samedi 25 janvier 2020

Le week-end de la dernière chance

J'avais décidé que la façon dont se passerait le weekend déterminerait l'avenir de ma relation avec Isaac :
Après la semaine désastreuse que nous avions passé, je considérais que soit on tissait à nouveau des liens en passant deux jours ensemble, soit ça n’arriverait plus jamais.


J'ai décidé d'y mettre le plus de bonne volonté possible.

Nous nous retrouvions le vendredi soir, lorsque je sortais du travail, pour boire un verre. 
Isaac est arrivé avec 10 min de retard, ce qui m'a, encore, donné l'impression qu'on s'éloignait, qu'on ne prenait plus soin l'un de l'autre.
Mais lorsqu'il est arrivé, j'ai pris sur moi et j'ai forcé l'entrain, afin de commencer une bonne soirée.
C'était le tout de se lancer : la conversation est devenu fluide, et à mon grand soulagement, tout s'est bien passé. Je me suis surprise à guetter des indices m'indiquant des changements de comportement ou d'attitude à mon égard. 
Je me suis dit qu'à force d'être persuadée qu'il se passera quelque chose au bout de 4 mois de relation, je finirai par le provoquer moi même.
Je décide d'utiliser mon énergie à faire de mon mieux, à animer cette soirée, ce weekend de la dernière chance, et je laisse mes interrogations de côté. 
Je peux bien réussir à faire ça deux jours, non ?!

Après ce verre, nous avons été au restaurant, avant de repartir chez moi - a.k.a "La ruine", parce qu'il y a eu des travaux et des artisans toute la semaine, et que l'intégralité des meubles de mon salon et de ma salle de bain sont bourrés au premier étage, dans ma chambre.  

Exceptionnellement, il doit travailler le samedi matin, et je reste donc joyeusement chez moi, à profiter de ma matinée pour écrire. Je lui ai laissé un double de clef, et j'adore l'idée qu'il reviendra après le travail,  qu'il rentrera simplement dans ma maison et me rejoindra à l'étage.

La soirée d'hier s'est bien passé, je suis donc beaucoup moins tendue, un peu plus confiante - même si j'ai toujours peur qu'il aborde à nouveau des sujets "sérieux", qu'il théorise notre relation ou qu'il me parle de Victoria. 
Je crois qu'une partie de moi se dit « S'il me redit encore une fois de profiter du moment présent, je le quitte ».

Il me rejoint vers 12h30, et on se vautre dans mon lit, à discuter. Je le regarde, au milieu de mes draps, la lumière sublime la couleur de ses yeux, et j'adore ce moment.
Vers 14h, on se dit que ça serait sympa qu'on mange un truc, alors je m'habille, et on sort. Il a envie d'une pizza, mais sur la route on ne trouve rien d'ouvert. Finalement on va au centre ville, on trouve un restaurant ouvert, puis je l'emmènerais boire un Chaï (ma grande passion) dans le café que j'aime tant. On y restera un petit moment, à discuter. 
Je repenserai à la première fois où nous sommes venu ici, il y a des semaines : il revenait de Paris, il avait une barbe de plusieurs jours, Victoria était en "introspection", j'oubliais assez facilement son existence, et il me disais qu'ils avaient envisagé d'adopter un enfant. 
Que de temps passé, depuis ! Et pourtant ça ne fait que quelques semaines.
Malgré tout, je me sens bien.
Nous rentrons chez lui, je repartirai vers 19h car j'ai une soirée avec les garçons
Isaac,à qui j'ai proposé de m'accompagner, a décliné, et envisage d'aller au cinéma. En attendant, nous nous câlinons sur le canapé, avant qu'il ne s'attaque très sérieusement à me faire jouir avec ses doigts. 

Je reçois un message de Président - je n'avais plus de nouvelles depuis ma démission, ce qui m'allait très bien, puisque j'avais besoin de couper avec cet univers. Il a rencontré David par hasard, il sait qu'on se fait un resto, il propose qu'on se voit après, ça fait longtemps. Je m'aperçois que sa proposition me fait super plaisir, et que j'ai envie de le revoir. 
Cette soirée s'annonce très bien.
Au moment où je mets mon manteau, Isaac dit doucement : « J'ai peut-être envie de venir, finalement.... ». Je le regarde, je regarde mon manteau, puis dit : « Tu a une minute pour te décider, le temps que je finisse de boutonner mon manteau et mettre mes chaussures »

Isaac décide donc de m'accompagner.
J'ignore si c'est une bonne idée. Je crois qu'une partie de moi craint (encore et toujours) que plus il me connaîtra, et prendra la mesure de mon univers, et moins il pourra m'aimer. J'envoie rapidement un message aux garçons "Je ne viendrai pas seule", et c'est tout ce que j'aurais le temps d'annoncer.

Nous arriverons un peu en retard, car la voiture d'Isaac n'a pas voulu démarrer (il aura fallu prendre la mienne, et lui remettre de l'essence)
Je me jette dans les bras de David, j'embrasse Stéphane, je fais un bisou à Q. 
On trouve un restaurant, on s'installe, et on commence à discuter. 
Et puis Stéphane :
- Bon alors, Isaac... Tu es qui ?
Isaac tente de se dépêtrer de la question, marmotte un peu, je suis curieuse de voir ce qu'il va dire. Il réussi à changer de sujet, et puis Stéphane y revient quelques minutes plus tard :
- N'empêche que tu ne nous a toujours pas dit qui tu es.
Les autres approuvent, je ris (peut-être un peu nerveusement), et à nouveau Isaac se perd dans des circonvolutions... Avant de finalement dire :
- Bah écoute, Mademoiselle B., tu n'a qu'à répondre !
Les garçons se tournent vers moi :
- Alors ?
- Eh bien.... Isaac est une personne qui est dans ma vie depuis 4 mois...
- Ah !
- Voilà.... Bon, je suis sa maîtresse.
- Oh ! 
Ils se regardent, et haussent les épaules :
- Ok, d'accord.
Isaac me souffle :
- Tu n'étais peut-être pas obligé de dire les choses de cette façon !
- Bah écoute c'est un fait ! Qu'est ce que tu veux que je dise d'autre ?! Et puis il ne fallait pas me refiler le bébé, si tu ne voulais pas que je dise quoi que ce soit.
De toute façon si je n'avais pas annoncé la couleur dès le début, je l'aurais fait dès qu'Isaac se serait absenté pour une raison ou une autre - et en attendant, on aurait probablement dû aborder des questions du genre "comment vous vous êtes rencontrés", et ça nous aurait mis en difficulté.
Bref, les garçons n'en font pas grand cas (Et Q. était déjà au courant, puisque je l'ai vu il y a deux semaines).
Toutefois, dès que l'occasion se présentera, David me dira en aparté :
- Mais, heu... Ça va ? (petit coup d’œil vers Isaac) Tu le vis comment ?
- Pas toujours très bien. Surtout en ce moment.
- J'imagine.
- Et puis il passe son temps à dire qu'il veut être avec moi, puis finalement non, rester avec sa meuf, puis finalement il ne sait pas, et c'est ça le plus compliqué pour moi.
Il acquiesce.
- Protège toi !

Nous passons un excellent moment au restaurant, nous buvons beaucoup, nous rions énormément. Je suis ravie et un peu émue de les revoir ("Mais depuis quand on ne s'est pas vu ?!" "Bah c'était à la fermeture du bar, le jour de la Gay Pride". "Le 1er juin ?! Noooon !""). 
Un peu bourré, je m'exclamerai « Roooh vous m'avez manqué ! Vous êtes beaux ! Je vous aime ! ».
Je suis bien.
Je suis même très très bien.
Oui, ok, je suis pompette.
Ça joue aussi.

Isaac n'est clairement pas dans sa zone de confort, et parle peu - c'est d'ailleurs la première fois que je vois ça, et ça m'amuse beaucoup. 
Il semble toutefois passer un bon moment. A un moment il rira en enfouissant son visage dans mon cou, et en disant « C'est parfait ! C'est juste parfait ». 
Et je me dirai : « C'est vrai, ce moment est un moment de perfection ».
Je me dis à nouveau que je devrais voir les garçons plus souvent, car ces moments sont vraiment des moments où je me recharge, et où je recharge mon cœur à leurs côtés.

En sortant du restaurant, Q., Stéphane et moi allons acheter des clopes, pendant qu'Isaac et David continuent de discuter. Ça nous permet de parler un peu :
- Comment tu vas ?
- Ça va
- Cette histoire, c'est pas trop compliqué ?
- Si, ça l'est.
A nouveau, j'explique brièvement ces montagnes russes émotionnelles, ces multiples changements de perspective, et le fait que je n'ai aucune foutue idée de la direction que tout ça prend.
- Mais pourquoi il est là ce soir ? Pourquoi il est venu ? Ce n'est pas anodin, de vouloir rencontrer tes amis !
- Je n'en sais rien ! Je ne sais pas. Il s'est décidé au moment où je partais.
Stéphane, très calmement et très sérieusement, me dit :
- Ecoute, quoiqu'il arrive, si ça se passe mal, tu sais qu'on est là pour te récupérer. Alors ne t'inquiètes pas.
Je le regarde, surprise, et sent une grande bouffée d'affection :
- Eh bien... Je crois que c'est tout ce que j'avais besoin d'entendre !

On pars rejoindre David et Isaac, et je me sens bien, à ma place, heureuse.

On va ensuite dans un bar, qui est tenu par les anciens patrons de (feu) notre bar fétiche. On y cherche des bribes de ce qu'on a vécu pendant des années dans "l'autre" endroit, mais on doit se rendre à l'évidence, le lieu n'est pas le même, l'ambiance non plus, ni le public, ni la musique, ni... rien. Ça nous attriste un peu.
On reste une petite heure. 
La musique est trop forte, il y a trop de monde, et la playlist est trop kitsch. 
Isaac souffre visiblement. 
J'ai informé Président que nous avions quitté le resto, mais pas de nouvelles. 
En revanche Mathieu nous rejoint (littéralement un revenant), et me touche également deux mots au sujet d'Isaac. 
Sa conclusion sera : « Fais bien attention, et protège ton petit cœur ! »
On est tous d'accord là dessus...

Un peu avant 1h du matin, je dirai à Isaac « Ok, ça suffit, allez, on rentre ». 
Je crois qu'il est soulagé.
On quitte tous le bar, on se dit au revoir, on se prend dans nos bras, et on se donne rendez-vous à la fin du mois, pour aller voir le spectacle de David. 

Nous repartons. Isaac prend le volant, il est au Perrier depuis le début de la soirée et il est mon Sam.
Je m'installe à ses côté, ivre de joie, et ivre tout court. 
Je me sens bien. 
J'ai passé une excellente soirée. 
J'ai beaucoup ri, et j'ai fait le plein de cette joie simple et de cet amour que l'on partage tous ensemble.

- Tu as passé une bonne soirée ?
- Oui, très bonne
- Ah ! C'est très bien !
- Et toi ?
Je soupire :
- Je suis enchantée.
- Tu a beaucoup rigolé
- Ouiiiiiii. C'était super.
- Ils parlent quand même beaucoup de cul.
- Oui, et ils le font bien. Et c'est drôle.
- Oui, mais enfin c'est beaucoup...
- Attention à ce que tu dis, je les aime d'amour !
On discutera pendant tous le trajet, et j'en serai ravie, car parfois il est silencieux en voiture (et ça me pèse). Nous faisons durer le moment. 

Arrivé chez lui, on grimace en remarquant qu'on pue la clope.
- Et si on prenait une douche ?
- Mmh, à deux ?!
Je suis enchantée de me glisser sous l'eau chaude avec lui, et regarde, excitée, sa peau mouillé, son visage ruisselant, passe mes mains dans ses cheveux mouillés. 
J'attendais ça depuis longtemps.
Mes souvenirs sont toutefois un peu flous.

Le lendemain, nous nous réveillons à midi. Il est ronchon, il trouve qu'il n'a rien à manger, il ne reste que des fruits trop mûrs, et du coup il part à la recherche de pain pour le petit déjeuner. 
En son absence, je coupe les fruits et nous fait une petite salade vitaminée qui sera parfaite pour un petit déjeuner tardif (ces fruits n'étaient pas trop mûrs !). 

L'après-midi, il fait venir une dépanneuse pour sa voiture qui ne démarre plus, et je rentre chez moi en attendant qu'il me rejoigne. 
Je me sens bien.
Nous nous installons pour regarder un film, mon chat se cale sur ses genoux - mais il la déteste depuis la fois où elle l'a feulé parce que j'étais en colère contre lui. Il me dira d'ailleurs à un moment "C'est incroyable, cette relation que vous avez. Presque fusionnelle, vous êtes connecté". Oui.... Mon chat est mon allié, mon familier. J'ai vécu dix ans avec elle, j'ai tout traversé avec son pelage tout contre moi. 
Bref, sa brusquerie envers elle va finir par poser problème, car je ne le tolérerai pas longtemps.

Il se couchera avec un livre, et je le rejoindrai, me couchant sur lui avec mon livre en cours. J'attendais ce genre de moment paisible depuis longtemps.
Néanmoins, assez rapidement, il pose son livre et commence à me caresser. Et nous faisons l'amour tranquillement.

Le lundi, il reprend le travail, et moi j'ai une journée chargée. Je le rejoindrai toutefois le soir, à sa demande.

Finalement quel est le bilan ? 
Je pense qu'il est relativement positif : le weekend n'a été traversé d'aucune crise, d'aucune conversation sérieuse qui ne sert qu'à tout gâcher. J'ai (nous avons ?) passé un très bon weekend.
J'ai l'impression qu'on a réussi à se retrouver, à nouveau. 
Est-ce qu'il faudra à chaque fois autant de temps et de difficultés pour qu'on se reconnecte, après une longue période sans se voir ?
Combien de temps tiendrons-nous jusqu'à la prochaine crise, la prochaine conversation de trop ?

En attendant, nos relations sont un peu plus apaisées.
Et je vais juste souffler un peu et me reposer, avant de me poser d'autres questions.

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