samedi 31 décembre 2022

Le Bilan 2022. Au seuil d'une nouvelle vie ?

Une année se termine, une nouvelle va commencer. 

Parfois je me dis que la vie est une succession d'échéances, de dates anniversaire, de chiffres. 

C'est aussi, obviously, des changements.
Ceux qu'on subit, ou ceux qu'on provoque.

Est ce que le passage à une nouvelle année revêt une réelle importance ? Qu'est ce que le Nouvel An, sinon un symbole, qui nous permet d'apprécier l'illusion d'un nouveau départ, l'impression de contrôle,  ou simplement l'opportunité de mobiliser notre volonté pour effectuer des changements - également nommés "résolutions" ? 
Certains de nos rituels sociaux me laissent vraiment perplexe. 

Je suis néanmoins la première à apprécier l'exercice du bilan.
(D'où peut-être cette soudaine interrogation quant à son utilité).

Et donc, la vie serait-elle une succession de chiffres, disais-je : 

jeudi 1 décembre 2022

Maxence le jardinier

Spoiler alert : Maxence ne s'appelle absolument pas Maxence, et n'est pas du tout jardinier.

Mais si je devais être honnête, je devrais dire "Je-ne-sais-pas-son-nom-et-il-est-élagueur", ce qui ne ferait pas un très bon titre d'article.

jeudi 17 novembre 2022

L'Agence Matrimoniale : Entretien avec le médiateur

 Après le mail de réponse qui disait que la médiation était légitime et acceptée, il y a eu un petit délai. J'ai appris plus tard qu'il s'agissait du temps nécessaire pour qu'ils contactent l'agence, et leur fassent passer un entretien.

Ce fut ensuite mon tour - mais j'ignorai alors que le directeur de l'Agence avait donné sa version des faits.

samedi 22 octobre 2022

Le jour où j'ai été à un concert avec Mademoiselle B. adolescente


Quand j'étais ado, je suis passée par différentes phases. Appelons ça pompeusement "la recherche de soi" si on veut. Je ne sais pas s'il y a un meilleur terme pour désigner les looks qu'on s'inflige, avec l'impression perpétuelle et insupportable d'être tellement incompris. 

Après le look shorts en velours et collants de laines blancs (6e, début 5e), j'ai eu ma formidable période "bucheron" : des chemises à carreaux (homme), taille XL au moins, sur mon corps d'ado à la croissance arrêtée à 1m55 pour 42 kg à l'époque. Et je me maquillais d'un fard à paupière liquide lavande nacrée de chez Yves Rocher. 
Et puis sans transition, à l'hiver de mon année de 4e, j'ai viré fashionista : crop-top, jean moulants à la pointe de la mode, un look du tonnerre. Et étonnamment, je suis devenue nettement moins impopulaire (et beaucoup de garçons voulaient sortir avec moi).
Puis ce n'est plus très clair dans ma tête : à partir de la 3e-2nd, il y a eu ma période punk, où j'ai quasi rasé mes cheveux et je portais des fringues déchirés, des colliers de cuir, et où mon tee-shirt "Punk's not dead" n'a pas été très apprécié dans mon bahut catholique. J'ai ensuite (ou pendant ?) viré plutôt métal-gothique - et là, ce sont mes tee-shirt "Satan's slut" qui m'ont valu un petit tour dans le bureau de la direction. J'ai fait quelques piercings, et je me suis sentie à mon aise, dans ces looks noirs, piercés, tatoués, et avec du rock en fond sonore.

C'est à ce moment-là, pendant ma 3e, que Maxime (de son vrai nom), un gars de ma classe qui n'était pas vraiment populaire, mais pas complètement un looser (un peu comme moi, à ce moment de ma scolarité, qui avait quitté depuis quelques temps la strate boueuse des souffre-douleurs - mais ma condition restait fragile), m'a dit : "Hey, t'as vu ce nouveau groupe qui vient de sortir ?"

Sum 41 débarquait sur les radios avec l'album All killer no filler.

dimanche 25 septembre 2022

L'Agence Matrimoniale : Attaques et contre-attaques

A la suite de mon mail très énervé, le Directeur ne tardera pas à me répondre... Une réponse pour le moins inattendue, mais finalement dans la lignée délirante de tout ce que j'ai déjà pu vivre avec eux.

dimanche 24 juillet 2022

Deux ans

Il est minuit douze, et mon téléphone indique qu'on est le 23 juillet. 
L'année dernière, lorsque ça faisait un an, j'étais en arrêt, j'avais explosée en plein vol, et je me souviens encore de ce mardi matin où Copine#3 m'avait appelée du boulot pour savoir comment j'allais ; j'étais allongée sur mon lit, je tremblais et je pleurais, à la fois triste et vulnérable, et rassurer à en crever de pouvoir rester enfermée chez moi.
Il me semble que j'ai mis longtemps à admettre d'où ça venait, à accepter ce stress post traumatique.
J'ai attendu, cette année. Guetté les signes d'une autre explosion. Je me suis demandée, pendant des mois, si j'allais être la folle qui peterait un plomb chaque année, le 23 juillet. Je m'imaginais déjà entendre les collègues discuter entre eux "Non mais laisse tomber, elle nous fait le coup tous les ans à la même date !". Un peu comme Frodon, qui ne se remettra jamais d'avoir porté l'anneau de pouvoir, et qui souffre chaque année à la même période.

Aujourd'hui on est le 23. 
Depuis 20 min maintenant.
Je ne suis pas arrêtée. 
J'irai travailler dans quelques heures 
Le soir, je ferai un repas avec mes amis, chez moi. Un truc sans prétention, juste le plaisir de passer du temps ensemble. Juste un petit bonheur de vie, une bonne soirée, un plaisir ordinaire, dans un jour ... qui ne l'est pas tout à fait. Mais déjà un peu plus qu'il y a un an 
Peut-être qu'un jour, le 23 juillet sera un jour normal à nouveau ? Un jour où je ne craindrais pas ce qui peut arriver à mes émotions ? Un jour où je ne me dirais même pas "Oh, on est le 23 juillet" ?

***

On est le 24 juillet, il est 1h35 du matin. David et Stéphane viennent de repartir. On a passé une excellente soirée : repas sur la terrasse, beaucoup de fou rires, mais aussi des confidences. Le plaisir de passer du temps ensemble.
Quelques heures, où j'ai totalement oublié la date.
Le reste de la journée, j'étais au travail. Une journée ordinaire, quoique intense. J'avais dormi 3h, car le bébé de mes locataires du soir avait hurlé jusqu'à 3h30 du matin - puis à 6h30. J'ai pris un petit déjeuner avec eux, ils m'ont offert des croissants, pendant que leur loulou de 18 mois me jetait du pain - et que mon chat, blasée, était partie se planquer. A midi je me suis tapée un kebab avec Pomme, puis l'après midi est passée. 
En rentrant, j'ai eu le temps de lire un chapitre de mon livre (une lecture commune que l'on fait avec quelques amies), et de tricoter 8 rangs (un projet d'un club tricot que l'on a formé avec des collègues). 
Et puis cette soirée avec mes vieux amis. 
Les discussions, tantôt légères, tantôt profondes. Quelques questions sur l'exposition de peinture, que je ferai d'ici une semaine. La date du vernissage, qu'ils notent dans leurs agendas. Des questions sur ce que je vais exposer ; leurs sourires plein de bienveillance quand je répond.
23 juillet 2022. 
730 jours plus tard.
2 ans.

Une journée presque ordinaire.

mardi 19 juillet 2022

L'Agence Matrimoniale : Magouilles en série

 Très exactement un mois après ma demande de pause, je reçois un appel du directeur de l'Agence. 
Il me laisse un message pour (je cite) : « Prendre de vos nouvelles, après ce temps où vous nous avez demandé de vous... ahah, laisser un peu tranquille ! ».
Hum, drôle de formule... Mais, en l'occurence, plutôt bien choisie.

Avant même que j'ai le temps de les rappeler, je reçois déjà un nouveau profil : "Bonne nouvelle, Capitaine Haddock vous a choisi !".
Ca y est, le marathon reprend....
Capitaine Haddock est un batelier, qui aime passer son temps libre à naviguer à bord de son bateau.
... Ai-je déjà dit que j'avais une profonde aversion pour les poissons et crustacés, dont les odeurs me rendent malade, et que je souffre de très (très) violents maux de transports ? Mer, airs, routes, trains, tout y passe. 
Je ne l'ai peut-être pas dit ici, mais ce qui est certain, c'est que l'Agence le sait. Encore un profil aussi bien choisi que Gregory, l'éleveur de bétail alors que je suis végétarienne et antispéciste.

mardi 5 juillet 2022

L'Agence Matrimoniale : Pause

 Après 5 rendez-vous plus catastrophiques les uns que les autres, j'ai fini par écrire à l'Agence pour leur dire "Pause !".
Prise dans l'avalanche de rendez-vous, je ne parvenais pas à prendre du recul, même s'il m'apparaissait de plus en plus évident que l'Agence manquait de professionnalisme. De plus, j'entrais dans ma plus grosse période professionnelle de l'année (ce mois où mes semaines font 120h et où je dors vaguement quelques heures par nuit), et j'avais besoin de récupérer mon cerveau à 100%.

Le déclencheur, ça a été un mail de l'agence, « Bonne nouvelle, vous allez rencontrer Gustave ! ».

lundi 20 juin 2022

L'agence Matrimoniale : Rendez vous avec Gregory



Grégory faisait partie de ces personnes qui m'avaient choisi, et j'avoue que la photo donnait envie. La fiche vantait un homme naturel et sincère, un amoureux de la nature et un caractère bricoleur et touche à tout.
Je m'étais dit « Bon, pourquoi pas ? »

Avec mes horaires de dingues, et mon boulot où le réseau ne passe pas, nous ne parviendrons pas à nous téléphoner, et prendrons finalement rendez-vous par texto. 
La question se pose désormais pour moi : Après un appel, au mieux je sais déceler ce qui ne va pas coller, au pire je suis épouvantée. Alors, vaut il mieux s'appeler pour prendre rendez vous, et que j'aborde le rencard avec appréhension, OU qu'on ne s'appelle pas et que j'y aille sans a-priori ni insomnies ?
La question reste posée.
D'autant plus avec Gregory, dont j'abordais la rencontre avec nettement plus de sérénité... Jusqu'à la veille du rendez-vous, où il me laissera un message sur mon répondeur pour confirmer.
...
  • Déni : 

    mécanisme de défense du moi qui consiste à nier une perception traumatisante de la réalité extérieure.
Je décide de supprimer le message et de m'efforcer d'oublier totalement ce que je viens d'entendre.

Plantons le décor : 
J'arrive (en retard et en courant) dans le désormais traditionnel café à rencards. Je jette un œil aux anonymes ici présent, et constate avec satisfaction que je ne connais personne.
Puis je repère Gregory.
Il m'attend, debout en bordure du café. Il porte un jean taché et un pull à rayures informe. Il sort de son exploitation agricole, et baigne dans son jus (si j'ose cette expression).
Ah, mais voilà pourquoi il était écrit "très naturel" sur sa fiche ! La réalité des faits derrière la poésie des mots est tout simplement exquise.

Il me dit bonjour.

Enfin... Je crois.

J'ai supposé, parce que je n'ai pas compris un traitre mot de ce qu'il disait. Et il reste planté là à me regarder avec un grand sourire niais.
Je propose qu'on s'assoit, il répond quelque chose que je ne comprend pas, pendant qu'une goutte de sueur froide me dévale le dos.
Foutrecul, ce rencard va être putain de long. 

Lorsque le serveur vient prendre notre commande, j'admire l'air neutre qu'il garde en demandant à Gregory de répéter. Je suis encore plus en admiration lorsqu'il comprends dès la deuxième fois (ou alors il lui servira un truc au pif, va savoir, de toute façon j'ai rien compris non plus).
Je demande poliment à Gregory si ça faisait longtemps qu'il m'attendait. 
Je ne comprend pas sa réponse.
Je le fais répéter.
Je ne comprend toujours pas. 
Je transpire et je le fais répéter.
Au bout de la 5e fois, j'arrive à saisir quelque chose comme "Jôtè lô à sept hôres ô pô près, çô pô grôve hein !".
Et puis il se tait, fait son grand sourire niais, et ne dit plus rien. Je me dis que c'est tout de même fascinant de voir qu'un sourire pareil fonctionne parfaitement en photo, mais qu'en vrai ça ne fait plus de tout le même effet et ne lui donne pas du tout l'air intelligent.
En panique, je lui pose toutes les questions qui me passent par la tête, pour que le silence gênant ne s'installe pas. Et cette conversation ressemble à des exercices à trous : il y avait les mots que je comprenais à 100%, ceux que je devinais tant bien que mal, et puis tous le reste, où je pouvais mettre ce que je voulais à la place.
Je lui faisais répéter tous trois fois, et on pourrait penser qu'à un moment, je m'habituerai - mais que nenni !
- Et sinon, tu as des frères et soeurs ?
- Jô dô sôres, y font *mot incompréhensible*. Lô grande prend dô sang
- (Elle prend du sang ?!) Ah, elle est infirmière !
- Nôn nôn, dans l'bureau !  
- .... Ah oui, bien sûr... [Sang dans le bureau ? Aucune idée]
- Et heu... Parles moi de ton exploitation...
- Lô forme t'veux dire ?
- Oui voilà...
Gregory me raconte qu'il exploite du bétail (ouiiiiii, l'Agence me fait rencontrer un éleveur de vache à viande, moi qui suis végétarienne et antispéciste, mais bien sûr, quelle idée extraordinaire ! Et sinon, prochaine étape, le boucher-charcutier ?). Qu'il vit avec ses parents (à 38 ans, oui), et qu'il prévoit de construire sa maison, parce qu'il a fait, avant, une formation de maçon.
- Ah, tu voudrais partir de chez tes parents alors ? (un peu de soulagement dans ma voix)
- Nôn, j'lô contruira à côté dlô maison ! Jvas pas pôrtir ! J'reste près d'pôpô, y'm'aide 'vec lô bètes.

...

Grands Dieux.

Eh bien Mademoiselle B., que dirais tu de passer ta vie dans la France profonde, avec un mari dont tu pigeras pas le moindre mot, avec beau-papa et belle-maman (que tu ne comprendras peut être pas mieux), et une tripoté de bestioles à envoyer à l'abattoir ?!

J'ai l'impression d'être là depuis des heures, je suis épuisée de me concentrer à ce point pour comprendre l'idée générale de ce qu'il dit, je suis effarée par ce que j'entends, et surtout, j'ai l'impression de vivre un rêve éveillé tellement la situation me parait surréaliste. Mais à quel moment ces cons de l'Agence ce sont dit que Gregory et moi étions fait pour nous rencontrer ?!
J'ai plus d'idées pour relancer la conversation, et surtout j'ai plus l'énergie. Je regarde discrètement ma montre - putain ça ne fait que vingt minutes que je suis là. Je suis vidée, et mon cerveau est pressé comme un citron.
 Mais c'est quoi ce rencard de l'espace ?!
Il continue de me regarder avec son air béat. 
Mon Dieu que je suis mal à l'aise.
Il dit un truc.
Je comprend pas. 
Il redit.
Toujours pas.
Au bout d'un moment, je comprends qu'il me dit qu'il est très intimidé (Ah ben le répéter quatre fois, c'est sûr que ça a dû l'aider, en plus)
Je lâche un pitoyable "Il ne faut pas, voyons !", mais en fait j'ai juste envie de me rouler en boule sous la table et ne plus en bouger jusqu'à ce qu'il parte. Je peux faire ça ? Si je me cache les yeux et les oreilles et que je chante très fort, il finira par rentrer chez lui, non ?
Mon cerveau est vide : je n'ai aucune idée de discussion à lancer, aucune idée de sujet, rien ne me vient. C'est un no man's land là dedans. 

C'est là où il me surprend : il me demande quelque chose, et la deuxième fois, je comprend même qu'il me demande ce que je cherche dans une relation.

Ah, très bonne question !

Je m'applique donc à lui expliquer trèèèèès longuement que j'attache une place très importante à la culture, aux sorties, que j'adooooore lire, voir des expos, des conférences... Que c'est pri-mor-dial pour moi de partager cela à deux, etc etc J'en fais des tonnes, espérant qu'il verra de lui même que y'a juste rien à tirer de cette rencontre.

Au vu de son sourire qui se fane, je pense que le message est passé.

Mon monologue est suivi d'un lourd silence, que, vaguement coupable, je brise pour lui demander "Et toi ?"

Son visage s'éclaire, et son sourire revient, pendant qu'un air béat l'illumine au fur et à mesure :
- J'ôme mô bètes, et m'assoir dôvant lô télè. Et l'quôad ossi. Hoho, çô j'aime bin, l'quôad !

Que faire ?
Réponse A :Je me mets à rire nerveusement.
Réponse B : J'éclate en sanglots. 
Réponse C : La PLS sous la table, c'est toujours pas possible ?

Je me lève assez brusquement, avant de m'excuser poliment : « Je reviens, je pars à la recherche des toilettes ».
En réalité je sais très bien où sont les toilettes, et Dieu merci, ils sont libres. Je m'y précipite et m'y enferme. Je fais les cent pas (ce sont de grands toilettes : vraiment très bien, ce bar), me demandant comment je vais me tirer de ce rencard à la con.
Qu'on soit clair : Gregory a l'air très gentil, et c'est certainement quelqu'un de bien. Mais... comme je le disais plus haut, sa façon de vivre, et aller m'enterrer dans une ferme, c'est juste l'opposée complet de ma vie actuelle - et mes envies ! 
Je passe un temps considérable à tourner dans les toilettes, et à me demander ce que je vais faire. J'essaie de trouver des sujets de conversation, mais mes joker habituels sont inutiles "Tu fais quoi pendant tes vacances ?" => Il n'a jamais de vacances, il s'occupe de la ferme. "Tu as fait des voyages ?" => Non, depuis tout petit il aide ses parents. Il ne va pas au ciné, ne lit pas de livres. Juste : il regarde la TV. Et moi je n'ai pas la télé et j'ai un mépris profond pour la majorité de ce qui y passe. 
Et en plus, si j'étais maîtresse de l'univers, je déciderai la peine capitale pour les amateurs de cette abomination qu'est le quad, bordel.

Au bout de dix minutes, je me dis qu'il faut quand même que je ressorte. Je pourrais demander à sortir par l'arrière, par les cuisines, et je l'envisage pendant une fraction de secondes. 
... Ou, d'accord, plusieurs longues et savoureuses secondes pleines de promesses.

« Allez, un peu de courage, tu peux bien sacrifier un peu de ton temps, par politesse ! »
Je reviens m'assoir, je le regarde et... non, je ne peux pas. C'est au delà de mes forces.
"Bon... On s'en va ?"
Ouais, je sais, c'est pas très classe.
Je paie ma conso, j'ai soudain un doute sur ce qu'il pourrait penser de ma tournure de phrase, du coup je le salue, je lui propose de lui faire la bise, et je pars presque en courant.
J'ai un peu honte, mais je ne pouvais pas faire mieux. 
Le rencard a duré 40 minutes, ma pause aux toilettes comprise.
En allant chercher ma voiture, je ne peux m'empêcher de me dire que l'agence a craqué, et que c'est définitivement l'apothéose. J'aimerai être furieuse, mais en réalité j'ai l'impression de sortir de la quatrième dimension, et j'ai très urgemment besoin de rentrer chez moi pour me mettre en PLS en pyjama pilou-pilou.

Quelques jours plus tard, je recevrai un texto de Gregory : « Qu'as tu pensé de notre rendez-vous ? »
Je prends beaucoup de temps à rédiger ma réponse. Je suis furieuse contre l'Agence, car je trouve ça cruel qu'ils proposent des rendez-vous aussi asymétriques. Je me sens odieuse d'avoir étalé mes envies d'une vie culturelle riche, face à un type qui vit de sa terre. Ai-je été humiliante sans le vouloir ? Et surtout, est-il possible de faire autrement ?? A quel moment nous faire nous rencontrer leur a semblé une bonne idée ?! C'est insultant pour nous deux, et surtout, ça remet vraiment en cause leurs prétendus "services personnalisés" (qui, rappelons le, sont facturés 2800€ !)

Avec énormément de prudence et de délicatesse, je répondrai à Gregory que je l'ai trouvé très agréable et gentil, qu'il a beaucoup à offrir, et qu'il a un très joli sourire, mais que nous cherchons des choses très différentes dans une relation.
Je découvrirai, soulagée, qu'il est complètement d'accord avec moi. Il ajoute qu'il me remercie pour mes compliments, et qu'il trouve que j'ai des yeux extraordinaires. 

On se souhaite bonne continuation, et l'épisode Gregory s'achève sereinement.

En revanche, mon ressentiment contre l'Agence vient de crever le plafond.

jeudi 9 juin 2022

L'agence Matrimoniale : Rendez-vous avec Alexandre

J'ai reçu le profil d'Alexandre alors que mon dossier n'était pas encore complet : il y a eu quelques couacs avec l'envoi postal, et surtout beaucoup de retard (c'est mignon cette façon de faire très old-school mais soyons honnête, ce n'est pas très efficace).

C'est en appelant l'Agence pour avoir des infos que je discute avec la Comptable (qui n'est pas conseillère matrimoniale. Mais qui gère un peu. Mais elle n'est pas conseillère hein. Mais elle connait les profils quasi sur le bout des doigts) (sentiment tenace de ne rien piger à leur organisation - ou de me faire rouler) :

- Et Alexandre, vous avez reçu son profil ? Il a encore appelé ce matin pour savoir si vous acceptiez de le rencontrer, il est vraiment très intéressé par votre profil !

lundi 30 mai 2022

L'agence Matrimoniale : Rendez-vous avec Éric

Troisième rendez-vous.
Parmi ceux qui étaient dans les dix sélectionnés que l'agence m'a envoyé, il y avait Éric. Pas mon premier choix (ni mon top 3), mais que je n'ai pas voulu écarter, estimant que les gens pouvaient toutefois être (légitimement) plus qu'une fiche 

Il accepte vraisemblablement mon intérêt, et se retrouve être le premier à me contacter. 
On galère à s'appeler pour caler notre premier rendez-vous, mais on parvient finalement à se joindre un vendredi matin, avant que je parte bosser.
Là, on s'aperçoit qu'on n'habite pas du tout au même endroit, et que l'agence gère en fait des profils régionalement. Concrètement : on est à 3h30 de distance.

Cette distance complexifie la prise de rendez-vous, puisqu'il faut prévoir le trajet - et là, difficile de proposer un petit rencard d'une heure... Il semble prêt à taper la route, mais je propose toutefois qu'on se retrouve à mi chemin, ce qui me paraît plus juste.

lundi 23 mai 2022

L'Agence Matrimoniale : Rendez-vous avec Daniel

J'ai rendez-vous avec Daniel un soir, au café à Rencards qui est devenu mon lieu attitré. 
Il m'a contacté par texto pour caler le rendez-vous, ce que l'agence déconseille sur sa fiche de recommandation-pour-premier-rencard. Mais pour ma part, ça me convient très très bien : je suis ultra occupée, je n'ai pas de réseau au boulot et je crains, depuis les deux appels qui ont duré des plombes, encore un type qui s'écoute parler.

lundi 16 mai 2022

L'Agence Matrimoniale : Rendez-vous avec Vincent

Vincent est l'un des deux profils qui a le plus retenu mon attention : maître de conférences, cultivé, sensible, amateur de théâtre...
Il est plus âgé que moi, et c'est ce qui m'embête le plus : il a dépassé la quarantaine. Mais au delà de ça, il semble avoir tout pour plaire, ou presque.

mardi 3 mai 2022

Agence Matrimoniale : la première sélection

Allégorie du mauvais goût
Une dizaine de jours après mon inscription, je reçois une grande enveloppe brune, contenant 10 profiles.  L'Agence s'engageait à envoyer "sous pli discret" : en effet, de l'extérieur, rien n'indique la provenance.
En revanche une fois l'enveloppe ouverte, c'est une écœurante débauche de cœurs et de nuances de roses.
Grands Dieux ! Heureusement que le mauvais goût n'est pas un délit, sinon ils prenaient perpet'.

mardi 5 avril 2022

Je teste : L'Agence matrimoniale


 Il y a quelques années, je découvrais, ébahie, que les Agences Matrimoniales existaient toujours : un article, paru dans la presse locale, présentait l'agence, et interviewait l'équipe. Ces derniers expliquaient recevoir les "déçus des sites de rencontres", ceux qui cherchent une forme de sécurité. Et des gens de tous les âges, de 18 à plus de 90 ans.
J'avais gardé ces infos dans un coin de ma tête, me disant que finalement, le principe n'est pas bête, au contraire, et que ça pourrait être une alternative intéressante - ou au pire une expérience rigolote.

lundi 7 mars 2022

La solitude des pierres (3) : Petit-Chiot-Fou ruine la journée

milk and honey / Rupi Kaur


Sans aller "bien", j'allais plutôt "mieux", même si le Covid restait bien présent, trois semaines après ma contamination  : rapidement migraineuse, le souffle court, la poitrine oppressée au moindre effort, énormément de toux et une fatigue omniprésente... mais avec l'avantage de n'avoir pas d'autre choix que de me concentrer sur mes limites, et, pour une fois, de l'assumer au travail, et de demander des aménagements.
C'est étonnant comme on avance mieux, lorsqu'on fait de soi sa propre priorité.  

mercredi 23 février 2022

La solitude des pierres (1)

milk and honey / Rupi Kaur

Je rentre d'une soirée bien arrosée. Je ne peux pas dire qu'elle était bonne - enfin, si, objectivement, elle l'était, mais je n'ai pas passé une bonne soirée pour autant. Je me suis sentie en décalage, pas la tête à ça.

Avant d'y aller, j'ai eu ma mère au téléphone. « Comment va Dandy ??? » S'est elle empressé de me demander. Elle ne l'a jamais rencontré, mais elle l'adore déjà, et voudrait que je lui présente. Je crois que l'histoire du mec qui a littéralement couru après sa fille pour l'inviter à dîner, ça a marqué des points - entre autres. 
Et c'est l'une des multiples raisons pour lesquelles j'aimerais que ça fonctionne - même si c'est l'une des plus secondaire : le fait que, bon dieu, ça commençait vraiment bien, même si c'était truffé de maladresses.
Et parce que ma mère l'adore.
Mon Dieu, j'aimerais tellement être une personne normale, avec une vie normale, qui répond aux espoirs et aux attentes familiales ! Qu'est ce qui a donc foiré avec moi ?!
Ah... Oui... Heu... C'est vrai : à peu près tout, en fait.

Je lui brosse brièvement l'ensemble, c'est à dire que c'est la merde, qu'on fait un break, qu'on ne se comprend pas, qu'on ne parviens pas à communiquer, et que c'est mal barré.
Je pense qu'elle ressent instinctivement que je suis malheureuse comme les pierres, et elle prévoit de débarquer deux jours plus tard. En attendant, on se rappellera le lendemain soir pour me remonter le moral.
Parfois, je me demande pourquoi rien n'est aussi simple que ça, et que personne n'est aussi fiable et solide que ma mère. Est ce donc si difficile à trouver, des personnes entières et sincères, disponibles pour les autres ?
J'essaie d'être au moins la moitié de la personne qu'elle est - mais dans ce monde, il me semble que ça n'apporte rien que des mauvaises rencontres. Elle en sait quelque chose, son dernier copain, seul type à qui elle a décidé de s'ouvrir après dix ans de célibat (et après avoir été maltraité), s'est avéré être un mythomane et un manipulateur, qui lui a soutiré de l'argent et s'est foutu de sa gueule.
Si ça m'a écœurée, j'ai pu toutefois réaliser que ma mère a une qualité que j'admire par dessus tout, et dont je suis dénuée :  quand tu dépasses ses limites de bienveillance, elle se transforme en un putain de mélange de Némésis et d'Erinyes, et déchaine toutes les flammes de l'enfer sans une once de pitié. 
(Ma mère, cette déesse <3)

Malheureuse comme les pierres
Mais d'où vient cette expression ?!

J'y pense, au volant de ma voiture, avec mes deux bières cassis dans l'estomac, et mes mains qui sentent la planche de fromages. 
Je ne supporte pas l'odeur de mes doigts, ni de mon haleine, ni de ma transpiration, ni du plastique de ma voiture. En ce moment, mon rapport aux odeurs est vraiment compliqué - j'ai l'impression d'être en syndrome pré-menstruel depuis un mois.

Je pense au fait que je me suis malheureuse comme les pierres - mais pourquoi les pierres, putain ?! Je passe ce petit bout de forêt pour rentrer chez moi, à peine quelques centaines de mètres. Il fait nuit noire, et je ralentis de peur de taper un renard ou un lapin. Je pense au fait qu'il n'y a pas si longtemps, quelques années à peine, ce genre d'endroit me donnait envie de flanquer ma voiture dans un arbre. Je pense au fait que je devais tenir mon volant à deux mains et me crisper pour lutter contre mes envies d'en finir. Je pense à ça, à ce que je ressentais. Au fait que je n'ai plus ce genre de pulsions, qui m'oblige à lutter de toutes mes forces. 
Je pense à ce que je ressentais - et que je ne le ressens plus.
Ca m'émerveille je crois.
Je pense à mon rapport aux émotions. Au fait que, si je reste une boule d'émotions brutes, je parviens tout de même à garder ça sous contrôle. Je n'ai plus besoin de me faire mal pour canaliser. Je continue d'être malade de solitude, dévorée d'angoisse, éperdue de tristesse. Mais pas de la même façon. Je me demande si c'est de la résignation. Ce petit "Been there, done that". Trop souvent. 
Ou si, avec un peu de chance, j'ai appris à gérer, à canaliser petit à petit. 
Je me sens malheureuse comme les pierres, je me sens comme un gros caillou gris, inerte et triste, mais je rentre chez moi et je prends soin de moi.

5 jours depuis le break avec le Joueur d'Echecs. J'aimerais qu'il m'écrive, qu'il me dise qu'il a envie de me voir, et au diable ce break à la con. Peut-être ai je envie qu'il soit quelqu'un d'autre. J'aime ses qualités - mais je ne comprends tellement pas ses limites, ses besoins. Je pense savoir qu'il vit très bien ce silence, pendant ces 7 jours où il travaillera non stop. J'aimerais être un appui, une soupape. Mais ça ne fonctionne pas comme ça. Et si je n'ai pas de place, alors à quoi je sers ? Et si je ne sers à rien, alors qui suis-je ?


13 jours après le break

Aucune nouvelle du Joueur d'Echecs. Respecte-t-il la règle du jeu, m'a-t-il oublié, ou s'en contrefiche-t-il ? Et comment va-t-on sortir de ce break, si ce n'est pas lui qui reviens vers moi ? Dois-je lui laisser cet espace ? Le privilège de décider ? Et si ça ne me convient pas, de faire passer tous ses besoins avant les miens ? Car, non, ça ne me convient pas. Ca me tourmente, et ça me met en colère, et ça me rend triste. Par ailleurs, après avoir été la "Femme à cacher" lors de ma dernière relation, comment réussir à m'équilibrer en me sentant comme la copine qui doit rester en retrait pour l'équilibre de l'autre ? 
Et surtout, bon Dieu, comment réussir à survivre en me posant autant de questions à la minute ?!

La question était pour moi de savoir si je craquerai et lui écrirai au terme des deux semaines, et/ou que je lui proposerai qu'on aille boire un verre, et/ou que j'irai au bar dans l'espoir de l'y croiser. 
Deus Ex Machina (ou à peu près) : me voilà atteinte du Covid, que j'ai attrapé pile quand j'ai commencé à me pelotonner chez moi pour lécher mes blessures.
Formidable timing, juste à la fin du break, et à la fin de mes vacances ; je suis à l'agonie (évidemment), migraines à répétition, plus de voix, nez et gorge encombrés, plus vraiment de goût. Mais, sans doute, une bonne raison pour m'isoler et prendre soin de moi. Et ensuite... Eh bien.... De toute façon, je dois m'isoler au moins 5 jours. Et ce break, qui se continuera encore malgré moi (sauf s'il m'écrit, mais je commence à perdre cet espoir), ne fera qu'alimenter un peu plus ma colère et mon sentiment de solitude. A quoi sert d'avoir un petit ami, si celui-ci ne prend pas de nouvelles, ne compatit pas à mon état de santé ?

Et pendant ce temps, Violaine accouche d'une adorable petite fille, et Copine#3 est dans les 2 dernières semaines de grossesse pour son petit garçon. Une question ne cesse de me tourmenter - mais ça fait des années : Qu'ai-je fait de/à quel point ai je raté ma vie ? 

Un coup de téléphone.

La Directrice du festival où je suis devenue modératrice l'année dernière. 
Elle me propose une nouvelle attribution - en plus du reste, bien entendu. J'admire la façon très politique dont elle amène les choses : « Comme tu es désormais modératrice... En plus tu es sur place... Pas de frais... Ta Directrice n'y verra sûrement aucun inconvénient... Ton professionnalisme... Tes connaissances de l'édition et des éditeurs.... »
C'est clairement du bullshit : je ne bosse pas avec des éditeurs, je n'ai pas de contacts, je ne suis personne... ah, si : quelqu'un qui est déjà sur place, et que, grâce à une pirouette à la légalité douteuse, on ne paiera pas, car on va faire semblant que c'est sur son temps de travail. Pas de contrat, pas d'officialisation, juste un arrangement par téléphone, et surtout aucun écrits.
Par ailleurs les tensions sont vives - on pourrait dire brûlantes- entre les deux directeurs du festival. En ce moment la stratégie est plutôt de constituer les troupes, d'un côté comme de l'autre. Je suis un pion au milieu de tout cela, et, par ma politesse, et ma gentillesse à l'égard des uns et des autres, je joue le jeu malgré moi. Un pion bien consentant...

J'accepte la proposition, bien sûr (ou malgré tout ?) : Il me reste ce vieux rêve de réussir à trouver un autre job, de me hisser à la force des bras vers d'autres horizons, plus excitants que mon quotidien devenu morne et sans surprise. Dans l'édition, peut-être, justement ?! Ou le journalisme ?? Mais au fond de moi, je sais que c'est illusoire : je n'ai ni le niveau, ni les compétences pour cela. Pire, ce milieu d'opportunistes et de requins serait sans doute la pire chose qui pourrait m'arriver. Mais je continue d'espérer, et je me dis que, peut être, une opportunité se présentera. Après tout, chaque année ce festival m'apporte des moments magiques, des rencontres exceptionnelles, et des expériences auxquelles je n'avais jamais osé rêver. Celle-ci en est encore une.
Et pourtant...
Une nouvelle corde à mon arc, mais un énième poids sur mes épaules. Encore des responsabilités, encore du temps que je vais donner gratuitement, encore de l'énergie, et sans doute des nuits blanches à tenter de tout finir dans les temps. Je n'arrive même pas à ressentir le quart de l'excitation que je pourrais ressentir face à cela. 


3 heure du matin.
 
Je ne dors pas.

Je me regarde de l'extérieur, et je me désole : j'ai accepté cette nouvelle mission par curiosité et par plaisir... Mais aussi par habitude : Celle de vouloir en faire toujours plus. 
Mais aujourd'hui j'ai l'impression de voir sous mon masque : celui qui cache mes insécurité, celui que j'ensevelis sous de multiples activités pour ne pas me sentir seule, incompétente et déprimée. Toutes ces activités pour oublier que ma vie me paraît insipide et triste, que bien souvent je me fais horreur, que j'ai le sentiment d'avoir tout raté. 
Toute cette énergie à surbooker mon agenda. Toute cette énergie à vouloir me prouver que OUIIIIIII, JE PEUX ! (Peux quoi ? Je ne sais pas moi même). Toute cette énergie pour tenter de me rassurer, ou oublier que je suis transie de peur. Éprouver de la satisfaction et de la fierté en recevant cet appel alors que je suis chez moi, en bleu de travail, à finir de poser un lambris, après avoir peint tous le dernier étage, enduit les murs, poncé, réparé et donné un coup de neuf aux poutres apparentes. Pouvoir discuter littérature avec elle, mais aussi d'actualités, et de cours de licence (alors même que j'ai un vague bac+2, obtenu avec une moyenne très peu élevée). Puis sauter dans mes chaussures à talons, pour aller acheter des outils qui me manquent dans le magasin de bricolage le plus proche. Puis changer encore de costume, en enfilant un legging de sport pour aller me défouler à la salle - ou courir avec des collègues en prévision d'un trail. 
Qui suis-je alors ? Tout ça. La femme que j'espérais être, aux multiples facettes, impossible à mettre dans une case. 
Et pourtant ..
Tout cette énergie pour essayer d'être moi même, mais avec un trou grand comme un gouffre au milieu. Et la tristesse reste. Et la fatigue s'accumule. Au final, à quoi tout cela sert-il ? 
Je me laisse exploiter au travail, je fais des heures bien au delà de ce que je devrais, pour un salaire vaguement plus élevé que le SMIC. Je me laisse exploiter dans ce festival, où je modère, je suis jury de 3 prix, je gère de plus en plus d'événements - gratuitement. Je donne des cours - cette fois, heureusement, je suis payée, même si c'est 6 mois plus tard, à la fin de l'année scolaire. Je suis bénévole dans une asso pro - encore du temps et de l'énergie que je donne gratuitement, alors même que financièrement, je suis saignée, mes comptes sont vides après ces travaux aux multiples déconvenues - ceux de trop, peut être. 
Et surtout, mon état de santé et mon moral boiteux. 
Et le Joueur d'Echecs, qui ne m'a finalement apporté que tourments et angoisses depuis le début de l'histoire, dès notre rencontre. Je crains de le haïr de me faire sentir plus seule avec lui que lorsque j'étais célibataire. Je crains de le haïr de m'avoir laissé penser que je pouvais laisser entrer quelqu'un dans ma vie. Je crains de lui en vouloir de m'avoir fait dépasser mes blocages - au final, si c'est pour m'abandonner, j'étais plus confortable à être certaine de je plus pouvoir me laisser toucher ni approcher par un homme ! Ma haine était protectrice, tout comme mon dégoût. Ils me maintenaient dans ma bulle, sans désirs, sans espoirs, sans envies, et c'était très reposant. Je risque de ne pas lui pardonner d'avoir crevé cette bulle, pour... Quoi ? Tenter sa chance ? Par curiosité ? Par égoïsme, sans songer qu'il pouvait blesser ? Un homme comme un autre... 

Et si je m'étais piégée dans une spirale infernale ?

Reste cet immense creux en moi, cette tristesse de n'avoir pas accompli la seule chose que j'espérais, que je désirais : un couple épanouie, une famille. Tout ce que je n'ai jamais eu - que je n'aurai jamais ? 

samedi 12 février 2022

Angoisses, Autisme et gros gachis (2)

Ça fait 15 jours que je pleure quotidiennement, dévorée par mes angoisses et un sentiment d'impuissance tenace. 
Je croise un ami de mon groupe de méditation qui me demande d'une voix hésitante « Tu as eu des vacances récemment ? Tu n'as pas très bonne mine... Tu arrives à méditer un peu chez toi ? ». 
Il est charitable : en réalité j'ai une tête épouvantable, et je tiens à peine debout.

Le début de ce qui s'annonce comme une grosse crise (ou peut-être même la fin) avait  débuté avec cette fois où Le Joueur d’Échecs m'avait planté au bar pour jouer aux échecs avec un type que je ne connaissais pas. 
J'attendais de lui qu'il voit le malaise dans la scène, ou peut-être mon énervement... Je n'avais pas encore compris qu'il ne pouvait percevoir ni l'un, ni l'autre.

dimanche 6 février 2022

Angoisses, Autisme et gros gachis

Après des débuts plus que chaotiques, les choses semblaient prendre une bonne tournure : je commençais à pouvoir dormir presque sereinement chez le Joueur d'Echecs, sans avoir à me briefer mentalement pendant 1h avant de dormir, nous avions parlé, et je pensais réussir à lui faire confiance - ou en prendre le chemin. 

... Et c'est au bout d'une semaine, à pleurer tout les soirs en rentrant, que j'ai compris que je me trompais.

samedi 29 janvier 2022

Moments de douceurs

 Partagée entre petit nuage, et son odeur sur mes cheveux, et terreur.
Qu'est ce qui va foirer ? A quel moment va-t-il comprendre que je ne suis pas intéressante ? Pas celle qu'il pensait ?
Après un demi weekend chez moi, qui est idyllique de mon point de vue, mais que je pollue de questionnements (il est surement déçu, etc etc), je me noie dans la crainte : C'est sur, il commence à voir que tu n'es pas intéressante, il va se détacher, il se détache déjà d'ailleurs... 
Je me hais de m'infliger ça - d'autant plus qu'à la réflexion, j'aurai tout aussi mal qu'il me quitte, qu'importe que je me sois pourri la vie ou non avant ça.

Je le rejoins au bar un mardi soir. Il a passé une journée terrible, est parti plus tôt comme une tornade pour éviter de pendre quelqu'un "pour l'exemple". Et moi j'ai juste envie de le voir. Et de boire. En bref : d'essayer de me rassurer, si possible en passant un bon moment. Ou en étant assez bourrée pour en avoir l'impression.

lundi 10 janvier 2022

Le Joueur d'Echecs : L'aveu

Je revois le Joueur d'Echecs une semaine après l'incident Dina, à son retour de congés. Nous nous rejoignons tard le soir, car après une grosse journée de travail, j'ai enchainé avec une raclette entre collègues, et un dernier verre au bar.
Ma dent (rappel de la honte : que j'ai cassée sur un wrap au chèvre) m'a valu une énième visite en urgence chez le dentiste, une infection et un abcès. Je suis donc sous antibiotiques et anti-douleurs. Je ne sais pas encore que les antibio vont tellement me secouer que je vais avoir une cystite, puis mes règles, puis une mycose, le tout en 4 jours. 
Je ne le sais donc pas encore, et d'ailleurs dans l'immédiat je m'en contrefiche : je flotte dans une béatitude indolore et confortable, car il ne m'est pas venu à l'esprit que l'alcool ne fait pas bon ménage avec mon traitement. C'est toutefois la première fois en une semaine où je ne souffre pas de ma dent, et je me sens donc très très bien.
Et je suis ravie de revoir le Joueur d'Echecs.
Et je suis bien trop bourrée pour reprendre le volant.
Nous allons donc chez lui, avec la quasi certitude, vu mon état, que, cette fois, je ne pourrais pas m'enfuir pendant la nuit. Ce qu'il me fait remarquer avec une certaine satisfaction sur son visage.

samedi 1 janvier 2022

Adieu 2021 !

Ne serait-ce pas le moment de se prêter à l'exercice du Bilan ?!

Quelle idée à la con !