mercredi 30 novembre 2016

Une nouvelle nuit dans ses bras

Moi qui pensais ne plus avoir de nouvelles du mec-de-la-salle-de-sport, j’ai eu la surprise de recevoir un message de lui dimanche soir. Je sortais du boulot, il me demandait ce que je faisais le soir (je ne suis pas naïve, je sais bien que ce genre de message signifie « passons la nuit ensemble »).


J’ai proposé qu’on mange ensemble, il a décliné (où est passé cette époque où nous mangions l’un chez l’autre en bavardant ?)
J’étais contente de ne pas dormir seule, de passer la nuit avec lui, et dans l’ensemble de ne pas être seule tout court (l’échec du concours pèse encore sur mon moral). J’étais contente qu’il revienne vers moi, aussi, évidement. Mais je n’étais pas si impatiente de le voir. Et cette conclusion m’a rassuré. J’ai même failli ne pas y aller, en réalisant qu’il travaillait le lundi, et allait devoir se lever à 7h – et donc moi aussi, alors que c’était mon premier jour de repos depuis 6 jours.

Je me suis quand même demandé si les distances que j’ai prises dernièrement avaient motivé ce message. Mardi je l’ai évité. Jeudi j’ai quitté la salle avant lui, sans un au revoir. Et je m’étais installé à l’opposé de lui – ce qui est suffisamment rare pour être signalé. J’ai eu l’impression qu’il en était d’ailleurs un peu perplexe – mais va savoir, avec ce mec. De toute façon quand je suis partie, il échangeait quelques mots avec une fille en finissant de ranger son matériel. Dans ma tête, je me voyais déjà oubliée, remplacée, moi qui n’existe déjà pas vraiment dans sa vie.

Bref, je suis arrivée chez lui vers 21h. Je lui avais dit 20h, et puis finalement… je n’ai pas envie de courir ventre à terre chez lui. Et encore moins envie qu’il ait cette impression.

Je suis arrivée, il m’a demandé comment j’allais : question qui a la fâcheuse tendance à me foutre en boule ces temps-ci, donc je lui dis de ne pas demander. Ce qui m’a amené à lui dire que j’avais queuté le concours (oui, il retiens mes horaires de travail, mes jours de congés, je suis certaine qu’il se souvenait exactement de mes dates de concours et des dates de résultats, mais ça serait trop s’impliquer que de m’envoyer des messages d’encouragements ou demander si tout s’est bien passé). Et pendant que je fulminais toute seule, je ne sais même plus comment je lui ai dit bonjour. Je crois que je lui ai fait la bise, mais je ne me souviens pas. J’étais un peu en pilote automatique.
Et rétrospectivement, je trouve ça assez drôle (dans le genre « Putain Mademoiselle B. t’en loupe pas une, bordel »)
Dans l’ensemble, j’ai été d’une humeur particulièrement taciturne, et j’ai bien senti qu’il était embêté. Ou mal à l’aise.
Mais merde. C’est comme ça, c’est tout.
Et pour une fois que c’est pas l’inverse, hein…

On a regardé un film, l’un contre l’autre. Mais sans se toucher.

On a un peu discuté, aussi. Il m’a dit « Je vais faire un petit sapin. Genre original. Unique ». Il a toujours des idées très drôles, c’est un p’tit rigolo très imaginatif. Il a ajouté « Tu verras ! ».
J’entends toujours dans ces cas-là « Il y aura une prochaine fois ».
Je lui ai dit qu’il allait falloir qu’il fasse ça avant mon départ – avant le 13.
Plus tard, il m’a demandé les dates où je partais. Et quand je revenais. Je sais qu’il les retiendra.
Et là encore, j’entends « Il y aura une prochaine fois. Je note les dates où on ne se verra pas ».
Mais qui sait ? Peut-être est-il comme L’homme-de-ma-vie, qui agit spontanément aussi, et dit des choses qu’il pense sur le moment, mais qui n’ont finalement aucune valeur ?
Pourtant il me semble moins hypocrite que lui.

Ce n’est que bien plus tard qu’il a commencé à me caresser doucement, sous le plaid, et moi à passer mes doigts sur son ventre doux et chaud, où quelques petits poils rigolos entourent son nombril.
Et puis nous sommes montés nous coucher.
On s’est caressé lentement, tendrement. J’ai appréciée : c’était exactement ce dont j’avais envie. J’aime que, selon les fois, ce soit tendre, ou plus brutal. Moi non plus, je ne suis pas toute seule dans ma tête, et j’ai 100 façons de faire l’amour – ou baiser.
Il a pris tout son temps. Pourtant, il était particulièrement excité.

Et, pour la première fois, j’ai eu un orgasme avec lui. Sous ses doigts, je lui ai offert cet abandon.

Dans un état d’excitation assez avancée, on a continué à se frotter l’un à l’autre.
Et, pour la première fois, on a commencé à faire l’amour sans capote.
Ca faisait longtemps que je voulais le sentir en moi, peau contre peau.

C’est drôle, j’ai un peu l’impression de rayer des « choses à faire absolument avec lui » sur une to-do-list. Un jour il ne restera plus sur ma to-do-list que « Avoir une vraie relation », et je saurais que j’ai atteint la limite de ce qui est possible.
Et j’en arriverai à la ligne : « Lui dire qu’il a beaucoup compté pour toi. Lui dire que tu aurais pu tomber folle amoureuse de lui. Et partir » (Moment que je pensais proche, en l’ayant vu parler à une fille. Un jour il rencontrera quelqu’un, et il me dira que c’est fini. Ou c’est moi qui partirai. Et je lui confierai tout ça. Sauf si ça ne me parait plus si important)

C’est amusant de voir que chacune de nos nuits sont différentes. Là nous avons joué l’un avec l’autre pendant des heures, lui se retirant chaque fois que la jouissance était trop proche, et nous, l’un contre l’autre, l’un dans l’autre, accroché l’un à l’autre, comme pour essayer d’être encore plus à l’intérieur de l’autre, comme pour fusionner complètement.
Et puis ses lèvres. Sur mes lèvres, sur ma peau. Le bruit léger de ses baisers. Qui sonnent comme des mots d’amours dans ma tête – ces mots que nous ne nous dirons jamais.

Et puis, plus attentive, j’ai écouté son souffle, lui qui est hyper silencieux pendant l’amour (parfois je ne sais même pas quand il éjacule, c’est dire). Et, à l’écoute de son souffle, des mouvements de son ventre, j’ai un peu plus réussi à être en phase avec lui. Ce jeu de « je me retire, je me calme, j’y retourne » était un délice à jouer. Jusqu’à ce qu’il me dise « J’ai tellement envie… Ça me démange si fort…. D’éjaculer…. Mais ça va….. C’est si bon ». J’ai trouvé ça incroyablement érotique.

Jusqu’à ce que, n’étant plus sûr de rien, il mette une capote.
(Parce que personnellement, hors de question que je prenne la pilule pour un mec qui n’est pas prêt à s’engager avec moi. Bon, cela dit, s’il m’en parlait, je serais prête à céder parce que j’ai envie de le sentir en moi, peau contre peau. Mais il faudrait qu’il m’en parle. Et qu’on amorce une discussion à ce propos – et tout ce qui va autour, à savoir « qu’est-ce qu’on est, au juste ? ».
Donc soyons honnête : ça n’arrivera jamais)

Ils sont amusant, ces hommes. Je me demande s’ils ont une sorte de tendance inconsciente à vouloir se faire choper, lorsqu’ils sont infidèle (mot mal choisi nous concernant, mais enfin bon)
Ou s’ils nous prennent pour des connes.
Ou s’ils sont naïfs et/ou idiots.
Ça fait deux fois que c’est moi qui sors la capote de la boîte. L’autre fois, il en restait une dizaine. Cette fois : deux. Je ne suis pas stupide. J’en déduis que je suis loin d’être la seule.
Je me demande ce que j’en pense.
Je me demande s’il y a d’autres « régulières », ou si ce sont des coups d’un soir.
Je préfèrerai être la seule « régulière ».
Je me dis qu’il revient tout de même vers moi régulièrement. Malgré une consommation de capotes assez honorable. Je suppose que c’est bon signe. Ou flatteur.
J’ai envie de le croire quand il me dit (même si c’était il y a plusieurs mois) que je suis l’exception dans son lit. Oui, je préférerai être la seule qu’il invite chez lui, sous son plaid, sous sa couette, dans son lit.

Je me demande ce qu’il se passe dans sa tête, et à quel moment et en quels termes il se dit à propos de moi "Je vais lui envoyer un message, j'ai envie de la voir".

Ensuite il m’a tenu très fort contre lui. Il m’a dit « viens là », et on est resté serré l’un contre l’autre, nu, enlacés, jusqu’à ce que nos corps brulants se refroidissent, et qu’il faille retrouver la couette, et retaper un peu le lit. Ensuite on s’est de nouveau serré l’un contre l’autre. Nos visages l’un contre l’autre, comme des chatons. Toujours cette drôle d’attitude fusionnelle. J’ai fini par m’éloigner. Je ne veux pas y croire encore. Je me suis tourné. Mais il est resté proche de moi toute la nuit, à quelques centimètres de ma peau.

Et puis 7h le réveil sonne. Il faut se lever.
Je suis épuisée. Je grogne plus que je ne m’exprime. De toute façon je rentre pour me recoucher.
Il essaie un peu de parler. Il fait l’effort, même s’il est dans le même état que moi.

On sort, on fait quelques blagues sur le froid, et son crane qu’il a tondu ce week-end.

Il a gelé.

Il va falloir gratter la voiture.

Je ne sais pas comment lui dire au revoir. Finalement, c’est lui qui me prend dans ses bras. J’apprécie. Certes, je préférerai l’embrasser, mais cette solution me va – tout, plutôt que se faire la bise.
On n’est pas un couple, d’accord, si il veut, mais merde, on échange nos fluides, on se lèche, on se caresse, on se suce, on jouit ... dans quel monde hypocrite et tordu, après ça, on se fait la bise ?! Désolée, mais non.

Je suis rentrée me coucher. Pour me réveiller vers midi dans mon lit. Comme si tout ça n’avait été qu’un rêve.

Je ne le verrais pas cette semaine à la salle.
Je crois que ça me va.
Besoin de distance.
Peur de replonger.
Le jumeau-tendresse est tellement adorable que je me surprends à y croire, de nouveau. Pourtant je sais que tout ça ne veut rien dire. Et que je ne dois pas y croire. Pas avoir d’attentes.
Mais je replonge, je le sens
Peut-être qu’en fait, c’est plus dur quand il est gentil.

J’essaie de me rappeler que ce garçon est une drogue pour moi : quand je suis dans ses bras, plus rien n’existe. Et puis on se quitte, et je ne suis pas plus heureuse. Mon corps a eu sa dose, c’est tout. Et puis il va me manquer, jusqu’à la prochaine dose.
Larmes aux yeux dans la voiture, en écoutant une chanson dont le refrain dit « Please, please, don’t let me feel so low ». Oui, c’est ce que je ressens, en partant de chez lui, pas plus heureuse qu’en arrivant, parce que je sais que ça n’a pas plus de portée que l’aspect physique – même s’il est plus affectueux, plus tendre, plus accroché à moi que ne l’a jamais été mon ancien copain. Même s’il m’a regardé enlever mes vêtements avec un petit sourire, et une étincelle dans les yeux que je n’avais jamais vu avant. Même si, dans ses bras, quand il est comme ça, je me sens réellement aimée. Même adorée, parfois.
Je ne dois pas y penser.

Je dois réussir à me remettre moi-même au centre de mes préoccupations.
Je dois laisser en place ma barrière, celle qui pose une limite entre les sentiments que j’ai pour lui, et ceux je ne pourrais éprouver que s’il y a réciprocité. La barrière pourra céder très vite si ça vient à arriver - mais ça n’arrivera pas. 
Je me dis que je le vois « en attendant de trouver quelqu’un de bien ». Et je dois me dépêcher de trouver quelqu’un. Même si, quelque part, je déteste ça. Ça me brise le cœur ; j’aurais aimé voir si on pouvait fonctionner tous les deux. J’aimerai lui donner tout l’amour dont je suis capable. J’aimerai lui donner sa chance.


Mais qu’est-ce que je peux y faire, s’il ne veut pas de cette chance ?!

4 commentaires:

  1. Ah ben là encore je me retrouve pas mal ... Dans votre relation étrange et dans les pensées qui te traversent l'esprit.

    Mon commentaire ne sera d'aucune utilité, mais ça me fait du bien de lire des choses si bien écrites qui retranscrivent si bien des choses personnelles. Ça fait beaucoup de "si" et de "bien" et c'est sans doute pas clair, mais j'me comprends !
    :)

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    1. Tu sais, moi ça me fait du bien que tu me dises ça. Donc ton commentaire est loin d'être inutile ! Je me sens moins seule face à, de nouveau, le flou, l'espoir, les "c'est pas possible qu'il ne ressente rien du tout". Bref, les pensées ennemies.
      Oui, elle est bizarre cette relation hein ? Ça me rassure que tu le dise. J'ai jamais eu de "plan cul", mais honnêtement, ça ne ressemble absolument pas à l'idée que je m'en fais. Du coup je ne sais pas ce qu'on est, ni ce qu'on partage. Pour l'instant ça me va... Mais un jour ça va me rendre folle !

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  2. Tant que rien n'est clairement défini tu seras dans le flou :/
    Tu veux clairement une relation "sérieuse" avec lui mais il n'a pas l'air prêt, ne serait-ce que par rapport à l'histoire des capotes.
    Je te trouve terriblement courageuse de continuer à le voir, moi j'aurais lâché l'affaire rapidement.
    Si tu n'en souffres pas pour le moment profite-en :)

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    1. Ce que tu prends pour du courage est, pour moi, une monstrueuse lâcheté : ce flou dans lequel je baigne (et qui participe à mes phases de rechute), ça m'arrange bien. Je pourrais mettre les choses au point : lui demander ce qu'on est, où on va, comment il me voit, s'il voit d'autres filles, s'il y a de l'espoir, s'il ressens ne serait-ce qu'un petit peu de choses pour moi, pourquoi il est aussi câlin,...
      Mais je ne le fais pas. Je suis incapable d'envisager entendre quelque chose qui me blessera (genre "tu n'es personne, on est rien, juste deux personnes qui baisent, je ne ressens absolument rien pour toi, je suis juste assez classe pour te faire l'amour avec tendresse. Et d'ailleurs au fait, c'est quoi ton nom ? Dans mon répertoire je t'ai enregistré sous "Femme n° 97").
      C'est de la pure lâcheté de ma part.

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