samedi 5 novembre 2016

Mademoiselle ouvre un blog

Qu'est-ce qui amène quelqu'un à ouvrir un blog, comme ça, à l'arrache, un samedi soir ?

Forcément une envie (un besoin ?) de s’épancher (loooonguement) sur des angoisses existentielles. En l'occurrence, dans mon cas, celle de finir seule, sans enfants, pendant que le reste de ma famille enfante à tout va (et donc forniquent, les salauds). Et une monstrueuse impression de ne pas avancer.

Et puis le blog de Titiou Lecocq (que je lovelove d'amour) est né d’une rupture. Alors pourquoi pas moi ? 

Cela dit, deux précisions importantes :
1. Je m’identifie beaucoup à Titiou Lecocq, qui s’est séparé à 28 ans et a pas mal ramé (et je me rassure en voyant qu’elle a une vie de famille aujourd’hui. Même si, à la lecture de « Sans télé, on ressent d’avantage le froid », que je vous recommande plus que chaudement, je me dis que mon parcours ne sera forcément pas le même – je suis trop freak-control pour être elle)
2. Je ne viens absolument pas de me séparer. Je l’ai fait il y a un an et demi (j’arrondis à deux, lorsque j’ai envie de me plaindre. J’ai très envie d’arrondir à deux, là, tout de suite, sachez le. Ca doit être l'effet "samedi soir").

Cette intro faite, je peux entrer dans le vif du sujet : mes angoisses existentielles semblent prendre forme. DEUX ANS, bordel (okay, un an et demi) (Un an et presque trois quart, quand même). Alors que mon ex-mec avait déjà quelqu’un alors qu’on était encore ensemble - certes, je ne vous cacherais pas que ça a été l’une des raison décisive de notre séparation. Mais quand même, tant de temps après, je me sens un peu floué. Au jeu de « qui a le mieux rebondit » (a.k.a "le concours de bites"), je me sens minable.

Je savais bien qu’en le quittant, j’aurais du mal à me remettre avec quelqu’un. Pas parce que, comme il a essayé de me le faire croire, je suis une personne insupportable et à moitié folle (je le suis – comme tout le monde). Mais parce que je suis complètement incapable de comprendre comment les gens se rencontrent, se séduisent, se mettent ensemble. Je savais que je le savais – mais j’avais un espoir un peu candide d’avoir évoluée, qu’à mon âge, je n’aurai plus les mêmes problèmes qu’avant, quand j’avais 23, 24 ans.  Que j'étais désormais plus mûre, moins timide, moins asociale...
Eh bien NON. Ca, ça n'évolue pas. Quand on est handicapée sociale, on le reste. Point.

J’aimais être en couple parce que l’angoissante phase de célibat/obligation de séduction était fini, remplacé par le confortable sentiment de ne plus avoir à vivre ça. D’être casé. Plus sur le marché. Plus de pression. Et puis j'aimais notre couple. J'aimais qu'on soit deux pour affronter la vie. J'aimais ne plus être seule.
Mais mon couple a arrêté d’être rassurant et épanouissant. Et j’ai fini par dire stop, face à de trop nombreux problèmes. Et ça a été un très bon choix pour moi. 
Mais le retour à la case « j’ai envie de quelqu’un et je suis incapable de le trouver » est très très dur.

Il y a certes la pression de la famille - mais honnêtement, ce n'est pas ce qui m'embête le plus. Les « Alors les amours ? » , ce n'est pas si terrible quand on le prend avec humour. 

Non, la vraie pression, c’est moi qui me la mets. 

Je suis tombée sur un Buzzfed un peu naze «14 Signs You Are Really, Truly An Adult ». (Je mets le lien, mais il ne vaut pas le détours, soyez prévenu). Le seul truc qui m’a fait tiquer, c’est « Baby announcements are met with joy, not despair ». Et là j’ai réalisé un truc qui me trotte depuis quelques temps : les annonces de grossesses (quelles soient dans mon entourage ou juste dans une série télé) me fichent des sueurs froides. Et je me demande, trempée dans ma sueur glacée, si moi, un jour, je vivrai ça. Et ça me fiche une trouille monstre. Parce que je me dis que peut-être que non. Et c’est un sentiment très douloureux. [Pourtant, ça fait des années que j’essaie de faire croire à tout le monde que je hais les enfants. Et que je les trouve répugnants. Et que je n’en veux pas]

Associé à ça que depuis cette année, plus personne ne m’appelle « Mademoiselle ». Ils se sont tous donnés le mot : j’ai eu 29 ans, et boum, je passe au « Madame ». Je ne fais plus partie de la catégorie des jeunes. Nos stagiaires me vouvoient spontanément – ça aussi c’est nouveau. Je constate un subtil changement dans ma relation avec les gens. Quelque chose s’est passé, à l’insu de mon plein gré, et me voilà "Madame".
Et j’ai juste envie de leur dire : « Hé, je ne suis pas une madame arrêtez ! Je ne suis pas mariée, j’ai pas de mec, je suis toujours jeune et con, je sors beaucoup et je bois trop, et la dernière fois que j’ai été en boîte, j’ai surtout vu les chiottes parce que j’ai fait que vomir pendant 2h (et je ne boirais plus jamais de vodka) ».

Mais entre vous et moi, mes 30 ans qui approchent (dans 7 mois précisément) me fait me dire que j’ai intérêt à me faire à l’idée que je ne suis plus, aux yeux du monde, ce que j’ai l’impression d‘être.

La prochaine fois, j'expliquerai ce que j'ai foutu depuis deux ans/un an et demi. Je parlerai peut-être de la vraie raison qui m'a fait ouvrir ce blog. Ou je ferai une lettre ouverte à mon ex. Ou un peu de tout ça en même temps.

6 commentaires:

  1. Hello.
    Je découvre ton blog et j'aime beaucoup ton écriture. :)
    Courage et à bientôt !
    C.

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    1. Merci pour ce petit mot bien sympathique ! Ça fait toujours chaud au cœur ;)
      Courage à toi aussi ! A bientôt !

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  2. Coucou !
    Je viens de lire ton premier article,
    j'ai 22 ans mais j'ai vécu exactement la même chose il y a peu avec
    un homme que j'aimais.
    Je suis également handicapée sociale, perdue dans son petit monde et ses bouquins, donc je pense que ca a du jouer en ma défaveur.

    Garde courage,

    Bises

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    1. Zut, je t'ai spoilé tes 29 ans alors ?! "Quand on est handicapée sociale, on le reste. Point"
      Bon... Cela dit, il y a encore de l'espoir pour toi ! (Mais les hommes de 22ans sont des bébés) La pression de la trentaine est loin.
      Courage à toi !
      Restons fortes toutes les deux :)
      Bises

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    2. Ne t'inquiete pas pour moi, je ne suis plus seule héhé
      Mais oui, son comportement était digne d'un bébé.
      J'aime beaucoup lire tes billets, et je m'imagine à 29 ans.
      Serrons nous les coudes !

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    3. Han, tu es plus douée que moi au jeu des rencontres !
      Ne t'imagine pas trop plus tard, profite de l'instant présent ! ;)
      Bisous

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