mardi 5 novembre 2019

Un sentiment d'imposture

Je souhaite garder une distance, je souhaite ne pas le revoir trop vite, et ne surtout pas m'attacher, garder tout ça sous contrôle.

...

Enfin, c'est ce que je souhaitais.

La dernière fois qu'on s'est vu, quelque chose a cédé ; les barrières de la prudence, certainement, quand j'ai constaté que finalement, on ressentait les mêmes choses.
Alors j'ai quand même gardé une distance, je me suis forcé à ne pas lui écrire trop vite (mais je l'ai fait tout de même le surlendemain), et j'ai proposé qu'on se voit une semaine plus tard. 

Le hasard fait que ça tombe à chaque fois sur des mardis.

Les messages que l'on s’envoie sont longs, spirituels et drôles. Il me parle de biais cognitif, de masculinité, de féminisme, de déréliction, et lâche parfois au milieu de ce langage soutenu une ou deux grossièretés - j'adore.
Les messages s'interrompent pendant le weekend - à ma demande, bien que ça me mette à l'agonie. Heureusement je travaille, heureusement j'ai mille choses à faire, avant le message du dimanche, vers 22h30, quand il rentre.

Est-ce que nous sommes hypocrites ? Peut-être...

Les 7 jours qui ont séparés nos deux rendez-vous m'ont paru une éternité. Le lundi était interminable. Le mardi s'est étiré en longueur - jusqu'à 18h30, où je suis partie le rejoindre chez lui.
Et puis la panique, dans la journée : Est-ce que je suis assez bien ? Est-ce que je suis assez épilé ? Qu'est-ce qu'il pense de moi ? Je suis tellement négligée, et s'il me faisait une Charles-Henri ?!
Je prend rendez-vous en urgence dans un institut. A 16h30, je suis en train de me faire arracher les poils la peau par une esthéticienne qui s'y reprend à 4, 5, 6 fois au même endroit - et je sens qu'elle panique. Pendant les 35 min que dure cette séance (qui normalement est bouclé en 10 min), je me répète "J'aurais pas dû faire ça. J'aurais tellement, tellement, tellement pas dû faire ça".
J'en ressors en sang, la peau violette, une brûlure sur la vulve, et dans l'ensemble je souffre le martyr. 
Non seulement je me sens comme une très, très mauvaise féministe, mais en plus mon minou est un champs de ruines incandescentes. Ma peau sent la cire, et l'odeur imprègne mes sous-vêtements.
Je me hais de mes complexes, je hais cette tyrannie du poil à laquelle je me plie.
Malgré une forte envie d'annuler la soirée, je pars rejoindre Isaac chez lui. 

Il m'accueille à la porte, m'embrasse tendrement. 

Il coupe des pomme de terre et prépare le repas, avec une minutie et une patience qui me rappelle sa façon de faire l'amour. Ça me fascine.
 Je le regarde s’activer, se disperser, faire cinq choses en même temps et n’en finir aucune. Il admet lui-même être fébrile, et parfaitement inefficace. Je le regarde sourire – est-ce que j’avais déjà remarqué, cette petite fossette près de son œil, qui n’apparait que lorsqu’il sourit ?

Il me regarde, un peu plus tard, et me dis "Mais tu es toute belle, je n’avais pas vu ! J'ai rarement eu l'occasion de te voir en robe ou en jupe...". 
J'ai passé un temps considérable à choisir ma tenue, élégante et sexy, mais plutôt crever que de l'avouer. Faussement modeste, je lance un petit "Oh ? Tu trouves ? Eh bien... Merci beaucoup !".

Je ne suis pas trop dans mon assiette, mes révisions pour le concours m'ont plombés, je bloque sur un thème, et puis le découragement m'est tombé dessus, et nous parlons longuement des concours, en général. 
Il a passé des concours de ouf, il a préparé le concours de l'ENA, a passé des concours où ils étaient plus d'un millier pour une cinquantaine de postes au final... Alors mon ration "60 candidats pour 24 postes", ça ne l'impressionne pas trop. Il me donne des conseils, il essaie d'être bienveillant - mais en réalité je crois que je déteste être dans cette situation de faiblesse devant lui. J'ai l'impression de gâcher la soirée, et ça me met mal à l'aise.

Nous nous installons plus tard pour manger. Il a ouvert une bouteille de vin ("J'ai acheté cette bouteille il y a 18 mois et je l'avais oublié... Bon... Au moins elle n'est pas morte.... Mais ce n'est pas foufou"), il a coupé les tomates que j'ai apporté, et s'est lamenté d'avoir oublié d'acheter de la mozzarella. Je prends un air hautain pour répondre "Mes tomates de mon jardin sont tellement bonnes qu'elles se suffisent à elles-mêmes, pas besoin d'autre chose, elles sont parfaites". Il rit, mais il acquiesce dès la première bouchée.

Nous parlons, comme toujours, ces conversations à cent à l'heure. Nous nous découvrons. J'apprends, sidérée, qu'il appelle ses parents par leurs prénoms. Il assume tout ce qu'il raconte, tout ce qu'il a vécu. Il n'est pas humble - mais pas fanfaron pour autant : il est juste, et objectif. Il a beaucoup travaillé pour être là où il est aujourd'hui, musicien, employé, homme accompli. Il ne vise rien de moins que l'excellence - voir au-dessus. Il méprise les personnes qui se laissent porter, les personnes qui n'ont pas de ligne de vie, il exècre la médiocrité. Il est passionné, enflammé, il veut être une personne juste, la meilleure possible, et contribuer, à sa toute petite échelle, à rendre le monde plus beau.

Je crois que ça me blesse. 
Certes, je suis une perfectionniste, certes j'essaie de m'améliorer, certes je travaille beaucoup... Mais je suis, je pense, une personne très médiocre. Je n'ai jamais atteint l'excellence nulle part, je ne suis pas autant engagé dans le monde qu'il l'est lui. Je repense à ce que j'ai dit, l'une des premières fois où on s'est vu : "Je laisse les choses venir, et je fais avec". Typiquement le genre de truc qui le débecte, finalement ?! Je crains le moment où il réalisera que je suis une inculte qui sait bien se dissimuler, que je suis une personne très moyenne,  dans tous les aspects de ma vie. Est-ce qu'il me méprisera ?
Je me sens affreusement mal.

A un autre moment, il dit « J’ai plusieurs vie dans ma vie. Ma carrière, ma musique, mes implications associatives. Et puis ces bulles de bonheur, comme tu les appelles ».
Là encore, et sans vraiment pouvoir l’expliquer, je le prends mal. C’est pourtant les mots que j’ai employés la semaine dernière. C’est pourtant ce qu’on vit. C’est pourtant la réalité.
Pourquoi ça me blesse ?!  

Et puis je me confie à lui. C'est terrible, et ça sort par vague, sans que je l'ai prémédité, c'est très mal exprimé, pas du tout structuré, je lui raconte que je n'ai pas de nouvelles de mon père depuis quasi deux ans (mais de toute façon il s'en fout, de moi, et nous ne partageons rien), que je suis une petite fille effrayée, qui lutte quotidiennement contre la voix de son oncle qui résonne depuis l’adolescence en lui disant qu'elle n'est rien, qu'elle n'est personne et que personne ne l'aimera jamais. Je lui dis que je trouve infiniment plus facile d'aimer les autres que de s'aimer soi-même - et d'ailleurs je ne m'aime pas.
J’emprunte sa cigarette, un nuage parfumé flotte entre nous - aujourd’hui, c’est ice-tea pêche.
« Foutaise, il faut s'aimer soi-même pour aimer les autres, pour être aimable ».
Je ne crois pas - ou alors pour être aimable, oui... Mais pas pour être aimant.
Je lui montre à voir mes failles, je m'expose dans toute ma fragilité - et je ne sais pas pourquoi je fais ça, je me déteste de faire ça. J'ai l'impression de chercher à me justifier : "Si je ne suis pas une personne aussi forte que toi, c'est parce que j'ai un passif". "Aime-moi".
Je m'en veux.
Je trouve cette soirée catastrophique, et j’ai envie de partir. Est-ce qu’il ressent la même chose que moi ?

Je sors le dessert que j'ai apporté, dont je tais les ingrédients pour le laisser deviner. Intrigué par la couleur vert-wasabi, il ne parvient pas à trouver. Il ne tombe pas trop loin finalement, et je confirme ses soupçons : c’est une crème Avocat-Poire. « Mais c’est prodigieux ton histoire ! ».
« Bon, je n’irai pas jusque-là, quand même…. »

Il fait un brin de vaisselle, et me rejoint au salon, où je suis adossé à la baie vitrée. « Tu as envie d’autre chose ? ». Je secoue la tête. J’ai juste envie de lui – même si je me sens triste, et mal. Je me blottis entre ses bras – ce soir, cette nuit, j’ai besoin de tendresse.
On s’embrasse longuement, au milieu du salon, devant la baie vitrée. Il enlève mon tee-shirt, retire mon soutien-gorge. Je suis moyennement à l’aise, il y a un vis-à-vis… Et puis je me dis qu’il fallait qu’Isaac choisisse le jour où mon entrejambe est un champs de ruine pour vouloir coquiner en pleine lumière. Du coup je l’emmène dans sa chambre – dans la semi-pénombre, on ne devrait pas voir les plaques violacées sur ma peau.
Je le déshabille, je lui saute dessus pour lui éviter de s’approcher de moi. J’ai peur de ma peau à vif, qui dégage cette écœurante odeur de cire (plus jamais je ne ferai ça, plus jamais). Quand je le regarde, et que je vois que lui est totalement naturel, et quand je repense à nos conversations sur le féminisme, je me dis que je suis complètement à côté de la plaque.
Et bien sûr, mes esquives ne font pas long feu : c’était sans compter sur son obsession de me dévorer, à chaque fois – et son plaisir est visible. Il se met à genoux, et me cale sur lui, pour m’embrasser, me titiller, me lécher passionnément.

Tendue, je le regarde.
Apparemment, il ne remarque pas l’odeur de cire.
Bon.
Je vais peut-être pouvoir me laisser aller.

Sauf que, bien sûr, ma peau est à vif. Et son menton, dont les poils de fin de journée commencent à râper, irrite encore plus cette zone ultrasensible.
Mais comme c’est absolument hors de question que je lui explique mon délire, je prends sur moi. Et finalement, j’oublie tout le reste sous sa langue. Ma tête est renversée en arrière, mon regard est perdu dans les limbes, le ciel est bleu profond, traversé de nuages transparents comme des voiles.

Je me sens comme la terre qui tremble sur ses fondements ; je suis la maison Usher.

Plus tard, il me surplombera. Je pense qu’il espérait une cravate de notaire, mais là c’est juste physiquement impossible avec mon petit bonnet A. Il caresse mes seins, il se penche en arrière pour continuer de me titiller. Je le prends dans ma bouche, mais la position n’est pas terrible - pourtant, j’ai le sentiment qu’il l’apprécie. Il reste un temps assez long, assis sur mes hanches – j’aime ce renversement de situation, et je me gorge de son visage, de sa silhouette fine au-dessus de moi. Lorsqu’il se penche, je caresse, comme hypnotisé, les muscles de ses épaules, les tendons qui affleure et se tendent sous sa peau. 
  
Lorsqu’il enfile un préservatif et qu’il me pénètre, tout mon corps se contracte autour de lui, et nous poussons tous deux un soupir guttural, animal. Nous nous agrippons l’un à l’autre, nous enfonçons l’un dans l’autre, désespérément, passionnément. J’ai des frissons dans tous le corps, et j’ondule sur lui, le sentant tressaillir à chacun de mes mouvements. Il est allongé sur le dos et je le regarde avoir son souffle qui accélère, qui se saccade, et puis prendre de grandes goulées d’air, alors qu’il se perd dans sa jouissance. Son souffle est passé du rauque à l’aiguë , et je reste fasciné par cette musicalité dans son plaisir.
On reste collé l’un à l’autre, je m’enfouis dans ses bras, on se caresse, et puis on fait l’amour à nouveau – une, deux fois ? Je perds le compte, je suis perdu en lui, j’oublie le monde, j’oublie tout. Plusieurs fois il m’emporte au seuil de la jouissance, et il me manque un minuscule petit rien pour basculer complètement. C’est à devenir folle. Je suis trempée, je suis excitée, je lui saute dessus, je le dévore, je plaque mes mains sur ses épaules, mes ongles dans son dos, mes dents sur sa peau. Je suis électrisée.
Il me procure un cuni d’une application exemplaire, qui me chavire complètement. Plus tard on refait l’amour, et j’observe, avec la même attention sérieuse, les expressions qui passent sur son visage, et l’expression de son extase.

Pourtant, j’ai l’impression que ce n’est pas comme les fois précédentes – mais peut-être ne s’agit-il que de mon propre état d’esprit, qui teinte tout de gris.

Nous somnolons l’un contre l’autre, avant que je ne le réveille en allant aux toilettes.
Et je sais exactement ce qui va se passer….
Banco : il se lève, ramasse nos vêtements, va se brosser les dents, file à la cuisine, puis au salon, puis à la cuisine, puis aux toilettes, cherche sa cigarette, revient, repars…. Pendant que je l’attends, mi-amusée, mi-impatiente de me réfugier dans sa chaleur. L’odeur de thé glacée est prégnante, quand il ferme le volet. J’entends la pluie tomber drue.
Je le respire, et je sens les mille et une odeurs de sa peau : son parfum, tout d’abord, qui lui va comme un gant. Puis l’odeur du savon d’alep. Près de son oreille, en haut de son cou, une odeur plus boisé. Une légère odeur marine, iodée ; il s’agit peut-être d’une fragrance de lessive. Par-dessus cela, une légère odeur de transpiration, masculine, excitante.

Je crois que je m’endors assez vite. D’abord contre lui, je me tourne assez vite pour le laisser s’imbriquer contre mon dos. Une partie de moi, malgré le shoot hormonale qu’on vient de se faire, est encore désespérée du déroulée de la soirée. En plein doute, en plein syndrome de l’imposteur.
Mais je m’endors. Sa chaleur contre moi me calme, je rêve, cauchemars improbable, que je tente d’arrêter une messe noire menée par Marie Laveaux, qui s’apprête à faire des sacrifices humains, et je rejoue le rêve encore et encore jusqu’à trouver la sortie, jusqu’à sauver la situation.
Le réveil me sort de mes songes, et je me retrouve dans l’exacte position dans laquelle je me suis couchée, Isaac toujours contre moi. Je panique : j’ai hyper bien dormi, je suis super reposée, mais finalement, j’aime tant me réveiller plusieurs fois par nuit pour le caresser avant de me rendormir !

Je me tourne vers lui, je le serre contre moi. Je sens qu’il a envie de moi – j’ai mal, j’ai encore tellement mal, mais j’ai aussi tellement envie de l’entendre, à nouveau…
Je le caresse, puis je descends, sous les couvertures, et le prend dans ma bouche. Je le sens se tendre, je le sens accompagner le mouvement. Il est loin du Isaac avec qui j’ai couché il y a un mois : je peux jouer avec lui assez longtemps, avant de l’entendre gémir, puis jouir. Sifflements au milieu de ses halètements, petits bruits animal. J’adore.

On reste l’un contre l’autre.
Il me regarde, il passe sa main dans mes cheveux.
Il rit « Je vais être en retard ». M’embrasse. « Ce n’est pas très grave ». Me regarde encore.
Il embrasse la fleurs sur mon épaule. Caresse les ailes qui orne mes omoplates « Ça m’intrigue… dit-il. Veux-tu faire comme Icare ? Il s’est brûlé les ailes en volant trop près du soleil, tu sais ? ».
« Te prends-tu pour le soleil ?! »
Il éclate de rire, et enfouis son visage dans mon cou « Non ».
« Un jour, peut-être, je te raconterais l’histoire de celui-là aussi… ».
Il caresse la fleurs : « Et celui-ci ? C’est quelle fleurs ? ». « Au départ ce devait être un coquelicot. J’avoue que ce n’est pas évident – à part la fragilité des pétales, le doute peut perdurer. Je me suis fait tatouer par un mec magnifique,  qui trouvait ma peau parfaite à tatouer, il y a deux ans, lors de la convention tatoo ». « Ici ? » « Oui, ici. Je suis rentrée, j’ai senti l’odeur d’encre et de sang, j’ai entendu le bruit des aiguilles… Je ne pouvais pas partir sans un nouveau tatouage ! J’ai eu peur de regretter, mais finalement je venais d’avoir trente ans, et le lendemain je recevais un courrier m’indiquant que j’avais des lésions potentiellement cancéreuse, alors au contraire, j’ai été contente de l’avoir fait, et d’ajouter un tatouage à mon histoire ».
Je me mord les lèvres. Zut, j’en ai trop dit.
« C’est inquiétant ton histoire. Ça en est où tout ça ?! »
Evidemment.
« Stand-by. Ça va, ça vient. Ma gyneco attends. Et n’a pas d’avis sur la question. Alors en attendant que peut-être quelque chose se déclenche, ou non… Autant vivre sans regrets, n’est-ce pas ? Mais ça c’est vrai pour tout le monde ! »
J’aurais préféré ne pas lui parler de ça, j’ai merdé.

Je file prendre une douche pendant qu’il court partout, entièrement nu, pour préparer le petit déjeuner.
La serviette que j’utilise est toujours à la même place – et ça me fait chaud au cœur. C’est idiot, ça ne veut rien dire pourtant !
Je prends rapidement une douche. Lorsque je sors, il arrive (toujours nu), et me dit « Tu peux prendre une autre serviette si tu veux ! ». Je jette un œil à cette petite serviette turquoise enroulé autour de mon corps, qui s’arrête à peine sous mes fesses et qui s’évase sur ma hanche, et le regarde à nouveau malicieusement : « C’est bon ! ».
Il rit.
Et ajoute : « Et si tu as besoin d’une brosse à dents, je peux t’en sortir une neuve, si tu veux ! ». Je suis hyper touché qu’il me dise ça – et je sens que je glisse, que je glisse…
Je me répète, comme un mantra « On n’est pas un couple, et on ne le sera jamais ». Je me regarde dans le miroir, et je me trouve jolie, et rayonnante. 
Ça m’effraie un peu, je crois.

Il revient plus tard pour prendre sa douche. Il reste longtemps immobile sous le jet d’eau chaude, et je l’observe à la dérobée, mon thé à la main.
Je me promène ensuite dans la chambre, et attrape sa chemise, que je respire profondément.

Puis nous prenons un petit déjeuner rapide. Moment agréable où nous discutons rapidement, frais et dispo, lui avec son costume bleu, qui m’intimide désormais beaucoup moins.
Il me propose, si je le souhaite, de me faire travailler mon oral. Je réfléchis. « Je ne suis pas sûre que je serais très à l’aise avec toi… ».
Il l’entend.

Puis il faut partir.
Nous nous égaillons comme des moineaux, rassemblant nos affaires en même temps qu’on se brosse les dents, nous esquivons sur le seuil des portes et faisant des dérapages sur le parquet.
On se regarde. « Prêt ? » « C’est tout bon ! »
Dans l’ascenseur, il m’embrasse fougueusement alors que j’essaie de fermer ma veste. Je ris.

Dehors, on s’embrasse encore. « C’était encore une très agréable soirée… » glisse-t-il dans un sourire. « Fais-moi signe quand tu as envie de me revoir ». Il m’embrasse. « Tu me fais signe hein ? ». Il m’embrasse encore et va rejoindre sa voiture, pendant que je pars à pieds vers mon travail. « Fais-moi signe ! » lance-t-il une dernière fois. 

Et pourtant, je ne garde de cette soirée que cette impression de malaise et d’imposture…

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