
...
Enfin, c'est ce que je
souhaitais.
Alors j'ai
quand même gardé une distance, je me suis forcé à ne pas lui écrire trop vite
(mais je l'ai fait tout de même le surlendemain), et j'ai proposé qu'on se voit
une semaine plus tard.
Le hasard fait que ça tombe à chaque fois sur des mardis.
Le hasard fait que ça tombe à chaque fois sur des mardis.
Les messages
que l'on s’envoie sont longs, spirituels et drôles. Il me parle de biais
cognitif, de masculinité, de féminisme, de déréliction, et lâche parfois au milieu de ce
langage soutenu une ou deux grossièretés - j'adore.
Les messages
s'interrompent pendant le weekend - à ma demande, bien que ça me mette à
l'agonie. Heureusement je travaille, heureusement j'ai mille
choses à faire, avant le message du dimanche, vers 22h30, quand il rentre.
Est-ce que nous
sommes hypocrites ? Peut-être...
Les 7
jours qui ont séparés nos deux rendez-vous m'ont paru une
éternité. Le lundi était interminable. Le mardi s'est
étiré en longueur - jusqu'à 18h30, où je suis partie le rejoindre chez lui.
Et puis la
panique, dans la journée : Est-ce que je suis assez bien ? Est-ce que je suis
assez épilé ? Qu'est-ce qu'il pense de moi ? Je suis tellement négligée, et
s'il me faisait une Charles-Henri ?!
Je prend
rendez-vous en urgence dans un institut. A 16h30, je suis en train de me faire
arracher les poils la peau par une esthéticienne qui s'y reprend à 4, 5,
6 fois au même endroit - et je sens qu'elle
panique. Pendant les 35 min que dure
cette séance (qui normalement est bouclé en 10 min), je me
répète "J'aurais pas dû faire ça. J'aurais tellement, tellement, tellement pas dû
faire ça".
J'en ressors en sang, la peau violette, une brûlure sur la vulve, et dans l'ensemble je souffre le martyr.
Non seulement
je me sens comme une très, très mauvaise féministe, mais en plus mon
minou est un champs de ruines incandescentes. Ma peau sent la
cire, et l'odeur imprègne mes sous-vêtements.
Je me hais de
mes complexes, je hais cette tyrannie du poil à laquelle je me plie.
Malgré une
forte envie d'annuler la soirée, je pars rejoindre Isaac chez
lui.
Il m'accueille à la porte, m'embrasse tendrement.
Il m'accueille à la porte, m'embrasse tendrement.
Il coupe des
pomme de terre et prépare le repas, avec une minutie et une
patience qui me rappelle sa façon de faire l'amour. Ça me fascine.
Il me regarde,
un peu plus tard, et me dis "Mais tu es toute belle, je n’avais pas vu !
J'ai rarement eu l'occasion de te voir en robe ou en jupe...".
J'ai passé
un temps considérable à choisir ma tenue, élégante et sexy, mais plutôt crever que de l'avouer. Faussement modeste, je lance un petit "Oh ? Tu trouves ? Eh bien... Merci
beaucoup !".
Je ne suis pas
trop dans mon assiette, mes révisions pour le concours m'ont
plombés, je bloque sur un thème, et puis le découragement
m'est tombé dessus, et nous parlons longuement des concours, en général.
Il a passé des concours de ouf, il a préparé le concours de l'ENA, a passé des concours où ils étaient plus d'un millier pour une cinquantaine de postes au final... Alors mon ration "60 candidats pour 24 postes", ça ne l'impressionne pas trop. Il me donne des conseils, il essaie d'être bienveillant - mais en réalité je crois que je déteste être dans cette situation de faiblesse devant lui. J'ai l'impression de gâcher la soirée, et ça me met mal à l'aise.
Il a passé des concours de ouf, il a préparé le concours de l'ENA, a passé des concours où ils étaient plus d'un millier pour une cinquantaine de postes au final... Alors mon ration "60 candidats pour 24 postes", ça ne l'impressionne pas trop. Il me donne des conseils, il essaie d'être bienveillant - mais en réalité je crois que je déteste être dans cette situation de faiblesse devant lui. J'ai l'impression de gâcher la soirée, et ça me met mal à l'aise.
Nous nous
installons plus tard pour manger. Il a ouvert une bouteille de
vin ("J'ai acheté cette bouteille il y a 18 mois et je l'avais
oublié... Bon... Au moins elle n'est pas morte.... Mais ce n'est pas
foufou"), il a coupé les tomates que j'ai apporté, et s'est lamenté
d'avoir oublié d'acheter de la mozzarella. Je prends un air hautain pour
répondre "Mes tomates de mon jardin sont tellement bonnes qu'elles se
suffisent à elles-mêmes, pas besoin d'autre chose, elles sont parfaites".
Il rit, mais il acquiesce dès la première bouchée.
Nous parlons,
comme toujours, ces conversations à cent à l'heure. Nous nous découvrons.
J'apprends, sidérée, qu'il appelle ses parents par leurs prénoms. Il assume
tout ce qu'il raconte, tout ce qu'il a vécu. Il n'est pas humble - mais pas
fanfaron pour autant : il est juste, et objectif. Il a beaucoup travaillé pour
être là où il est aujourd'hui, musicien, employé, homme accompli.
Il ne vise rien de moins que l'excellence - voir au-dessus. Il méprise
les personnes qui se laissent porter, les personnes qui n'ont pas de ligne
de vie, il exècre la médiocrité. Il est passionné,
enflammé, il veut être une personne juste, la meilleure
possible, et contribuer, à sa toute petite échelle, à rendre le monde
plus beau.
Je crois que ça
me blesse.
Certes, je suis une perfectionniste, certes j'essaie de m'améliorer, certes je travaille beaucoup... Mais je suis, je pense, une personne très médiocre. Je n'ai jamais atteint l'excellence nulle part, je ne suis pas autant engagé dans le monde qu'il l'est lui. Je repense à ce que j'ai dit, l'une des premières fois où on s'est vu : "Je laisse les choses venir, et je fais avec". Typiquement le genre de truc qui le débecte, finalement ?! Je crains le moment où il réalisera que je suis une inculte qui sait bien se dissimuler, que je suis une personne très moyenne, dans tous les aspects de ma vie. Est-ce qu'il me méprisera ?
Certes, je suis une perfectionniste, certes j'essaie de m'améliorer, certes je travaille beaucoup... Mais je suis, je pense, une personne très médiocre. Je n'ai jamais atteint l'excellence nulle part, je ne suis pas autant engagé dans le monde qu'il l'est lui. Je repense à ce que j'ai dit, l'une des premières fois où on s'est vu : "Je laisse les choses venir, et je fais avec". Typiquement le genre de truc qui le débecte, finalement ?! Je crains le moment où il réalisera que je suis une inculte qui sait bien se dissimuler, que je suis une personne très moyenne, dans tous les aspects de ma vie. Est-ce qu'il me méprisera ?
Je me sens
affreusement mal.
A un autre
moment, il dit « J’ai plusieurs vie dans ma vie. Ma carrière, ma musique,
mes implications associatives. Et puis ces bulles de bonheur, comme tu les
appelles ».
Là encore, et
sans vraiment pouvoir l’expliquer, je le prends mal. C’est pourtant les mots
que j’ai employés la semaine dernière. C’est pourtant ce qu’on vit. C’est pourtant
la réalité.
Pourquoi ça me
blesse ?!
Et puis je me
confie à lui. C'est terrible, et ça sort par vague, sans que je l'ai prémédité,
c'est très mal exprimé, pas du tout structuré, je lui raconte que je n'ai pas
de nouvelles de mon père depuis quasi deux ans (mais de toute façon il s'en
fout, de moi, et nous ne partageons rien), que je suis une petite fille effrayée,
qui lutte quotidiennement contre la voix de son oncle qui résonne depuis
l’adolescence en lui disant qu'elle n'est rien, qu'elle n'est personne et que
personne ne l'aimera jamais. Je lui dis que je trouve infiniment plus facile
d'aimer les autres que de s'aimer soi-même - et d'ailleurs je ne m'aime pas.
J’emprunte sa
cigarette, un nuage parfumé flotte entre nous - aujourd’hui, c’est ice-tea
pêche.
« Foutaise,
il faut s'aimer soi-même pour aimer les autres, pour être aimable ».
Je ne crois pas
- ou alors pour être aimable, oui... Mais pas pour être aimant.
Je lui montre à
voir mes failles, je m'expose dans toute ma fragilité - et je ne sais pas
pourquoi je fais ça, je me déteste de faire ça. J'ai l'impression de chercher à
me justifier : "Si je ne suis pas une personne aussi forte que toi, c'est
parce que j'ai un passif". "Aime-moi".
Je m'en veux.
Je trouve cette
soirée catastrophique, et j’ai envie de partir. Est-ce qu’il ressent la même
chose que moi ?
Je sors le dessert
que j'ai apporté, dont je tais les ingrédients pour le laisser deviner.
Intrigué par la couleur vert-wasabi, il ne parvient pas à trouver. Il ne tombe
pas trop loin finalement, et je confirme ses soupçons : c’est une crème
Avocat-Poire. « Mais c’est prodigieux ton histoire ! ».
« Bon, je
n’irai pas jusque-là, quand même…. »
Il fait un brin
de vaisselle, et me rejoint au salon, où je suis adossé à la baie vitrée. « Tu
as envie d’autre chose ? ». Je secoue la tête. J’ai juste envie de
lui – même si je me sens triste, et mal. Je me blottis entre ses bras – ce soir,
cette nuit, j’ai besoin de tendresse.
On s’embrasse
longuement, au milieu du salon, devant la baie vitrée. Il enlève mon tee-shirt,
retire mon soutien-gorge. Je suis moyennement à l’aise, il y a un vis-à-vis… Et
puis je me dis qu’il fallait qu’Isaac choisisse le jour où mon entrejambe est
un champs de ruine pour vouloir coquiner en pleine lumière. Du coup je l’emmène
dans sa chambre – dans la semi-pénombre, on ne devrait pas voir les plaques violacées sur ma peau.
Je le
déshabille, je lui saute dessus pour lui éviter de s’approcher de moi. J’ai
peur de ma peau à vif, qui dégage cette écœurante odeur de cire (plus jamais je
ne ferai ça, plus jamais). Quand je le regarde, et que je vois que lui est
totalement naturel, et quand je repense à nos conversations sur le féminisme,
je me dis que je suis complètement à côté de la plaque.
Et bien sûr,
mes esquives ne font pas long feu : c’était sans compter sur son obsession
de me dévorer, à chaque fois – et son plaisir est visible. Il se met à genoux,
et me cale sur lui, pour m’embrasser, me titiller, me lécher passionnément.
Tendue, je le regarde.
Apparemment, il ne remarque pas l’odeur de cire.
Bon.
Je vais peut-être
pouvoir me laisser aller.
Sauf que, bien sûr, ma peau est à vif. Et son menton, dont les poils de fin de journée commencent à râper, irrite encore plus cette zone ultrasensible.
Mais comme c’est
absolument hors de question que je lui explique mon délire, je prends sur moi.
Et finalement, j’oublie tout le reste sous sa langue. Ma tête est renversée en
arrière, mon regard est perdu dans les limbes, le ciel est bleu profond,
traversé de nuages transparents comme des voiles.
Je me sens
comme la terre qui tremble sur ses fondements ; je suis la maison Usher.
Plus tard, il me surplombera. Je pense qu’il espérait une cravate de notaire, mais là c’est juste physiquement impossible avec mon petit bonnet A. Il caresse mes seins, il se penche en arrière pour continuer de me titiller. Je le prends dans ma bouche, mais la position n’est pas terrible - pourtant, j’ai le sentiment qu’il l’apprécie. Il reste un temps assez long, assis sur mes hanches – j’aime ce renversement de situation, et je me gorge de son visage, de sa silhouette fine au-dessus de moi. Lorsqu’il se penche, je caresse, comme hypnotisé, les muscles de ses épaules, les tendons qui affleure et se tendent sous sa peau.
Lorsqu’il
enfile un préservatif et qu’il me pénètre, tout mon corps se contracte autour
de lui, et nous poussons tous deux un soupir guttural, animal. Nous nous agrippons
l’un à l’autre, nous enfonçons l’un dans l’autre, désespérément, passionnément.
J’ai des frissons dans tous le corps, et j’ondule sur lui, le sentant
tressaillir à chacun de mes mouvements. Il est allongé sur le dos et je le
regarde avoir son souffle qui accélère, qui se saccade, et puis prendre de
grandes goulées d’air, alors qu’il se perd dans sa jouissance. Son souffle est
passé du rauque à l’aiguë , et je reste fasciné par cette musicalité dans
son plaisir.
On reste collé
l’un à l’autre, je m’enfouis dans ses bras, on se caresse, et puis on fait l’amour
à nouveau – une, deux fois ? Je perds le compte, je suis perdu en lui, j’oublie
le monde, j’oublie tout. Plusieurs fois il m’emporte au seuil de la jouissance,
et il me manque un minuscule petit rien pour basculer complètement. C’est à
devenir folle. Je suis trempée, je suis excitée, je lui saute dessus, je le
dévore, je plaque mes mains sur ses épaules, mes ongles dans son dos, mes dents
sur sa peau. Je suis électrisée.
Il me procure
un cuni d’une application exemplaire, qui me chavire complètement. Plus tard on
refait l’amour, et j’observe, avec la même attention sérieuse, les expressions
qui passent sur son visage, et l’expression de son extase.
Pourtant, j’ai
l’impression que ce n’est pas comme les fois précédentes – mais peut-être ne s’agit-il
que de mon propre état d’esprit, qui teinte tout de gris.
Nous somnolons
l’un contre l’autre, avant que je ne le réveille en allant aux toilettes.
Et je sais
exactement ce qui va se passer….
Banco : il
se lève, ramasse nos vêtements, va se brosser les dents, file à la cuisine,
puis au salon, puis à la cuisine, puis aux toilettes, cherche sa cigarette,
revient, repars…. Pendant que je l’attends, mi-amusée, mi-impatiente de me réfugier
dans sa chaleur. L’odeur de thé glacée est prégnante, quand il ferme le volet.
J’entends la pluie tomber drue.
Je le respire,
et je sens les mille et une odeurs de sa peau : son parfum, tout d’abord,
qui lui va comme un gant. Puis l’odeur du savon d’alep. Près de son oreille, en
haut de son cou, une odeur plus boisé. Une légère odeur marine, iodée ; il s’agit
peut-être d’une fragrance de lessive. Par-dessus cela, une légère odeur de
transpiration, masculine, excitante.
Je crois que je
m’endors assez vite. D’abord contre lui, je me tourne assez vite pour le
laisser s’imbriquer contre mon dos. Une partie de moi, malgré le shoot
hormonale qu’on vient de se faire, est encore désespérée du déroulée de la
soirée. En plein doute, en plein syndrome de l’imposteur.
Mais je m’endors.
Sa chaleur contre moi me calme, je rêve, cauchemars improbable, que je tente d’arrêter
une messe noire menée par Marie Laveaux, qui s’apprête à faire des sacrifices
humains, et je rejoue le rêve encore et encore jusqu’à trouver la sortie, jusqu’à
sauver la situation.
Le réveil me
sort de mes songes, et je me retrouve dans l’exacte position dans laquelle je
me suis couchée, Isaac toujours contre moi. Je panique : j’ai hyper bien
dormi, je suis super reposée, mais finalement, j’aime tant me réveiller
plusieurs fois par nuit pour le caresser avant de me rendormir !
Je me tourne
vers lui, je le serre contre moi. Je sens qu’il a envie de moi – j’ai mal, j’ai
encore tellement mal, mais j’ai aussi tellement envie de l’entendre, à nouveau…
Je le caresse,
puis je descends, sous les couvertures, et le prend dans ma bouche. Je le sens
se tendre, je le sens accompagner le mouvement. Il est loin du Isaac avec qui j’ai
couché il y a un mois : je peux jouer avec lui assez longtemps, avant de l’entendre
gémir, puis jouir. Sifflements au milieu de ses halètements, petits bruits animal.
J’adore.
On reste l’un
contre l’autre.
Il me regarde,
il passe sa main dans mes cheveux.
Il rit « Je
vais être en retard ». M’embrasse. « Ce n’est pas très grave ».
Me regarde encore.
Il embrasse la
fleurs sur mon épaule. Caresse les ailes qui orne mes omoplates « Ça m’intrigue…
dit-il. Veux-tu faire comme Icare ? Il s’est brûlé
les ailes en volant trop près du soleil, tu sais ? ».
« Te
prends-tu pour le soleil ?! »
Il éclate de
rire, et enfouis son visage dans mon cou « Non ».
« Un jour,
peut-être, je te raconterais l’histoire de celui-là aussi… ».
Il caresse la
fleurs : « Et celui-ci ? C’est quelle fleurs ? ». « Au
départ ce devait être un coquelicot. J’avoue que ce n’est pas évident – à part
la fragilité des pétales, le doute peut perdurer. Je me suis fait tatouer par
un mec magnifique, qui trouvait ma peau
parfaite à tatouer, il y a deux ans, lors de la convention tatoo ». « Ici ? »
« Oui, ici. Je suis rentrée, j’ai senti l’odeur d’encre et de sang, j’ai
entendu le bruit des aiguilles… Je ne pouvais pas partir sans un nouveau
tatouage ! J’ai eu peur de regretter, mais finalement je venais d’avoir
trente ans, et le lendemain je recevais un courrier m’indiquant que j’avais des
lésions potentiellement cancéreuse, alors au contraire, j’ai été contente de l’avoir
fait, et d’ajouter un tatouage à mon histoire ».
Je me mord les
lèvres. Zut, j’en ai trop dit.
« C’est
inquiétant ton histoire. Ça en est où tout ça ?! »
Evidemment.
« Stand-by.
Ça va, ça vient. Ma gyneco attends. Et n’a pas d’avis sur la question. Alors en
attendant que peut-être quelque chose se déclenche, ou non… Autant vivre sans
regrets, n’est-ce pas ? Mais ça c’est vrai pour tout le monde ! »
J’aurais
préféré ne pas lui parler de ça, j’ai merdé.
Je file prendre
une douche pendant qu’il court partout, entièrement nu, pour préparer le petit
déjeuner.
La serviette
que j’utilise est toujours à la même place – et ça me fait chaud au cœur. C’est
idiot, ça ne veut rien dire pourtant !
Je prends
rapidement une douche. Lorsque je sors, il arrive (toujours nu), et me dit « Tu
peux prendre une autre serviette si tu veux ! ». Je jette un œil à cette
petite serviette turquoise enroulé autour de mon corps, qui s’arrête à peine sous mes
fesses et qui s’évase sur ma hanche, et le regarde à nouveau malicieusement :
« C’est bon ! ».
Il rit.
Et ajoute :
« Et si tu as besoin d’une brosse à dents, je peux t’en sortir une neuve,
si tu veux ! ». Je suis hyper touché qu’il me dise ça – et je sens
que je glisse, que je glisse…
Je me répète,
comme un mantra « On n’est pas un couple, et on ne le sera jamais ».
Je me regarde dans le miroir, et je me trouve jolie, et rayonnante.
Ça m’effraie un peu, je crois.
Ça m’effraie un peu, je crois.
Il revient plus
tard pour prendre sa douche. Il reste longtemps immobile sous le jet d’eau
chaude, et je l’observe à la dérobée, mon thé à la main.
Je me promène ensuite dans la chambre, et attrape sa chemise, que je respire profondément.
Je me promène ensuite dans la chambre, et attrape sa chemise, que je respire profondément.
Puis nous
prenons un petit déjeuner rapide. Moment agréable où nous discutons rapidement,
frais et dispo, lui avec son costume bleu, qui m’intimide désormais beaucoup
moins.
Il me propose,
si je le souhaite, de me faire travailler mon oral. Je réfléchis. « Je ne
suis pas sûre que je serais très à l’aise avec toi… ».
Il l’entend.
Puis il faut
partir.
Nous nous
égaillons comme des moineaux, rassemblant nos affaires en même temps qu’on se
brosse les dents, nous esquivons sur le seuil des portes et faisant des
dérapages sur le parquet.
On se regarde. « Prêt ? »
« C’est tout bon ! »
Dans l’ascenseur,
il m’embrasse fougueusement alors que j’essaie de fermer ma veste. Je ris.
Dehors, on s’embrasse
encore. « C’était encore une très agréable soirée… » glisse-t-il dans
un sourire. « Fais-moi signe quand tu as envie de me revoir ». Il m’embrasse.
« Tu me fais signe hein ? ». Il m’embrasse encore et va
rejoindre sa voiture, pendant que je pars à pieds vers mon travail. « Fais-moi
signe ! » lance-t-il une dernière fois.
Et pourtant, je
ne garde de cette soirée que cette impression de malaise et d’imposture…
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