mardi 29 novembre 2016

J'ai vécu avec un homme asexué

Je vous parlais ici des hommes qui n’aiment pas le sexe (en général), et surtout de mon expérience particulière. J’ai beaucoup insisté sur le fait de rester lucide (j’ai beaucoup insisté hein ?) (Normal, c’est un très bon conseil). Parce que je ne l’ai pas été. DU TOUT. Et je réalise aujourd’hui à quel point je me suis bousillée dans notre histoire.


Alors attention, je ne suis absolument pas en train de dire que mon ex fût le pire de salauds et moi une pauvre petite fleur piétinée. Il a parfois agit comme un salaud – et moi comme une peste. En un mot : on a été en couple. C’est tout.

Bon, du coup je vais rentrer dans les détails, mais on ne va pas être timides hein, après tout on se connaît pas, alors hop, pas de tabous entre nous.


J’ai réalisé assez récemment quel était mon rapport au sexe… Et surtout mes nouveaux blocages. Je dois remercier le-mec-de-la-salle-de-sport pour ça (et j’aimerai qu’il le sache, un jour. C’est important pour moi).

Lorsque j’ai passé ma première nuit avec lui, je lui ai tout de suite dit « Ecoute, ça fait au bas mot deux ans que j’ai rien fait avec quelqu’un. Je suis terrifiée. Et en plus je suis plus sûre de savoir comment on fait, et si ça implique le nombril ou les oreilles ». (oui, je fais des blagues nulles quand je stress. Y compris quand je suis à moitié nu sur un homme)

Il a été top (ça je l’avais déjà dit), très attentif, très rassurant. Et là je me suis aperçu que j’ADORE les hommes rassurants. C’est pas grand-chose : Juste de la tendresse, qu’il me guide un peu, qu’il m’embrasse beaucoup, et qu’il me dise que tout va bien, et que si ça va pas, on arrête, et qu’il n’y a aucun problème.

Et tout a été très bien. Je n’ai pas eu mal du tout. Moi qui pensais ne plus jamais avoir de relations sexuelles normales, j’ai pleinement réalisé qu’effectivement, le problème n’était pas moi – mais mon ex… Et ma rancune vis-à-vis de lui.


Au bout de 2 ans de relation, je n’avais même plus envie de faire l’amour. Outre ma douleur lors de nos rapports, il y avait cette fatigue morale « De toute façon ça sert à rien d’avoir envie ».
Je crois que je me suis un peu persuadée toute seule que je n’en avais plus envie non plus. Et surtout, comme je savais que nos moments intimes seraient de toute façon plus frustrants qu’autre chose, j’avais associé le sexe à un truc vraiment pas fun.

Du coup je n’avais plus aucune libido.

Ce qui est drôle (enfin, façon de parler), c’est qu’à peine la rupture effective entre nous, c’est comme si 4 ans de libido en berne se réveillaient : j’étais dans un état d’excitation complètement délirant. J’aurais pu coucher avec à peu près n’importe qui.
Mais j’avais peur de ne plus pouvoir, de conserver mon blocage, d’avoir mal. Donc j’ai encore éteint mon désir.

Et jusqu’à maintenant, jusqu’à ce que je me prouve que, non, le problème n’était pas moi, j’avais cette angoisse un peu sourde de ne plus jamais pouvoir faire l’amour « normalement ».
Je suis donc rassurée, vous imaginez bien.
Et aussi un peu en colère, de nouveau, contre mon ex copain : j’ai envie de lui écrire, et de lui dire que, finalement, je m’étais rendu malade pour rien. Et que mon blocage, c’était juste parce qu’il avait été indélicat, et qu’il n’a jamais été foutu de s’excuser pour ça (je lui avais demandé pourtant, c’était important pour moi. Mais je pense qu’il ne pouvait pas, parce qu’il était absolument convaincu par ce qu’il avait dit)


Toutefois, si une partie de mes angoisses a été levé lors de ma première nuit avec le-mec-de-la-salle-de-sport, j’ai découvert avec effarement de nouveaux blocages : j’ai perdu mon naturel. Mon ex me repoussait sans cesse, il n’aimait pas les caresses non plus, si je le touchais, il débandait, si je léchais le lobe de son oreille ou son téton, il me repoussait durement. Du coup je n’ai plus cette spontanéité, cette gourmandise. Parce que j’ai peur : j’ai peur de caresser l’autre. De me faire repousser. De me sentir humilié. Oui, c’est humiliant à en pleurer, de se faire rembarrer continuellement comme ça.

Du coup, lors de notre première nuit, il devait me dire «Touche-moi ». Encore maintenant, parfois.

J’ai beau me dire qu’ils ne sont pas les mêmes (loin de là), c’est une retenue inconsciente. Et je me sens terriblement empotée.
Je vais avoir du boulot, pour reconquérir ma spontanéité, et ma soif de contacts avec l’autre.

Pourtant, vous n’imaginez pas le bonheur que c’est, pour moi, de caresser un homme. Et encore plus de le sentir bander presque aussitôt sous mes doigts.
Mon ex ne réagissait pas à mes caresses. Ou pour me repousser. Et même si j’arrivais à le faire bander (réflexe naturel), ce n’était pas forcément gagné : il pouvait me repousser quand même. Et m’engueuler. Ah ! Moi qui pensais qu’une fois qu’on arrivait à exciter un peu son mec, on le transformait en bête sauvage : que nenni !
Et là (petite épiphanie personnelle) : Une fois, j’ai dormi chez le-mec-de-la-salle-de-sport. Le matin, il me dit « Je me lève dans 2 min, faut pas que je traine, je dois aller manger chez mes parents ».
Je me suis dit « Ok, tu as 2 min pour le faire changer d’avis ».
(J’étais d’humeur joueuse)
Je l’ai caressé. Genre 10 secondes.
DIX SECONDES et il avait une érection délirante. C’était presque de l’instantanée. J’étais épatée par mon propre pouvoir.
Et je me dis, désabusée : « Il va me dire qu’il doit partir, et que c’est pas le moment. Il va me repousser. Il va s’en aller ».
Et vous savez quoi ?
Pas du tout.
Il m’a sauté dessus, et on a refait l’amour. Encore. Alors qu’on l’avait fait pendant la nuit. (Oui, avec mon ex, 2X de suite, c’est jamais arrivé. Et quand je dis « 2X », c’est sur une période de 24h hein)

Le plus triste là-dedans, c’est que j’en aurais chialé de bonheur. Oui, ce mec était prêt à être à la bourre pour refaire l’amour avec moi. Oui, ce mec a envie de moi. Oui, ce mec réagit à mes caresses. Oui, nous sommes dans ce schéma que je croyais fictif, où l'on se saute dessus sans pouvoir se retenir. PUTAIN CA EXISTE POUR DE VRAI.

Sérieux, croyez-moi quand je dis que je pourrais en chialer.


Evidemment, faire l’amour avec lui n’est pas douloureux. Je m’attendais, pourtant, à avoir mal – comme avec mon ex. Et puis même lors de notre première nuit ensemble (après tout, on flippe toujours un peu, la première nuit).
Mais non : j’ai ressenti du plaisir comme jamais (ou comme "il y a très très très longtemps et je m’en souviens plus").
Je pensais que je détestais la pénétration – ça ne se passait jamais bien, et c’était rarement agréable pour moi.
Mais là tout était délicieusement exaltant.

Je me demande parfois ce que j’ai foutu. Pourquoi j’ai mis tout ce temps, à comprendre ça ? Pourquoi j’ai voulu aller jusqu’au bout de notre couple, pour me bousiller à ce point ?

C’est pareil, j’aimerais, parfois, envoyer un message, pour lui dire que j’ai envie de lui. Pendant l’amour, j’ai envie de lui dire que je le trouve beau. Mais j’ai cette peur irrationnelle que ça le bloque/dégoute/gêne/… Mon ex était évidemment allergique aux mots de l’amour/du sexe. Les sextos, même pas la peine d’en parler. J’adorerai vivre ça – j’aime l’idée de s’allumer à distance, et d’être plus-que-prêt à revoir l’autre. C’est un préliminaire comme un autre ! Mais je ne peux pas. J’ai trop peur. Je ne peux plus me faire repousser. Je suis trop fragile pour ça.

Parfois je me demande si j’arriverai à retrouver ma spontanéité. J’ai l’impression que, à force de « découvertes » avec l’homme qui me désire, il y a du mieux de mon côté. La dernière fois, j'ai un peu plus osé. Parfois je dois me faire violence : le prendre dans mes bras pour lui dire bonjour, ça a été une lutte contre moi-même. Quand je me dis qu’avant, j’étais hyper tactile, et qu’aujourd’hui, toucher ou être touché me gêne, je suis assez désespérée. C’est difficile, de se dire qu’on a perdu une part de soi. 

Mais comme je le disais, je pense que j’ai manqué de lucidité. Je me suis enfoncé dans notre relation, en prenant sur moi tous nos problèmes. J’ai une très forte tendance à la remise en question. Dans l’idée ça ressemble presque à une qualité ; mais en vrai, c’est un gros manque de confiance en moi. Parce que dès que les problèmes sont apparus, JE me suis remise en question (et pas très intelligemment) : qu’est-ce que je fais de mal ? Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ?
(C’est fou comme le manque de confiance en soi est paradoxalement si egocentrique)
J’aurais dû me dire : « Est-ce que je peux accepter de vivre comme ça ? » « Est-ce que c’est ce que je veux ? »

Ces derniers temps (depuis que j’ai rencontré le-mec-de-la-salle-de-sport surtout), je m’en veux de m’être si peu écoutée. D’avoir attendu si longtemps dans une situation où je me sentais rabaissée. D’avoir accepté une situation qui m’a tellement couté sur le long terme.

J’étais amoureuse, pourrait-on dire.

Mais je suis devenu cynique, depuis notre rupture. J’ajouterai donc : est-ce que ça en valait vraiment la peine ?

Je vous laisse juge.
Moi, je pense avoir ma réponse.

6 commentaires:

  1. Perdre sa propre confiance, c'est dur. S'en rendre compte l'est d'autant plus. C'est un travail à faire sur toi-même et t'es sur le bon chemin.
    Déjà tu sais qu'à la base, le problème ne vient pas de toi et c'est rassurant de le savoir.
    (On a beau vouloir jouer aux infirmières et s'accrocher en espérant un changement, malheureusement on n'est pas médecin et on ne peut pas changer et soigner les autres.)
    T'es partie, t'as pris la meilleure décision de ta vie en te disant que tu n'avais plus rien à faire avec lui, que t'as mieux à vivre. Et puis tout simplement tu t'aimes plus que lui quoi.

    Le truc c'est qu'il est très dur de tirer un trait sur une relation que tu pensais être normale alors qu'en fait rien ne l'était :/
    C'est drôle (enfin non) mais je suis en train de bûcher sur un article qui ressemble au tiens sur le fond = le malaise de se rendre compte qu'on a un comportement différent d'avant. Quand on ramasse grave suite à une relation pas équilibrée et saine, on change et on a un comportement tel qu'on se reconnait plus.

    Culpabilise pas. T'es juste une personne généreuse et qui a beaucoup d'empathie pour les gens. Et tu vas rencontrer encore plein de mecs, tu vas évoluer dans le bon sens. Déjà c'est un grand pas cette relation avec le gars de la salle. Mine de rien, tomber sur un mec NORMAL ça fait du bien!!!!!!! Tant à l’ego qu'au moral. Sérieux, c'est tellement mieux comme ça non ?!

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    1. Mais dis donc, t'es trop forte toi ! Tu m'as déjà complètement cernée, et tu dis des trucs justes et hyper vrais !! Tu m'épates. Tu as tout mon respect.
      Et je ne sais même pas sur quoi rebondir tellement tout ce que tu dis résonne en moi.
      Oui, j'ai décidé que je m'aimais plus que lui (et je devrais me rappeler de ça plus souvent, surtout en ce moment)
      C'est vrai, je devrais plutôt regarder l'évolution de ma situation, de mes pensées (et de moi-même) ; j'ai fait du chemin, et si je constate mes blocages, c'est une avancée. (Foutue habitude de voir le verre à moitié vide)
      J'ai hâte de lire ton article sur le sujet. Ca m'intéresse. (Youpi, partageons nos expériences de merde)
      Et oui, oui, oui, c'est tellement mieux comme ça !
      Merci pour ton petit mot, tu as vraiment touché juste ;)

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  2. Une "très forte tendance à la remise en question", c'est souvent qu'une petite partie visible de l'iceberg du manque de confiance en soi.

    C'est ainsi, c'était ta façon d'être à ce moment, pour 1001 raisons qui n'appartiennent qu'à toi (et ton ex) tu as fait comme tu pouvais. Mais quoiqu'il en soit, ce serait dommage de t'en vouloir (encore).

    Le mec de la salle de sport t'a fait "renaître" sexuellement ; il ne te reste plus qu'à en profiter ! ^^

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    1. Ouh, touché !
      Je me demande si on peut un jour gagner une pleine confiance en soi. J'étais déjà pas folichonne avant, mais à la suite de mon ex-relation, ça équivalait à l'effondrement d'un château de cartes.

      J'ai une forte tendance à la culpabilisation, tu as remarqué ? Ça doit être mon éducation judeo-chretienne (ahah)

      Je ne demande pas mieux qu'en profiter désormais ! Mais c'est toujours la question de trouver quelqu'un, si possible quelqu'un de bien, si possible quelqu'un qui reste dans ma vie...
      Bref, compliqué tout ça.

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  3. Aye, je comprend mieux ton commentaire chez moi^^.
    Je comprend cette perte de libido, cette souffrance de ne pouvoir toucher l'autre. Et la douleur des refus. J'ai constater recement, que je gerer ma frustration, mais que je n'accpeter pas les refus (e en pleurer a chaude larme ). Le jour a sa libido reviendra, je pense que je mettrais du temps avant de revenir réellement vers lui. Avant, je portais des costumes coquins, je faisait des streap, un simple mot le faisait bander. donc Avant que je redevienne moi aussi cette ancienne moi. Il ce passera du temps. Mais ne désespérons pas. On arrive a ce reconstruire.

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    1. C'est vrai, les refus sont le pire. On se sens rejeté. Moi je trouvais ça même humiliant - et, oui, à en pleurer).
      Mais vous aviez une vraie sexualité auparavant, donc tu sais qu'il y a un problème à régler. Nous, ça a toujours été comme ça. Et de toute façon pour lui ce n'était pas un problème, donc...
      Si les choses reviennent "comme avant", tu redeviendras peut-être celle que tu étais - avec son aide. Vous aviez l'air d'avoir une sexualité vraiment épanouie ! Si c'est lui qui revient vers toi, il suffira de se laisser aller :)
      Mais comme tu dis, ne désespérons pas !

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