontré quelqu’un ? Peut-être que je me pose beaucoup trop de questions.

Au moment de partir, je ne veux pas jouer la pétasse glaciale, parce que c'est finalement moi qui en souffrirai. Je m’arrête à sa hauteur pour le saluer. Il est à genoux, en train de rassembler son matériel. Il lève vers moi un visage intranquille : On dirait un lapin dans les phares d’une voiture. J’ai l’impression qu’il est gêné, ou coupable.

Je lui demande comment il va. Petit sourire. Très léger. Pas le sourire 10 000 volts. Ça tombe bien, j'étais pas prête pour le raz-de-marée 10 000 volts ; et pourtant, une partie de moi à envie de ressentir ce vertige au creux de l'estomac. 
Il me demande comment moi je vais. Je hausse les épaules involontairement, en répondant que ça va. 
Et je pars.

Je retrouve les émotions que je ressentais lors de notre dernière nuit, lorsque, chez moi, je regardais le ciel blanc qui ne se lèverait pas de la journée.

C'était une journée blanche.

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