Un événement somme toute assez banal.
Des trucs ouvrent et ferment tous les jours, après tout.
C'est lorsque j'ai croisé l'une des profs à la bibliothèque, en train d'imprimer des CV au bord des larmes, que j'ai réalisé que cette fermeture "banale" avait des conséquences.
La salle à rouvert en septembre, nouveaux concepts, nouveaux horaires, nouvelle dynamique... Sauf qu'il y avait quatre fois moins d'adhérents qu'avant. Les cours où nous étions 30 il y a quelques mois, nous étions désormais 4-5 personnes - 7 les meilleurs jours.
Le-mec-de-la-salle-de-sport a continué à venir, et j'ai tiré la tronche : je pensais ne plus le croiser. Je me suis dit que les choses ne changeaient pas tant que ça, finalement.
J'ai fait plusieurs cours seule avec la prof, tellement plus personne ne venait - ces cours ont fini par être supprimés, comme on pouvait s'y attendre. « C'est provisoire » assure la gérante. Je reste sceptique.
Et puis d'autres cours sont supprimés. Les plannings changent. Et de plus en plus souvent, plus personne ne vient les jeudi soir.
Je me retrouve enfermé deux fois dans les douches, parce qu'en l'absence de participants, la gérante annule le cours qui suit le mien, et ne vérifie pas s'il y a encore quelqu'un dans les vestiaires.
DEUX FOIS.
Pourtant on voit très bien la lumière qui filtre sous la porte des vestiaires.
Les fois suivantes, la gérante me dit carrément « Je veux rentrer chez moi, j'aimerais que tu ne prenne pas ta douche ici »
Et moi j'aimerais bien ne pas payer 27€ par mois pour n'avoir que la moitié des services censés être inclus dans mon abonnement.
Mais on n'a pas toujours ce qu'on veut.
Et puis en mars, la salle ferme "provisoirement" : « La coach est malade, mais elle vous reviendra en forme dans une semaine ! Préparez vous à une reprise sur les chapeaux de roues » Et autres healthy-bullshit.
La semaine se transforme en deux semaines, puis trois semaines.
Un jour, je croise la gérante et son mari. Ce dernier m'explique candidement qu'elle passe un concours et qu'elle cherche des annales pour le préparer.
Il ne regarde pas sa femme - c'est une erreur, parce que moi je la regarde, et je vois dans ses yeux qu'elle se dit « il ne va pas fermer sa gueule, ce con ?! ». S'il l'avait regardé, il aurait directement compris qu'il faisait une connerie en me racontant ça. A mon avis ce soir là, il a eu droit à une belle engueulade.
Trois semaines plus tard, un message était posté sur le Facebook du club (et je le recevais en simultané sur mon portable), pour annoncer la fermeture définitive de la salle.
Comme je le disais, c'était ultra prévisible.
... Et pourtant, malgré tout, ça m'a fait quelque chose. Je suis une sentimentale hein. J'ai tellement de souvenirs là bas. Il y a bien sûr le-mec-de-la-salle-de-sport. Le premier mec rencontré après mon ex, des extases incroyables, une attirance délirante... Et une déception, beaucoup de tristesse, des situation inconfortables lorsqu'il s'est ramené avec sa nouvelle meuf, une histoire que je n'ai jamais vraiment surmontée... Je crois que suis contente de savoir que je ne le croiserais plus.
Finalement, les choses peuvent changer.
Il y a l'ancienne prof, l'ex femme d'Hector, que je ne reverrais sans doute jamais.
C'est pas des souvenirs fou-fous.
Il y a eu des moments d’extrême déprime, des moments de bonheurs, des rencontres, des renouveaux, et des dépassements de moi-même. La salle m'a permis de me remettre de Charles-Henri, et puis cette fois où la gérante m'a pas mal soutenu aussi, à sa manière.
Je crois que j'y ai passé 4 ans, ou presque. 4 ans toutes les semaines, 2 à 4 fois par semaines. Ça va faire un sacré vide dans mon planning.
En fait c'est pas si banal que ça. C'est un pan de ma vie, un bout de mon histoire.
Et sa clôture.
Ça m'a beaucoup plus touché que ce que je pensais - ce soir, ça vaut le coup que je boive un coup : à la santé des choses terminées, et des histoires qui prennent fins.
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