jeudi 12 septembre 2019

"Non mais toi tu n'as pas encore trouvé de mari, et tu n'as pas encore d'enfants"... et autres phrases de merde

Être célibataire à 32 ans peut provoquer des effets secondaires indésirables dans l'entourage.

A la suite de cette phrase qu'on m'a balancé récemment (titre de cet article), j'ai réfléchi à tous les trucs qu'on a pu me dire, ces dernières années, les pseudos conseils, les expressions ou les "règles" à la con, banalités et grosses conneries.
Et j'ai réfléchis à ce que ça provoquait en moi : j'ai réalisé que j'avais intégré beaucoup de choses, et que ça me pourri la vie au quotidien.... Et accessoirement, ça permet à ma psy de rénover sa maison grâce au fric que je lui lâche chaque mois.


« Tu verras quand tu auras des enfants »


... Qui est souvent un prétexte pour se plaindre qu'avec des enfants, ce n'est plus possible de sortir, d'aller au ciné, de faire des sorties culturelles ou divertissantes, et que toutes les sorties en famille se transforment en épreuve.
Ou, mieux, au travail, qui est un prétexte pour dire : « MOI j'ai droit en priorité aux semaines de vacances scolaires parce que j'ai des enfants ».
Ce à quoi je répond : « Tu as des enfants parce que tu l'as voulu, et c'est TON problème ».
Et généralement, très très énervée, j'ajoute que peut-être que je n'aurais jamais d'enfants. Pourquoi devrais-je absolument en avoir ?! Parce que j'ai un utérus et que ce serait con qu'il prenne la poussière ?

Cette phrase me rend cinglée depuis des années. Et outre l’imbécillité d'une telle remarque, est-ce que quelqu'un s'est déjà dit que, peut-être, une personne n'a pas d'enfants parce qu'elle ne peut pas ? Certes, moi je n'ai "juste" pas d'homme sérieux potentiel pour envisager d'en avoir... mais justement, c'est quelque chose que je subi, ce n'est pas un choix, et ça me fait souffrir.
Mais je pourrais aussi être stérile.
Ou malade.
Avoir le sida.
Ne pas réussir à tomber enceinte.
Je pourrais souffrir de ne pas pouvoir être mère.
Pourquoi personne ne pense à ça ?! 

Parfois, j'ai envie de prendre un air très sinistre et lâcher : « Je suis stérile.... », juste pour mettre les gens mal à l'aise, et leur faire réaliser que le fait d'avoir ou non des enfants est de l'ordre de la vie privée (et qu'ils auraient préféré que je ne dise rien).
.... Mais je suis trop superstitieuse, j'aurais l'impression de tenter le diable.

Je corrige très souvent ce genre de remarque, lorsque j'en parle, par « SI UN JOUR j'ai des enfants ».
Qui me semble un peu plus réaliste et moins engagé.

Si j'ai le malheur de tenter le dialogue, pour dire « Je n'ai personne dans ma vie, alors c'est loin d'être à l'ordre du jour », j'ai droit à :

« Oh tu verras, tu vas trouver ! »


Soyons clairs :
- Déjà personne n'en sait rien
- Les 4 dernières années n'ont pas données raison à ces personnes.
- En terme de ratio, sur ma vie d'adultes, j'ai eu une relation sérieuse de 4 ans. Ça fait 4 ans sur 14 ans de vie d'adulte. (Les statistiques, ça a toujours le mérite de poser les choses)
- J'aimerai qu'a la place de "Tu vas trouver", on me dise « Le principal c'est d'arriver à être heureux ! ». 
Ça m'éviterai d'être persuadé que j'ai tout raté parce que je suis célibataire.

« Jolie comme tu es, tu ne vas pas rester seule ! »

« D'accord, ça sert à rien, mais c'est joli, et à 1€, ça devrait partir vite ! »
Alors déjà, je préférerai qu'on veuille être avec moi pour mon esprit, pour mon humour, peut-être même pour mon caractère (d'accord, là c'est loin d'être gagné). Genre pas comme un bibelot ou une potiche.
Merci.

« C'est quand tu n'attends plus, que tu trouves ! »


Alors dans l'absolu, oui, c'est pas faux.... Preuves en est de Charles-Henri, arrivé dans ma vie sans prévenir. Ou Miguel, que je n'attendais pas. Et même Julien, qui a fait une entrée fracassante alors que je me disais justement « Dis donc, je suis quand même bien toute seule ».

Vous me direz, cette expression ne dis pas forcément qu'on est censé trouver "le bon" hein.

« C'est après avoir connu le pire, que tu trouve le bon »

Ça, j'avoue, j'ai voulu y croire, et je me le suis répété souvent, comme un mantra, comme si c'était une vraie règle, un truc avec un appui solide.

Sauf que voilà : dans mon cas, c'est quoi, "le pire" ?

Je pensais que c'était mon ex, asexué après qui j'étais en morceau à penser que je n'aurais plus jamais de relations amoureuses ni sexuelles.
J'ai su me relever, et je ne dirais pas que le-mec-de-la-salle-de-sport était le pire, mais j'ai quand même vraiment morflé. Hector a été une sacrée foutue histoire de merde (et d'ailleurs il continue de m'écrire et j'envisage de porter plainte, je ferai un article là dessus à l'occasion), et il pouvait aussi prétendre au trophée.
Mais en fait non, le pire, c'est clairement Charles-Henri. J'ai vraiment touché le fond.
Alors j'ai cru que Miguel était "le bon". Il en avait l'air, et puis... je crois que je voulais qu'il le soit. Ça partait bien pour ressembler à une belle histoire, celle qui essuierait mes larmes.
Sauf que non. Parce que cette règle de merde "C'est après avoir connu le pire, que tu trouve le bon", c'est évidemment du vent, ça ne repose sur rien, et qu'il n'y a aucunes règles en la matière.
Et donc pour finir, on peut classer dans le Top 3 des pires mecs de ma vie Julien, qui sort tout juste d’hôpital psychiatrique.

J'ai chaque fois l'impression de toucher le fond, et de mériter de trouver le bon gars. Parce que ça aussi on te le dis, quand tu rames à trouver quelqu'un : « Tu le mérites ! ».
Alors j'y crois.
Sauf que ça ne marche pas comme ça.
Sauf que j'arrive toujours à faire pire que ma précédente rencontre.
Et que peut-être je ne trouve pas le bon gars parce que ce n'est pas une histoire de mérite.

La seule chose qu'il faudrait dire, c'est « Ça prouve qu'on peut se remettre de tout, que tout le monde est unique mais personne n'est irremplaçable. Et la vie continue »

"Non mais toi tu n'as pas encore trouvé de mari, et tu n'as pas encore d'enfants"

- Je dois impérativement accomplir cette quête ?
- Ma vie est incomplète ?
- JE suis incomplète ?
- Parce que j'ai un utérus, ne pas l'avoir (encore) utilisé, c'est mal ?
- Un enfant est un passage obligé dans une vie ?
- La remarque serait la même si j'étais un homme ?

Cette phrase m'a été lâché par ma tante, qui, je pense, n'a absolument pas vu le mal. Moi dans un premier temps, j'ai flambé de colère.
Et puis ensuite, cette phrase m'a ruiné ma journée.
Ma soirée.
Ma semaine.
Ça me fait encore mal. 
Qu'importe ce que j'ai accompli ? Que j'ai un boulot passionnant et que j'aime, que je fasse des tas de choses, que j'ai acheté une maison, que je me sois construite toute seule et avec toute l’opiniâtreté dont je sois capable ? Si je n'ai pas de "mari", rien ne compte, et pour ma famille je suis une ratée ?!

D'autant plus que je sortais tout juste de l'histoire avec Julien, que j'ai tout gardé pour moi pour n'inquiéter personne, et qu'il y a des jours où j'aurai juste voulu virer mon masque, pleurer un bon coup et me faire consoler par ma mère.
j'ai envisagé, plaisir malsain, de tout lâcher : « Attends Tatie, je vais te raconter l'histoire du dernier mec avec qui je suis sorti, et puis ensuite on reparle de cette histoire de mari ».
Je ne l'ai pas fait. 
j'aurai pu aussi être méchante : J'ai déjà parlé de ma tante, dont le mari, cinglé, s'est pendu dans la cage d'escalier après des années à lui pourrir la vie et entre deux séjours en asile. J'aurais pu dire « c'est avec ton expérience du mariage que tu comptes me convaincre ? »
Evidemment, je n'ai pas dit une chose pareille.
Mais j'avoue que cette remarque venant justement d'elle, qui devrait être la personne la plus indépendante qui soit, m'a donné l'impression d'être une vraie merde. 


Outre la blessure (un peu égocentrique) sur le moment, l'autre problème, c'est que j'ai intégré toutes ces petites phrases anodines, malgré moi. Et que même si, rationnellement, je peux reconnaître que rencontrer "le bon" ou "la bonne" n'est qu'une affaire de chance, que ça ne remet pas en cause ma valeur, et que ma vie est ce qu'elle est et que je dois être heureuse avec ce que j'ai.... Malgré tout ça pulse, là, dans mon cœur : je continue à me dire qu'il me faut quelqu'un dans ma vie pour être "complète". 
Pourquoi ? Je ne sais même pas.

Ce serait tellement plus bénéfique de dire aux gens « Commence par t'aimer toi, aimer la vie, aimer TA vie, c'est le plus important ! ».

PS: Petit baume au cœur toutefois : Lorsque je rédigeais cet article, y mettant tout mon énervement contenu, une vieille dame de ma connaissance est passée : 84 ans, très élégante, très vieille France.  
« Je viens d'avoir les enfants pendant un moment, je n'ai pas pu venir. ....Pffff.... Vous avez des enfants vous, non ? Non ? Ooooh ! Vous avez de la chance de ne pas avoir d'enfants ! Vraiment, c'est une chance pour certaines choses ! »
« Oui je sais », ai-je répondu en riant.
Mon Dieu que ça fait du bien !!!
Elle m'a ensuite dit, avant de partir : « Demain [Dimanche], levée à quelle heure ? »
J'ai souri : « Ouh.... 10h je pense ! »
Elle a hoché la tête, grand sourire et regard entendu.

6 commentaires:

  1. C'est clair que pour un homme, c'est pas du tout ça. Limite c'est l'inverse, genre "t'as trop de la chance", "t'es libre de faire ce que tu veux", voire même "tu peux avoir une meuf différente chaque soir dans ton lit" (j'abuse un peu ptet, enfin de toute façon, je parle pas de moi).

    Les traditions ont encore de beaux jours devant eux, et il est vraiment temps que les mentalités évoluent. Le pire, c'est que je suis sûr que certains parmi ceux qui te le disent t'envient secrètement et te jalousent de ta "liberté".

    Par contre, moi clairement, je serais moins gentil que toi devant ces remarques. Je leur ferais bien comprendre ce que je pense de tout ça. Moi, antisocial ? Noooooon.

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    1. Mais voilà, c'est ça ! Pour un homme c'est la classe. Pour une fille c'est la loose.
      Le pire dans tout ça, c'est que si je suis dans une période de déprime "J'ai personne et j'y arriverai jamais", on me dit "Mais arrête, tu as une chance de ouf, tu es tranquille !". Si jamais je l'assume "Ok, j'ai personne, mais là franchement je le vis bien", on me dit "Tu peux pas continuer comme ça, non mais tu te rend comptes ?! Comment tu vas faire ???"
      .... Et sinon je m'y retrouve comment, moi, là dedans ?!

      Hum... Cela dit, tu n'as peut-être pas tort. Et puis je ne suis pas hypersociale moi non plus, loin de là. Je me suis déjà fritté avec des collègues à ce sujet, et du coup plus personne ne parle de bébés devant moi. Ça jette un froid, mais ça à le mérite de poser les choses :p

      De toute façon s'il y a bien un truc qu'on ne maîtrise pas, c'est les rencontres que l'on fait...

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  2. Dix années de plus que toi et j'entends à peu près les mêmes réflexions, pas celles sur les enfants mais soit. "Une fille comme toi qui n'a pas d'homme ce n'est pas possible", que je traduis par "mais quel foutu caractère elle doit avoir"...
    "Tu verras tu vas trouver"... J'ai déjà recadré aussi, "trouver" sous-entend qu'on cherche, hein, chaque fois qu'on met le nez dehors c'est bien entendu pour "trouver quelqu'un, parce qu'on ne peut pas être heureuse seule... Pour certains proches, me "trouver quelqu'un" est limite une obsession, du coup je suis toujours sur mes gardes en sortie. J'en discutais avec une amie, je ne comprends pas pourquoi ma vie sentimentale tracasse tant les gens, alors que je ne m'en plains jamais, que j'ai une chouette vie bien remplie, des enfants épanouis, et que j'ai aussi acheté une maison toute seule (c'est mon dernier projet, ma grande fierté... mais maintenant que c'est fait, j'ai déjà entendu PLUSIEURS fois "nouvelle maison nouveau chéri"... soupirs...

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    1. Nooooon ?! Mais arrêtes, je me disais qu'en vieillissant, ça finira par se tasser ! On ne nous fichera donc jamais la paix ?!
      Cela dit, je n’interprète pas la phrase "Une fille comme toi qui n'a pas d'homme ce n'est pas possible" comme toi : J'entends plutôt que les gens te trouvent super, et ne comprennent pas ta solitude. Par contre ils se disent peut-être que tu es difficile ou trop exigeante. (Mais heureusement, qu'on l'est !)
      Ah oui, moi aussi j'ai entendu "nouvelle maison nouveau chéri". Bon, ça va faire deux ans que j'ai acheté maintenant, alors cet espoir là est retombé. Il y a aussi "Tu vas peut-être te trouver un petit artisan mignon, parmi tout ceux qui viennent chez toi !".
      Oui parce que, acheter une maison toute seule et rénover, mais OHLALA, comment tu vas faire sans un homme ?! Tout le monde a oublié que mon ex ne savais même pas poser une étagère droite, et que je gérais ce genre de choses moi même...
      Tu as eu quelqu'un dans ta vie ou tu as fait le choix de faire des enfants toute seule ? (Si la question est trop indiscrète, n'hésites pas à me le dire. Ou si tu préfères qu'on aborde ça en Messages Privés)

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  3. Non pas de souci, ce n'est pas indiscret, j'ai été mariée et j'ai eu 2 enfants, je suis restée 17 ans avec mon ex mari. Nous sommes en bons termes aujourd'hui. J'ai une belle vie "derrière", donc je ne suis pas plus pressée que ça de me mettre avec quelqu'un, d'autant que j'apprécie ma vie. Après je suis comme tout le monde hein, je ne serais pas contre que la petite flamme se rallume, mais ce n'est pas une quête absolue.
    Ah ah la maison à rénover "sans un homme t'es sûre de ce que tu fais" j'y ai eu droit aussi ;)

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    1. Je te comprends tout à fait. Et 17 ans, c'est une belle relation - si vous avez su rester en bon terme, c'est encore plus merveilleux.
      J'ai cette vision aussi que tu peux un peu te "reposer" après ça, en mode "J'ai fait ma part, j'ai deux beaux enfants, une belle relation, aujourd'hui je profites de moi même". (Et pourtant, ton entourage souhaite te recaser. C'est ça, que je ne comprends pas !)
      Après, il n'y a pas d'âge pour (re)tomber amoureux, et qui sait... :)

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