Mais qu’est
ce que j’ai foutu pendant deux ans ?
Bon, il y a
eu quelques petites histoires – pas de quoi faire un roman de Danielle Steel
hein. Ni même un mummy-porn quelconque.
Il y a eu un petit flirt (très tiédasse, vous allez voir) avec un vendeur d’un magasin du coin. Un mec plutôt mignon, plutôt gentil, qui me souriait timidement chaque fois que j’allais faire mes courses. Au bout de 7 ou 8 mois de sourires, de rires gênés en se disant bonjour, et de conversations surréalistes autour des fruits et légumes, on a échangé nos numéros.
Oui, je suis
timide, je mets très longtemps à me lancer.
Donc on a échangé
nos numéros, et on s’est envoyé quelques textos. Enfin…. surtout moi : il
ne répondait jamais, ou presque. Et pourtant, chaque fois que je le voyais, il
me disait « Il faudrait qu’on aille boire un verre cette semaine ».
Au bout de 3
mois, on a réussi à se voir. Genre 1h, autour d’un verre d’eau. (Non, je
n’exagère pas).
Et ça,
c’était il y a 1 an.
Aujourd’hui
encore, chaque fois que je le vois au magasin, il me dit « On pourrait
aller boire un verre. Envoie-moi un message ». Et moi, reine des connes,
j’envoie un message. Et bien sur, il ne répond jamais. (bon, là maintenant,
j’ai arrêté. J’ai un peu d’amour propre quand même).
Mais je
serais curieuse de savoir ce que ce mec à dans la tête, parce que, clairement,
il y a une bizarrerie psychologique là derrière.
[Vous êtes
étudiants en psycho ? Vous savez ce que ce mec à dans la
tête ? Eclairez ma lanterne]
Puis j’ai rencontré l’Homme-de-ma-vie, en
décembre dernier. Beau (somptueusement beau), hyper bien gaulé, drôle,
intelligent, … On est devenu très proche, on s’est envoyé des mails de
plusieurs pages de longueurs tous les jours, en se racontant nos vies, tout ce
qu’on avait en tête… Il m’a parlé de son ex-enfin-pas-tout-à-fait dont il était
encore fou amoureux (et accessoirement avec qui il couchait encore). Il m’a dit
« tu es la personne la plus importante pour moi actuellement ». Il
m’a dit « tu es une personne géniale. J’aimerai vraiment trouver une fille
comme toi dans ma vie ».
Il m’a aussi
dit (mais on avait compris) qu’il n’y aurait jamais rien entre nous. A part
cette solide amitié (qui fait parfois affreusement mal, quand il me raconte ses
histoires avec les filles – plein de filles, vu que c’est un super beau mec,
sociable et séduisant)
J’ai donc cru
crever de douleur cet été. Outre le rôle bien merdique d’être la meilleur amie
quand tu es amoureuse, nous étions partie en week-end ensemble. Si je commençais
à comprendre qu’il n’y aurait jamais rien entre nous, j’espérais toujours un
peu que ce week-end pourrait l’amener à s’apercevoir que je suis la femme de sa
vie.
Evidement,
ça ne s’est pas passé comme ça. Et d’ailleurs, ça ne s’est pas super bien passé
tout court.
Et au
retour, j’étais dans un état lamentable. Je trainais mon mal être et mon
désespoir comme un boulet, en me disant « Fais quelque chose. Change-toi
les idées ». J’étais incapable de rester seule. Bref, j’avais le cœur
brisé, mes espérances en miettes, et j’étais plus que jamais un pèlerin dans un
désert affectif infini (être malheureuse me fait aimer les métaphores).
J’avais
craqué, il y a quelques mois, sur un mec à la salle de sport.
Je ne sais pas pourquoi, la première fois que je l’ai vu à mon cours, il m’a
obsédé. Pourtant, à priori ce n’était pas du tout mon genre. Mais c’était
carrément plus fort que moi : lorsque j’ai pris ma douche en sortant du
cours, je me voyais la prendre avec lui – oui, il m’a fait CET effet là. Je
l’ai revu de temps en temps. Qu’on soit clair : chaque fois que je le
voyais, je passais un cours en plein extase. Je ne sais pas si je faisais mes
mouvements mieux ou moins bien, mais en tout cas la douleur musculaire
m’importait peu : il suffisait que je regarde ses muscles rouler sous son
tee-shirt, ou juste sa peau luisante de sueur, et je ne pensais plus à rien
d’autre. Bref, c’était devenu un fantasme.
Et à priori,
il n’y avait pas de raisons que ça aille plus loin.
Et puis je
l’ai re-croisé plus souvent (faut dire, je faisais beaucoup plus de
sport, à défaut d’avoir une vie affective/amoureuse/sexuelle). Et j’en étais
là, à le voir régulièrement, à le guetter, à l’attendre… Avec mon cœur brisé
par l’Homme-de-ma-vie, et l’urgence d’essayer de faire bouger ma vie plutôt que
de me morfondre. Et je me suis dit que je devais faire quelque
chose.
Bon, là dit
comme ça, ça fait presque la fille qui gère la situation. Mais en vrai, je
précise :
1. Je bavais
sur lui depuis des mois. La première fois que je l’ai vu, ce devait être en janvier.
Et j’ai jamais été foutu de lui dire bonjour, ni même de croiser son regard.
D’ailleurs si par hasard son regard croisait le mien, je baissais les yeux en
rougissant.
2. Je suis
absolument incapable d’aborder un inconnu. Je ne comprends pas ce qu’on peut
bien trouver à dire à quelqu’un qu’on ne connaît ni d’Eve, ni d’Adam. Encore
moins si le but de la manœuvre est cette chose obscure qu’on appelle séduction.
3. Je ne
savais rien de lui. A part son prénom. Que j’ai entendu par hasard.
A ce stade,
j’avais plusieurs plans :
1. Demander
des infos sur lui à ma prof de sport : J’ai jamais osé. Et la seule fois
où j’étais prête à me lancer, j’ai commencé par un timide « Dis-moi…… »,
et c’était tellement inaudible, qu’elle n’a pas compris ce que je disais, et
m’a répondu avec un grand sourire « Bonne soirée à toi aussi ». [EPIC
FAIL].
2. Demander
des infos à d’autres mecs à qui il parle. Problème : il ne parle à
personne. Et le seul à qui il disait bonjour… Je le sentais pas. Trop grande
gueule. (Et je me méfie de la solidarité masculine. Je pratique bien trop la
solidarité féminine pour prendre ce risque)
3. Essayer
de regarder son nom sur sa carte d’abonnement, quand il arrive. Ca nécessitait
une bonne synchronisation et de la chance. Et oser m’approcher à moins de 2
mètres de lui. [Irréalisable].
4. L’aborder
de front. Là, j’avais carrément plein d’idées : « Salut, j’adore
regarder les muscles de ton dos pendant la muscu » ; « C’est
sexy toute cette sueur sur tes biceps, c’est pareil
partout ? » ; « J’atteins des performances de malade quand
tu es en cours avec moi. Je peux lécher ta nuque ? ». [Mais je
crois que les gens normaux ne font pas ça]
5. J’avais
déjà écumé Facebook dans tous les sens, en cherchant parmi les membres de la
salle de sports/personnes qui aiment les publications/amis des amis de la page.
En désespoir de cause, j’avais même cherché tous les mecs portant ce prénom
dans le département – et c’est un prénom très très commun, j’ai passé en revu
des CENTAINES de comptes. (Oui, je suis têtue. Tout plutôt que d’avoir à lui
adresser la parole IRL) En vain.
Et puis j’ai
eu une intuition. Une espèce de certitude absolue, un lundi, pendant un cours
de sport : il est sur internet. Il est sur un site de rencontre. Soit
Badoo, soit Adopte. Allez, je tente Badoo. Je vais le trouver. Je VAIS le
trouver. C’est certain. Je le SAIS.
Et je l’ai
trouvé.
J’étais
partagé entre « Ah ! Je le savais » et « Wow. C’est délirant,
il est là, c’est lui ».
Je passe sur
les aspects techniques (j’ai passé 2h à créer un compte/faire les vérifs de
sécurité/photos (on n’a jamais de belles photos pour ces putains de sites)).
Je passe sur
la prise de contact (J’envoie un message bidon « ça alors, on se connait,
quel hasard »)
Je passe sur
le fait que cette prise de contact m’a tellement angoissé qu’à peine le message
envoyé, je me faisais un torticolis.
J’ai donc
vécu ma pire soirée de l’année (ouais, je peux pas non plus faire croire que
c’est la pire soirée de ma vie, faut pas déconner), à flipper comme une folle.
La distance « c’est internet, c’est l’écran, pas de quoi
flipper » : ça marche pas avec moi. Je flippe. Croyez moi quand je
dis : la séduction est une foutue source d’angoisse pour moi.
Et puis en
fait il m’a répondu. Il voyait tout à fait qui j’étais. Et à ce stade, je suis
tombée de haut :
1. Il
écrivait mal. Mais vraiment très très mal. Des fautes d’orthographes absolument
partout. Et les pires fautes du monde. De quoi avoir des envies d’homicides
quand on aime un peu la littérature. Et j’aime beaucoup la littérature.
2. Il ne
racontait pas grand-chose d’intéressant. J’irai même jusqu’à dire qu’il n’avait
rien à raconter.
3. Ses
passe-temps ne me faisaient (vraiment) pas rêver. Et, clairement, nous n’avions
pas spécialement de points communs. DU TOUT.
4. Au bout
de 2 jours, « lol » et « mdr » me filaient de l’eczéma.
Parce que c’était la majorité de ses phrases. (Sujet + verbe +
complément ? Allons, c’est démodé ma bonne dame)
Au final ça
m’a énervé. D’ailleurs je me suis un peu énervée contre lui, à un moment. Et puis
je l’ai revu à la salle de sport, et puis ce truc, cette attirance de malade
m’est retombée dessus. D’autant plus qu’il m’a fait un sourire – il ne souriait
jamais. Et clairement, ce mec à deux visages : un visage fermé, son visage
habituel, et un visage avec un sourire à 10 000 volts. Et puis je devais absolument essayer d'oublier "L'homme de ma vie". Alors je me suis dit
« Laissons lui une chance à l’oral ». Et je lui ai proposé d’aller
boire un verre (là par contre, grosse initiative de ma part, je sors de ma zone
de confort et je me mets dans une situation angoissante pour moi). Et je dois
bien admettre que j’ai vraiment flippée de passer un mauvais moment – je veux
dire TOUT semblait concourir à mal se passer.
Et vous
savez quoi ?
J’ai passé
un putain de super bon moment.
Je ne
l’explique pas. Mais en fait TOUT chez ce mec est inexplicable pour moi : Physiquement je ne comprends pas mon attirance (pour être plus
précise : il se rase le crane et d’habitude, les mecs sans cheveux me
dégoutent. J’aime vraiment beaucoup les cheveux). Le jour du rencard, il est arrivé avec des
fringues aux couleurs pour le moins improbables (heureusement que je ne suis pas épileptique). Intellectuellement, on ne partage rien. Il écrit mal.
Et pourtant,
il m’a fait mourir de rire, il m’a fait me sentir bien. Il m’a intéressé.
Oh et puis
merde, soyons honnête jusqu’au bout : à la fin de la journée, "l'Homme de ma Vie" était
passé franchement au second plan dans ma tête. Un truc que je n’aurais jamais
cru possible. Et je sentais que je
pourrais tomber amoureuse de ce mec.
D’ailleurs,
je sentais que je commençais déjà à le faire.
C’était le
15 aout.
Et
l’histoire ne faisait que commencer.
(à suivre)
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