mardi 10 janvier 2017

Pas la même longueur d'onde / De l'ironie de la vie

Hector est venu manger chez moi dimanche soir. C’était prévu d’avant – avant qu’on couche ensemble, avant qu’on se voit quasi tous les jours. Ça me stress qu’on se voit si souvent, je me dis que ça va trop vite pour moi, je me dis qu’il va s’accrocher – ensuite je me rappelle que c’est un homme, et qu’il y a peu de risques.

GROSSIÈRE ERREUR.


Lorsqu’il arrive, il me fait remarquer mon accueil froid – oui, je ne sais pas comment lui dire bonjour, et je n’ai pas envie de l’embrasser.
Et puis assez rapidement, il me demande ce qu’il est pour moi. Ce que j‘attends de lui. Comment je le vois. Il me lance « Je ne suis qu’un phallus pour toi ? Tu n'envisages de me voir que s'il y a possibilité qu'on couche ensemble ».
Oh merde.
Comment lui expliquer que je n’en sais rien ? Que tout ça va trop vite pour moi ? Que je pense que je ne tomberais pas amoureuse de lui ? Que je n’attends rien, que je ne sais pas ?
Ça lui tient vraiment à cœur, je le sens. Et je suis désemparée. Je me sens mal. Lorsque je lui dis que je trouve qu’on se voit beaucoup (sous-entendu : trop), il n’est pas d’accord avec moi : « on s’est vu 4 fois en 7 jours. C’est pas grand-chose ! ».
On n’a pas la même notion de "pas grand-chose".
Lui ne me dit pas ce qu’il attend, ce que je suis pour lui. Je crois que je n’ai pas envie de savoir. Surtout qu'il me dit à mi- mot que je suis enregistré sous un petit surnom dans son téléphone. Je ne sais pas comment me dépatouiller de tout ça. Je lui dis, assez lamentablement, que pour l’instant, il n'est pour moi qu'une personne que j’apprends à connaitre, rien de plus. Je sens qu’il est déçu. Mais je ne peux pas faire mieux.

Ironie cosmique : Je reçois un message du mec-de-la-salle-de-sport. « Coucou toi, comment ça va depuis le temps ? ».
Je comprends : « C’est dimanche soir, je baiserai bien, ça fait longtemps ! ».
Je ne veux pas répondre.
Montée folle de désir, montée folle de « J’aimerai le voir ». Frustration. Et puis colère contre moi-même : Hector est à la maison, respecte-le un peu.

On mange, puis on va se coucher. Je lui dis que, puisqu’il s’indigne que je n’envisage pas de le voir sans coucher, je ne le toucherai pas ce soir. On ne fera que dormir. 
Il dit qu’il est d’accord.
On discute, dans les bras l’un de l’autre. Il veut savoir plein de choses. Il voudrait que je lui détaille par le menu mes préférences sexuelles. Il ne réalise pas que sa façon très cash de poser les questions m’intimide. Je lui dis de me laisser du temps, que tout ça est trop invasif pour moi, trop rapide.
Il craque le premier et commence à me caresser.
Mais je crois que nos conversations précédentes nous ont perturbées. Moi en tout cas, c’est certain. Et nos ébats sont laborieux, insatisfaisants pour nous deux.
Le matin, je le réveille d’un coup de langue, et nous retentons. De nouveau, on y arrive difficilement. Et puis en cours de route, il débande. Il m’explique que, étant circoncis, la capote lui coupe 50% des sensations.
Mais pas le choix, je ne prends aucun contraceptif.
Et je n’ai pas envie d’en prendre pour lui.
Et puis pas si vite.
Et surtout, il faudrait que je fasse un dépistage. Parce que le mec-de-la-salle a beau m’affirmer qu’il est clean, j’aimerai en être sûre.

Lorsqu’il part, le matin, je suis soulagée. Il me fait une petite plaisanterie acerbe, sur le fait que, du coup, on ne va peut-être pas se voir trop vite, puisque ça me dérange. Je suis gênée. Je me sens coupable. Mais je ne peux pas me forcer à le voir plus. Ni à l’aimer.
J’ai répondu au mec-de-la-salle, en lui reprochant son silence et en lui disant que je pensais ne plus avoir de ses nouvelles – Remarques qu’il ignore royalement, évidement. Il me dit qu’il est en vacances. Je me dis qu'on aurait pu avoir une grasse mat' ensemble, et ça me rend folle. 
Je ne veux pas prévoir de nouveau rendez-vous avec Hector tant que je ne sais pas quand je verrais Le-mec-de-la-salle-de-sport. J’ai plus ou moins passé mon lundi à attendre qu'il me réponde. Et je culpabilise. Je me trouve atroce. Pourtant, c’est plus fort que moi. Pendant la nuit, je caressais Hector en tachant de me souvenir de la sensation de la peau du mec-de-la-salle. Plus douce, plus ferme. Et son odeur : j’ai oublié son odeur, je sais juste qu’elle me rend dingue, j’ai l’impression d’être désintoxiqué, et jusqu’à présent c’était une petite victoire. Pourtant je suis prête à replonger sans réfléchir.
Je savais qu’il finirait par revenir. Je me persuadais qu’il n’écrirait plus, je me disais que mon sentiment de dernière nuit, la fois précédente, était fondée. J’avais supprimé sa photo de mon téléphone car elle apparaissait trop souvent sur la page contacts de mon Windows Phone, et ça me torturait. Je me disais qu’encore un peu, et je supprimerai son numéro. Douce naïveté, à laquelle je ne croyais pas vraiment : Je savais que la vraie question n’était pas « si » il reviendrait, mais « quand ». A l’arrivée de son message, je me suis juste dit « Ok, c’est donc maintenant ».
Je me dis sans y croire  que, peut-être, le voir en ayant Hector dans ma vie remettra les choses à leurs places, et que j’arriverai à me détacher. Mais restons honnête : ça n'arrivera pas, vous le savez aussi bien que moi.
En attendant une réponse de sa part, ou une invitation peut-être, j’écris à Hector.  Et je me déteste. Hector ne mérite pas ça.

Hector qui est vexé. Hector qui est repassé chez moi parce qu’il avait oublié un truc le matin. Qui n’a pas voulu entrer, ni rester, « puisqu’apparemment on s'est trop vu » – cela dit, je n’ai pas insisté, je n’avais pas envie. 
Et puis les remarques de ce genre, ça a tendance à me saouler.

Impression de décalage : j’aurais pu adorer qu’un homme s’enflamme pour moi si vite. J’aurais pu suivre et m’enflammer aussi – c’est d’ailleurs comme ça que notre histoire a démarré, avec mon ex ; on s’est vu, on s’est plu, et on s’est retrouvé tous les jours qui ont suivis. 
Mais je ne voulais justement plus de ce genre d'attitude fusionnelle.
Et je n’ai pas envie avec Hector.
Sa précipitation me fait peur.

Je me suis demandé si le problème venait du mec-de-la-salle-de-sport. Parce que, clairement, je ne peux pas nier je suis amoureuse de lui. Tout l’indique, et surtout mes différences d’envies entre Hector et lui. Et si ça avait été lui, qui s’enflammait comme ça, j’aurais foncé.
Mais je ne pense pas :
- Je pense que j’ai vraiment envie de rencontrer quelqu’un d’autre. De tomber amoureuse de quelqu’un d’autre.
- Je ne pense pas que j’aurai pu tomber amoureuse d’Hector, même dans d'autres circonstances. Je serais déjà charmée sinon ; après tout, je suis un cœur d’artichaut : amoureuse de Mister Perfect, j’ai été sensible au charme du mec-de-la-salle. Mais je ne suis pas en train de tomber amoureuse.

J’ai eu Mister Perfect au téléphone, je lui ai raconté. Lui il vient de se séparer de sa pouf (je ne voudrais pas dire « je l’avais dit », mais je leur avais donné jusqu’à la fin de l’année, tellement cette histoire était bancale) Bref. Il trouve Hector très rapide aussi - MAIS il a déjà fait pareil.
Donc en fait c'est ça avec les mecs ? C'est tout ou rien ? Soit ils s'enflamment, soit ils s'en cognent ?

Plus de nouvelles d'Hector depuis hier. Je crois qu'il est vraiment blessé.
Bon sang, est-ce que c'est vraiment possible d'arriver à avoir les mêmes attentes, aux mêmes moments ?!
Par contre le-mec-de-la-salle-de-sport m'écrit, et me raconte un peu sa vie. Mais ne me propose pas qu'on se voit. Comme si il en avait vraiment quelque chose à faire de moi, de ce que je pense. Comme si j'étais plus qu'une fille qui passe parfois dans ses bras.
Je n'y comprends plus rien. Les hommes sont un mystère pour moi.

La conclusion, je la laisse à une amie, à qui j'ai raconté tout ça, et qui me semble bien résumer la situation :

CONNARDS. 
C'est tout ce qui me vient.

4 commentaires:

  1. On ne peut jamais choisir vers où ira son cœur ... Le "mieux" que tu puisses faire avec Hector, le plus honnête en tout cas, c'est de ne plus le voir et de lui dire clairement les choses. Ça mettra fin à tous les films qu'il peut se faire (et tu n'auras plus de problèmes de conscience ou de culpabilité).

    Quelque chose me dit que tu n'en as pas encore fini avec le-mec-de-la-salle-de-sport ... ^^

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    1. Tu as raison... A la fois pour le fait qu'on ne choisit pas qui on aime, et sur ce que je devrais faire. Mais paradoxalement, je n'ai pas envie de le perdre : sans lui, plus de distances vis-à-vis du mec-de-la-salle.
      Même si je me déteste de considérer les choses sous cet angle.

      En effet, le mec-de-la-salle risque de revenir dans mes prochains articles (même si, pour l'instant, rien de nouveau). Ce n'est pas encore maintenant que je mettrais un point final à son histoire !

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  2. +10000

    ( C'est pas très constructif , mais tout est très bien écrit juste plus haut ;) )

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    1. C'est une contribution comme une autre ;)
      Merci pour ton petit message !

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